20.2 : Gilles

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— Gilles ? Tu es là ?

Pas de réponse. Elle détectait pourtant sa présence au-dessous.

« C'est un bunker. Il ne t'entendra pas. »

Surprise par cette information, Clara s'interrogea sur les raisons qui avaient pu pousser Gilles à se terrer sous cet abri. Puis la réponse la frappa par son évidence : la machine à voyager dans le temps.

« C'est une bonne chose qu'il n'y ait plus de courant. Je détecte quelques dispositifs anti-magie qui auraient pu bloquer mes pouvoirs.

— Il peut faire ça ?

— J'en suis aussi surpris que toi. Mais c'est une bonne chose, compte tenu de ce qui se cache à l'intérieur. Il ne peut savoir quel type de personne va traverser.

— En effet...

— Gilles est d'une prudence exemplaire. »

Les dispositifs désactivés, elle frappa plus fort, veillant par sa magie à répercuter le son à l'intérieur du sous-sol.

Cinq moustiques morts plus tard, Gilles daigna entrouvrir la porte.

— Clara ?

— Ah ! cria-t-elle de douleur.

Une forte lumière, dirigée droit dans ses yeux, la fit basculer sur les fesses. Ses pupilles souffraient.

— Mais qu'est-ce que tu fiches là-dessous ?

— Ah, pardon !

Dans un petit clic, l'ampoule s'éteignit. Elle distingua une lampe-torche classique, retenue sur son oreille par un foulard qui lui ceignait le front.

Système D.

— Il va falloir que tu installes une sonnette !

Il gratta de son index le creux de sa joue.

— C'est une idée. Allez, rentre !

Il lui fit un signe du menton et disparut sous les décombres. Avec précaution, elle s'engagea dans l'escalier. Des marches de béton, rudimentaires, menaient à une large pièce dont émanait un vrombissement continu.

— Referme derrière toi. Sinon, ces saloperies de moustiques auront ma peau.

Elle pouffa de rire et tira la trappe qui, malgré son épaisseur, se referma avec souplesse sur elle. Clara n'était pas claustrophobe, mais l'idée de se retrouver enfermée ici l'angoissa subitement.

Songeons à autre chose.

Elle descendit les dernières marches sous la lumière blafarde de quelques néons à nu. Autour d'elle, d'énormes machines s'alignaient contre les murs. Au centre de la pièce, l'une d'elle, plus grosse encore et couverte d'écrans et de boutons, laissait penser qu'il s'agissait du poste de contrôle.

— Tu es drôlement équipé, pour un petit barman.

— Petit ?

Elle lui tira la langue, il éclata d'un grand rire sonore.

Installé devant l'écran de l'ordinateur central, il pianotait sur le clavier. Elle aperçut une trappe éventrée et des outils au sol juste dessous ; il travaillait probablement là à son arrivée.

— Ce que j'invente n'attire pas que des amis, tu sais ? Je devais prendre les devants. C'est Michel qui m'a aidé à le construire.

— Ça t'aurait coûté un rein, sinon...

— Certainement ! Et ça s'est enfin avéré utile : c'est sans doute le seul endroit intact du quartier.

Un grand sas attira son attention. Dans un angle de la pièce, il dévoilait un espace vide derrière sa vitre épaisse. L'engin était relié à de nombreux câbles qui disparaissaient sous une cloison métallique.

Les Fossoyeurs (L'Hybride, livre 2)Where stories live. Discover now