Chapitre 34: Un visiteur

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James soupire et se laisse tomber dans le canapé le plus proche. D'une main, il se cache le visage, tandis que son corps est secoué par des sanglots, qu'il tente de réprimer. Lisa vient s'assoir à ses côtés et pose une main sur son épaule.

— Comme je l'ai dit à Will, je ne compte pas de vous dénoncer ou quoique ce soit, tout ce que je souhaite c'est de pouvoir rentrer chez moi.

James redresse la tête et essuie son visage avec ses doigts, avant de planter son regard dans celui de Lisa.

— Et tu vas rentrer, ne t'en fais pas. Il faut qu'on ait une discussion tous les trois, mais pas ce soir. La journée a été assez éprouvante pour tout le monde, tu ferais mieux d'aller te reposer toi aussi, on en parlera demain. On répondra à toutes tes questions, je te le promets.

Lisa acquiesce, James se lève, elle en fait autant et ils regagnent l'étage, dans un silence religieux. Avant de se séparer, James se retourne vers elle, il la prend brièvement dans ses bras et lui embrasse affectueusement la tempe avant de lui murmurer :

— Je suis désolé pour tout ça, vraiment.

Il relâche son étreinte et ils se séparent, chacun prenant la direction de sa chambre.

Jour #143

Les yeux fixés au plafond, Lisa se remémore les mésaventures de la veille. Ce moment où Will a sorti le revolver repasse en boucle dans sa tête. Elle a bien cru que son heure était arrivée. Elle lance un regard sur le réveil, qui indique 6 h 33, elle se redresse et s'assied au bord du lit. Elle a à peine fermé l'œil de la nuit et le peu de temps où elle finissait par s'endormir de fatigue, son sommeil était hanté par les images de Will armé dans forêt. Ses cauchemars se terminaient tous de manière beaucoup plus dramatique. Elle serre les paupières afin de chasser ces images et se lève. Une bonne douche lui fera le plus grand bien.

Près d'une heure plus tard, Lisa entend de la vaisselle tinter en bas. Elle se dit qu'il est temps d'y aller. Hier soir, James lui a promis qu'ils auraient une discussion ce matin, elle va enfin avoir les réponses tant attendues.

En espérant qu'il tienne parole.

Elle a hâte, mais craint à la fois de connaître les motivations de ces deux personnes pour lui avoir fait cela.

Avant de quitter la pièce, elle coche le jour sur son calendrier, c'est son 143ème jour ici. Hier soir, James lui a également assuré qu'elle pourrait s'en aller.

Pourvu que ce soit aujourd'hui même.

Elle ferme les yeux et prie pour que ce jour soit le dernier passé ici et qu'elle n'ait pas à passer la barre fatidique des 150 jours.

Lisa descend et trouve James en bas, occupé à ranger de la vaisselle. Complètement absorbé par sa tâche, il ne l'entend pas arriver. Elle s'éclaircit doucement la gorge pour annoncer sa présence.

— Oh, bonjour. Comment te sens-tu ?

— Je ne sais pas trop.

— Will ne va pas tarder, assieds-toi, je vais te préparer quelque chose.

Même si elle n'a pas spécialement faim, Lisa s'exécute. James lui sert un café et une tartine, qu'elle mange difficilement.

— Tu... tu lui as déjà dit à Will... que je pars ?

Le regard fuyant, il secoue la tête avant de compléter sa réponse :

— Je suis passé le voir tout à l'heure pour lui rappeler qu'on devait se parler tous les trois, on lui dira à ce moment-là.

— Très bien.

James continue de ranger la cuisine. Lisa peut ressentir sa nervosité et se dit qu'il cherche sans doute à se tenir occupé, pour éviter de trop stresser en attendant l'arrivée de Will. Elle est elle-même très nerveuse, elle abandonne la tartine, l'estomac trop noué pour avaler une bouchée de plus.

Les pas du garçon se font entendre au premier étage, James remet le dernier verre à sa place et pli méticuleusement le torchon. Les mains tremblantes, Lisa porte la tasse à ses lèvres et finit son café. Will arrive enfin dans la cuisine.

— Bonjour.

Sa voix guillerette surprend ses deux compagnons. James se retourne, les sourcils froncés et Lisa avale de travers. Elle toussote avant de répondre.

— J'ai quelque chose pour toi, lui lance Will.

— Ah... ah oui ?

Elle craint le pire et se demande ce qu'il a bien pu inventer encore. Il s'approche d'elle et lui tend la main. Elle hésite à la saisir et lance un coup d'œil à James.

— Will, tu te souviens qu'on a des choses à dire à Lisa ce matin.

L'adolescent lève les yeux au ciel et répond, en agitant une main en l'air.

— Oui, oui, je sais. Ça ne prendra pas beaucoup de temps promis ! Tu viens ?

Il offre à nouveau sa main à Lisa, qui échange encore un regard interrogateur avec James. Ce dernier hausse les épaules et acquiesce. La jeune femme saisit la main de Will et il l'emmène en direction de la porte. Il lui tend son manteau et enfile le sien.

— On va où ?

— Tu verras, c'est une surprise.

Elle se retourne vers James, qui lui indique d'un geste, qu'il n'en sait pas plus qu'elle. Elle revêt son manteau et se laisse guider par le garçon, qui lui reprend la main. Ils sortent sous le porche, descendent les marches et Will s'arrête devant le garage.

— Attends-moi là, je reviens.

Il l'abandonne et court jusqu'au cabanon, où il entre sans refermer la porte derrière lui. Elle attend, en se demandant ce qu'il peut bien trafiquer là-dedans. Will sort enfin et dans ses mains, Lisa reconnaît son sac, celui qu'elle avait, le soir où ils l'ont enlevée. Les yeux écarquillés, elle fixe l'objet, puis Will. Le garçon qui arrivait fièrement s'immobilise et laisse tomber le sac lui aussi. Le regard figé, par-dessus l'épaule de la jeune femme.

Lisa se retourne lentement et sursaute. À quelques pas derrière elle, un homme est appuyé contre le mur du garage. Il les observe en souriant. Son cœur fait une chute libre dans sa poitrine. Elle qui espère depuis si longtemps qu'une personne passe par là, pour la libérer de ses geôliers. Cependant, alors qu'elle se demande si sa prière va être exaucée, l'homme pose la main sur sa ceinture et Lisa remarque l'arme qui y est accrochée. Elle fait un pas en arrière tout en plongeant ses yeux dans le regard menaçant de ce nouvel arrivant, qui avance dans sa direction.

— James ! Cris-t-elle.

L'inconnu s'empresse de l'attraper pour l'immobiliser. Il se tient derrière elle et elle peut sentir la pression du revolver qu'il enfonce dans son dos en murmurant :

— Shhh

Sa poitrine se serre lorsqu'elle reconnaît cette voix et surtout cette odeur qui s'infiltre dans ses narines et lui donne la nausée. L'odeur d'un parfum musqué, mélangé au tabac froid, qui fait remonter les souvenirs de ses premiers jours ici, enfermée au sous-sol.

Celle que je veuxOnde as histórias ganham vida. Descobre agora