11.2 : la Chute

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Michèle, en la voyant, troqua le regard chaleureux qu'elle lui réservait contre une expression surprise et anxieuse. À la différence d'Éric, elle n'avait encore jamais vu sa fille charger quelqu'un de la sorte et découvrait une nouvelle facette de sa personnalité.

— Tu dois m'en dire plus sur les pouvoirs que nous partageons.

Elles se firent face un long moment, puis Michèle secoua la tête.

— Je ne les partage pas avec toi. Ma mère les avait, mais je ne l'ai jamais vue faire ce que tu fais ! Tu n'as pas hérité de ceux-là. J'ignore d'où tu...

— Si. Si, je les ai aussi.

— Vraiment ?

— Ils se sont réveillés.

Elle se tourna à demi vers Nicolas, qui les avait rejointes.

— D'après ce que j'ai compris, sans eux je ne serais peut-être plus en vie.

— Tu es une Trabajadora aussi, alors...

Clara cligna des yeux à la mention de ce nom, selon elle imprononçable, mais similaire à celui confié par l'Ange.

— C'est ce que je suis ?

— Oui.

— C'est de quelle origine ?

— Et bien... maman était espagnole. Je ne sais pas exactement si ces pouvoirs ont une origine aussi précise...

À mieux y regarder, Clara nota les cheveux et les yeux sombres qu'elle partageait avec Éric. Indéniablement, il avait hérité d'elle.

— Donc tu n'as pas de pouvoir ?

Elle haussa les épaules.

— Je n'ai pas été choisie.

Curieuse et émerveillée, elle dévisagea sa fille.

— J'ai toujours su que tu les aurais, mais je m'attendais à ce qu'ils se manifestent plus tôt.

Clara attrapa une chaise et s'y laissa tomber.

— Ils ont tendance à ne pas trop laisser de trace dans ma mémoire. Peut-être que ça s'était déjà produit avant...

— Tes yeux ont dû changer de couleur.

Elle acquiesça.

— Nicolas m'a dit qu'ils avaient viré au jaune.

Éric, qui s'était rapproché pour écouter leur conversation, poussa un cri de stupeur en même temps que sa mère.

— Alors je n'avais pas rêvé ! dit-il.

Les deux femmes se tournèrent vers lui.

— Rêvé ? demanda Clara.

— Ça t'est arrivé lorsque... lorsque...

Il observa tour à tour sa mère et sa sœur, puis se massa la nuque, gêné.

— Oublie ça.

— Quand ?

— On en reparlera plus tard, tu ne...

— Éric... !

— Tu allais dire quelque chose, maman.

Elle contempla son fils, suspicieuse, puis reprit :

— ... Simplement que le jaune est rare. Ceux de maman prenaient une teinte cuivrée. D'après ce qu'elle m'a dit, seul un membre de notre famille avait auparavant eu les yeux jaunes... mais...

Les Fossoyeurs (L'Hybride, livre 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant