4.2 : l'Inconnu

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Après avoir tourné comme un lion en cage pendant une heure de plus, incapable de se décider sur la manière dont elle devait agir ni si elle le devait, Clara se rendit au bar. Son refuge l'avait toujours aidée à se remettre les idées en place.

Sur place, et malgré l'heure, elle surprit Boris et Gilles en grande discussion, assis à deux tabourets du comptoir.

— Mais qu'est-ce que vous faites là, tous les deux ? s'exclama-t-elle. Il n'est même pas quinze heures !

Les deux hommes échangèrent un bref regard avant d'éclater de rire.

— Bonjour à toi aussi, dit Boris.

— On va bien, et toi ?

Elle planta les poings sur ses hanches.

— Ce n'est pas un hall de gare.

— On s'est croisés par hasard devant la porte... du coup, on est entrés. Ne t'en fais pas, on ne s'octroie pas des consommations gratuites, se défendit Boris.

Gilles leva une tasse de café fumant.

— Je paierai ma consommation ! dit-il.

Elle secoua la tête, amusée. Un café de plus ou de moins... après tout ce qu'il avait fait pour elle et le bar !

— Je suis entourée d'idiots.

— Et en plus on se fait insulter !

Elle les rejoignit, un sourire aux lèvres. Celui de Gilles confirmait qu'il ne cherchait qu'à la taquiner.

— Si tu veux tout savoir, on voulait juste vérifier la marque de café – Boris ne voulait pas me croire.

Le principal intéressé haussa les épaules.

— J'y peux rien si la dernière fois que j'en ai bu, il était horrible.

— Hein ? Le café est dégoûtant ? comprit-elle.

— Mais non ! dit Gilles en rigolant. Sans doute que la dernière personne qui lui en a servi une tasse n'était pas douée.

— Ouais, t'en fais pas Chloé. C'était pas ici. J'ai jamais trouvé que le café d'ici était à vomir.

Elle acquiesça.

— Tu m'as fait peur ! Et c'est Clara...

— Je ne m'y ferai jamais...

Il fourra les doigts dans sa courte chevelure, puis termina sa propre tasse.

— On en a profité pour suivre la retransmission de la conférence devant un café, expliqua Gilles. Ça doit bientôt commencer, d'ailleurs.

Ils se tournèrent vers le téléviseur, toujours installé sur un coin du bar. Pour l'instant, il n'affichait qu'une succession de spots publicitaires.

— Tu en penses quoi, toi ?

Clara les observa à tour de rôle, embarrassée. L'euphorie des retrouvailles en famille s'était envolée. Elle ne pouvait pas leur expliquer tous ses soupçons. Seul Gilles aurait compris, mais elle préférait ne pas le relancer sur ce sujet.

— Je ne sais pas trop.

Elle posa un coude sur le comptoir en marbre, toujours parfaitement lustré, et se hissa sur un tabouret voisin.

— Il ne t'inspire pas non plus, hein ?

Boris lui adressa un sourire entendu, tandis que Gilles se tournait vers l'écran. Les publicités enfin terminées, la conférence allait commencer.

Les Fossoyeurs (L'Hybride, livre 2)Where stories live. Discover now