Après la libération de Karl, Alizée se retrouve au cœur des évènements dramatiques qui habitent le monde des sorciers ; Royle, qui avait possédé son cousin, est à présent pleinement lui-même et collectionne les partisans et les victoires diverses ;...
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Chapitre 22
Alizée roula dans l'herbe et sentit soudain qu'elle traversait des touffes de joncs avant de s'enfoncer avec des éclaboussures dans une mare glacée, au sens propre du terme ; si elle n'était pas tombée avec tant de force, elle n'aurait pas brisé la fine couche de glace qui recouvrait l'eau. Elle s'enfonça, pouvant à peine respirer, mais son esprit était ailleurs. Sa mère avait-elle menti ? Avait-elle vraiment rejoint Royle pour la protéger ? Et ce prétendu traître ? L'un de ses amis était-il vraiment un menteur qui informait Royle sur leurs moindres faits et gestes ? Sauf s'il s'agissait de Gwendolyn ?
- Étincelle !
- Lizzie ! Arrête !
Arrête ? Arrêter de faire quoi ? Elle battit des bras pour remonter à la surface, mais elle s'aperçut qu'elle était déjà dehors. Ses doutes s'unissaient à sa colère pour former un ouragan aveuglant autour d'elle. Elle ne voyait rien.
Soudain, elle fut traversée par un éclat de lucidité et s'écrasa au sol.
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Zéphyr s'éveilla aux côtés de Karlenir, le visage rempli de terre et de brins d'herbe boueux. Il se redressa d'un bond, et la première chose qu'il fit fut chercher Alizée du regard, mais il ne la vit pas. Aussitôt, le jeune homme commença à paniquer ; il fouilla la lande du regard.
De l'herbe jaune et couverte par de la neige mêlée à de la boue, des mares gelées dans lesquelles avaient flottés des nénuphars à présent figés par le gel, tout semblait immobile, sauf un étang au milieu duquel un trou dans la glace se recouvrait peu à peu d'une nouvelle couche de gel. Il vit une forme humaine au fond de la mare et cria le nom d'Alizée en courant vers l'eau gelée ; à peine avait-il eu le temps de lever sa baguette pour jeter un sortilège de découpe, que, déjà, en flottant dans l'air, surgissait telle une fusée Lizzie, trempée, brisant la glace en sautant hors de l'eau. Elle resta immobile en l'air, les yeux entrouverts mais aveugles, et des morceaux de terre, de joncs, de neige et de glace commencèrent à s'élever autour d'elle pour former un tourbillon bleu, blanc et jaune. Zéphyr sentit un vent glacé se lever autour de lui, et des plantes commencèrent à s'enrouler autour de ses chevilles, le retenant fermement au sol et l'attirant vers la terre ; derrière lui, Karl subissait le même sort et hurlait le surnom d'Alizée. Il se mit à hurler aussi.
- Lizzie ! Lizzie ! Arrête ! Arrête !
Elle ne semblait pas l'entendre, ou bien pas le comprendre. Zéphyr s'enfonçait jusqu'à la taille dans la neige et la terre, et malgré ses efforts, il se sentait aspiré vers les profondeurs. Le tourbillon autour d'Alizée s'était intensifié, comme un terrifiant Maelström dévastateur.
- Arrête ça ! C'est moi ! Zéphyr !
Elle sembla soudain comme traversée par une flèche et s'effondra au sol, précédée d'une pluie de gravier, de racines et de givre compactée qui l'écrasèrent sous un petit monticule. Zéphyr se sentit libéré par l'emprise de la terre et courut vers elle ; à moitié écrasée par la colline de décombres, elle le regardait d'un air suppliant.
