Chapitre 12 : Entre deux camps

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Chapitre 12

Alizée glissa derrière le large magasin de Farces et Attrapes, poursuivant Ruth et Gwendolyn qui s'éloignaient en discutant à voix basse. Elle s'approcha doucement, silencieusement, comme le loup de son Patronus, et se tapit dans l'ombre d'un tas de caisses de carton contenant divers artefacts sorciers ; entre deux boîtes, elle entendit la discussion des deux jeunes filles.

- Alors, où ils sont, ces idiots ? siffla Ruth en attrapant brutalement le bras de son acolyte.

- Comment tu veux que je sache ? rétorqua Gwendolyn, se dégageant de son étreinte d'un geste et la repoussant loin d'elle. C'est toi le chef, non, Lebb ?

La jeune fille cachée derrière les caisses se demanda qui elles attendaient, tout en se faisant la réflexion que son ancienne amie semblait plus réticente à l'idée d'obéir à Ruth.

De derrière un apothicaire réputé apparurent deux autres élèves de Poudlard, tous deux vêtus d'une cape noire étoffée également de vert et d'argent ; des Serpentards. Ils dévoilèrent leurs visages ; l'un était un garçon aux traits pointus, aux pommettes hautes et aux sourcils haussés en une expression hautaine ; l'autre une fille petite, replète, avec des cheveux noués en nattes. Walters Jirk et Cassandra Levsky, les acolytes de Ruth. Cette dernière s'écria :

- Vous en avez mis, du temps !

- Kate Elias et Kenric Morys, annonça Jirk. Ils nous ont retenus. Ainsi que la petite Fantasy. On s'est occupés d'eux avec quelques sorts simples mais efficaces... Ils se sont bien défendus, j'avoue.

Alizée se crispa en imaginant Kathy, Kenric et Annie étendus au sol, en proie à un sort de Chauve-furie mêlés à d'autres. Elle vit que Gwendolyn paniquait aussi lorsque Walters évoqua Annie et regarda autour d'elle, comme si elle craignait de voir son ancienne meilleure amie en sang, sur le sol.

- Tu l'as... amochée ? demanda-t-elle prudemment.

- Qui, Kate Elias ? Bah, elle s'en sortira.

- Je voulais dire Annie. Tu ne l'as pas... blessée, au moins ?

Elle disait très exactement ce que pensait Alizée, qui ne savait pas si elle devait être furieuse à cause de son indifférence envers Kathy ou se réjouir de l'inquiétude qu'elle dévoilait à la pensée d'Annie blessée.

Ruth, elle, ne semblait pas ravie de savoir qu'elle était encore attachée à son ancienne amie.

- Dis, Mane, grinça-t-elle, tu ne serais pas l'amie de Fantasy, au moins ?

- Bien sûr que non, balbutia-t-elle.

- Tu t'inquiètes de son sort, on dirait.

- Mais non. Je me disais juste que... Euhm, Walters, Al... je veux dire Neigea. Elle n'était pas avec eux ? C'est bizarre, non ?

- En effet, approuva le jeune Serpentard, songeur, c'est étrange.

Gwendolyn avait réussi à détourner son attention d'elle et de son ancienne amitié avec Annie, et elle se détourna un peu d'eux pour lâcher un soupir. En la voyant se tourner dans sa direction, Alizée eut peur qu'elle ne la voit, mais elle se contenta de se retourner vers Ruth, qui s'écria, l'air furieux ;

- Espèce de gamins ! On a autre chose à faire que de se demander où est passée la Neigea ! Celle-là, je vais la...

- On n'était pas là pour ça ? demanda précipitamment Cassandra Levsky, qui n'avait pas parlé jusque-là. Pour prévoir ce qu'on allait lui faire ?

- Si, Cass, approuva aussitôt Gwendolyn.

Elle semblait inquiète, stressée, paniquée ; son visage se décomposait au moindre mot de ceux qui étaient à présent ses amis, et Alizée se demanda comment elle pouvait continuer à les fréquenter s'ils lui inspiraient une telle terreur.

« On dirait que Cassandra et elle sont soumises à Ruth et Walters, songea la jeune fille tapie dans les caisses. Mais pourquoi Gwendolyn reste avec eux ? Sauf si elle ne veut pas continuer à être leur amie... » C'était logique ; elle devait essayer de quitter leur bande pour en rejoindre une autre, à présent qu'elle se savait coincée dans une hiérarchie idiote... « Elle a essayé d'être amie avec Alithéa, et elle a tenté de se réconcilier avec Annie. Peut-être qu'elle n'est pas irrécupérable, finalement ? »

Puis elle repensa au complot pour l'attaquer auquel Gwendolyn participait, au sort de ligotage qu'elle avait lancé à Annie, aux menaces, à son air dégoûté et furieux lorsqu'elle avait découvert qu'elle était avec Zéphyr et à son ton hautain, et ses espoirs s'évaporèrent. Gwendolyn était perdue et elle n'y pouvait rien.

- Alors, commença Walters. Comment on fait ? Il faut se débarrasser de Neigea et de sa bande, et on a le plan, mais quand est-ce qu'on le...

Soudain, Alizée, penchée pour mieux entendre, trébucha sur l'un des cartons et un tas de frisbees dent-de-serpent se déversa sur le sol avec fracas.

- Chut ! souffla Ruth. Venez, filons d'ici !

La Gryffondor enragea d'avoir fait autant de bruit lorsqu'elle remarqua que, contrairement à Lebb, Levsky et Jirk qui avaient détalé comme des lapins poursuivis, Gwendolyn était restée immobile. Sans réfléchir, elle se redressa et pointa sa baguette sur elle, qui hurla en tâtonnante dans ses poches pour trouver la sienne.

- Stop ! s'écria Alizée en cherchant quelque chose à dire. OK, Mane, tu me dis clairement, maintenant.

- Quoi ? questionna l'autre, remise du choc, en reboutonnant sa cape défaite.

- Le piège.

- Quoi ? répéta-t-elle.

- Allez, je sais que vous complotez pour m'attaquer. Théa me l'a dit, et puis je viens d'écouter votre discussion, alors...

- Je ne sais rien du tout, balbutia Gwendolyn.

- Menteuse ! Jirk vient de dire que vous avez un plan !

- Auuu revoir !

Elle essaya de s'enfuir par une petite ruelle sombre, et Alizée, surprise, lui courut après en pointant sa baguette sur elle et en proférant des maléfices. Malheureusement, elle les para tous et finit par se glisser dans une boutique de farces et attrapes : sa poursuivante la suivit, mais il lui était impossible de l'attaquer dans ce lieu bondé, et elles le savaient toutes deux. Gwendolyn eut un sourire mauvais et lui annonça :

- Dis à Annabeth que si elle ne vous dit rien avant la fin des vacances, c'est moi qui le dirais à toute l'école.

- Bloclang, siffla Alizée, doucement, pour ne pas se faire entendre.

La langue soudain collée au palais, Gwendolyn essaya de parler, mais ne parvint qu'à proférer quelques insultes étouffées. Hors d'elle, elle se mit à courir dans tous les sens à la recherche de quelqu'un qui pourrait la libérer du maléfice. Alizée ne put s'empêcher de rire, puis elle débloqua sa langue pour courir hors de la boutique, vers Kathy et Kenric qui étaient stupéfixiés dans l'une des rues de Pré-aux-lards. Elle les libéra d'un coup de baguette, puis ils se dépêchèrent de rentrer au château pour éviter une Gwendolyn enragée.

Au Gré des Vents / 3- l'AlbeOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz