Chapitre 15

Depuis le début
                                    

- Maggie ! Allez fais pas de mauvaise tête ! Je rigole !

Ils aimaient se chamailler. Elle laissa refluer le pic de colère qu'elle avait ressenti en l'écoutant distraitement la supplier à travers la porte. Il était question de dîner et de champagne. Elle retourna à sa marmite et remua son contenu avec plus d'énergie que nécessaire. Elle disposa les éléments manquants à sa décoration sur la table dressée et alluma les bougies. Elle adorait la lueur des flammes. Elle recula et admira son travail.

- Digne d'un dîner romantique, se murmura-t-elle.

Elle rouvrit la porte et Patrick bascula en arrière. Il s'était assis au pied de la porte et s'était fait surprendre. Étalé sur le carrelage de la cuisine il la fixa dans les yeux.

- C'est bon ? Tu t'es décidée sur mon sort ?

- C'est bon. Tu peux entrer.

Patrick se releva et entra dans la cuisine. Il se plaisait bien à venir ici. C'était mieux que son appartement. Il faut dire que les rares fois où il avait vu le sol, c'était les deux fois où Margaret s'était rendue chez lui. Il s'approcha de la table et déposa la bouteille.

- Jolie cette table.

- Merci. J'y ai mis tout mon coeur. Installe-toi Patou. J'apporte le dîner.

- Tu ne veux pas un coup de main ?

- Non, tu t'assoies et tu ne discute pas !

Patrick s'exécuta sans contestation. Il regarda avec attention la flamme crépitante de la bougie qui se consumait. La cire chaude goutait lentement dans la coupelle. Ce mouvement était hypnotique.

Margareth et lui se connaissaient depuis le lycée. Il était fou amoureux d'elle mais n'avait jamais osé lui avouer de peur de la perdre. Il l'avait consolé de son premier chagrin d'amour, il l'avait laissé partir loin de lui pour faire ses études. Il espérait l'oublier mais il s'était retrouvé plus perdu qu'autre chose. Puis Lorsqu'elle était revenue quelques années plus tard, il n'avait pas bougé de cette ville paumée.  Il s'était marié deux fois et avait eu deux gosses avec chacune d'elles. Mais son coeur n'appartenait qu'à une seule femme.

- À quoi tu penses Patou ?

- Hum? Oh! non à rien, éluda-t-il. Alors, il y a quoi de bon à manger ce soir?

Margareth n'était pas dupe. Elle savait que quelque chose le tracassait, mais n'insista pas.  Elle s'assit en face de lui et déposa une serviette sur ses jambes.

- En entrée, on a une salade césar suivi de spaghettis bolognaises maison. On finira par un parfait glacé vanille chocolat ! 

- Rien qu'entendre ton menu, j'en ai l eau à la bouche !

- Alors, à table!

L'ambiance du dîner était bon enfant. La pièce résonnait de leurs éclats de rire. Ils dégustèrent leur dessert devant une comédie romantique. Il avait horreur de ce genre de film mais avec le temps il avait fini par les tolérer pour Margareth. C'était peu cher payé pour profiter de sa présence et la voir se détendre.

- Franchement, ce mec est con, dit Patrick en essuyant une larme au coin de son oeil.

- Il me rappelle quelqu'un.

- Ah bon ? Qui ça ? 

Elle ne répondit pas mais son regard en disait long.

- Tu sais, j'ai rencontré quelqu'un, lança Margareth en déposant son pot de glace terminé.

- Ah ouais? badina Patrick qui sentait le noeud s'angoisse qui se nichait à nouveau dans son estomac.

- Oui. A la bibliothèque.

Dans le plus beau silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant