Chapitre 50

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Mercredi soir. 22h. J'ai décidé de me coucher relativement tôt dans l'espoir de dormir un peu plus cette nuit. Depuis ma rupture avec Tyler, je ne dors presque plus, pensant à lui tout la nuit. Ce week-end avait d'ailleurs été infernal car cela faisait officiellement une semaine que je lui avais brisée le cœur. Moi, Lindsay Orxley. J'ai gâché ma relation avec le garçon sur qui j'ai flashé depuis le début du lycée. Comment est-ce possible ? Je me remets tellement en question que c'est à peine si je me souviens de qui je suis et, plus important encore de qui j'étais. Dans mes souvenirs, cette fille était introvertie, insouciante et légèrement délurée, timide aussi. Aujourd'hui je m'apparente à un monstre sans cœur, ayant détruit le garçon qui faisait battre son cœur et la fille la plus populaire du lycée. Félicitations, tu as tout ruiner.

La culpabilité me consumait à petit feu et j'avais l'impression d'agoniser lentement mais sûrement. De plus, Ashley était de retour au lycée. Lundi, elle avait fait un come-back remarqué. Tout le monde se retournait sur son passage, certains la méprisant, d'autres l'admirant. Je l'avais croisé une seule fois, malgré mes efforts intenses pour l'éviter. Son regard fût noir. Tellement noir, qu'il me glaça le sang. Si elle avait pu me tuer immédiatement, elle l'aurait sans doute fait. Mes craintes quant au fait qu'elle me dénonce au proviseur s'étaient envolées. Je sais qu'Ashley n'est pas du genre à balancer mais plutôt à régler ses comptes en privé, ce qui ne m'arrange absolument pas. Entre l'exclusion et la vengeance façon pom-pom girl, je prendrai la première option, sans hésiter.

Je me retournais dans mon lit, toujours incapable de trouver le sommeil. Dans le noir de ma chambre, je ne pouvais m'arrêter de penser. L'intournable impression que rien ne s'arrangerait me tenaillait. Pourquoi étais-je dans un tel état ? Après tout, c'était juste une amourette de lycée, insignifiante. Bien que j'essayais de m'en convaincre, tout me prouvais le contraire. Je me rendais désormais compte de ô combien j'aimais Tyler. Nos deux mois et demi de relation, qui peuvent paraître futile pour certains, m'avais fait découvrir un garçon que je ne soupçonnais pas. Attentionnée et affectueux, Tyler était l'incarnation du petit ami parfait. Je n'aurais pu rêver mieux. Et l'amour que je lui portais témoignait de mon attachement à lui. En si peu de temps, j'avais développé des sentiments très forts à son égard.Je m'aimais bien plus fort que je ne le crus possible. Et j'avais envie de le crier partout. De lui dire, de lui rappeler, de m'excuser, de le serrer dans mes bras, de l'embrasser, d'être à ses côtés tout simplement.

Je saisis mon téléphone. La lumière de l'écran m'éblouit, m'étant habituée à l'obscurité de ma chambre. Une fois que mes yeux s'étaient accommodés avec le rayonnement de l'écran, j'ouvris Instragram. Je naviguais sur le compte de Tyler, retombant sur la photo de moi à Toronto. Ses souvenirs étaient encore trop proches, trop vifs. Le fait qu'il ne l'est pas supprimer me donna un léger espoir. J'espérais que, quelque part dans l'univers, notre étoile n'était pas totalement éteinte, qu'une infime chance de nous retrouver scintillait encore. Je fermais l'application avant d'ouvrir mes photos personnelles. Je trouvais des selfies de nous deux, amoureux et un peu idiot. Les fois aussi où je le prenais en photo à son insu, le rendant faussement irrité quand il s'en rendait compte. Un sourire se dessina sur mes lèvres à cette pensée. J'étais et je suis totalement accro à lui. Il me manque et me manquera toujours.

L'envie de lui envoyer un message me torturait l'esprit depuis le début de la semaine. Je ne pouvais pas rester sur cette conversation blessante que nous avions eu lundi sur le parking. Ses mots résonnaient encore dans ma tête. Oublie-moi car je l'ai déjà fait. Une épine traversa mon cœur. J'entendais sa voix dure et froide comme s'il me murmurait ces mots à l'oreille. Un frisson me parcouru. Je devais faire quelque chose.

Mes SMS avec Tyler m'apparurent devant les yeux. J'avais laissé le cœur rose à côté de son prénom, canard mais mignon. Je relu des bribes de conversations essayant de me dissuader de lui écrire ce soir. Bonne chance pour le match samedi. Merci Princesse. Ce surnom. Comme il me manquait.

Je me décidais enfin. Appuyant sur la partie où rédiger le message, je voulais me lancer. Rien ne vint. Que dire ? J'avais un milliard de chose à lui avouer, de mots à lui écrire. Tout s'emmêlait et je ne savais par où commencer. Un long message d'excuse sonnerait pathétique et ridicule, in n'y répondrait pas. Un simple désolée montrerait une désinvolture involontaire qu'il traduirait comme une provocation. Je n'avais rien écrit depuis des lustres et mes talents d'écrivaines fuyaient à vitesse grand V. J'avais l'air ridicule, là, dans mon lit, allongée sur le côté, mon téléphone dans mes mains, fixant un écran quasi-blanc, incapable d'écrire.

Cinq minutes passèrent sans que je ne pense à plus rien, l'esprit vide, incapable de réfléchir. Il fallait que je me ressaisisse. Je me redressais, m'assis en tailleur, prête à rédiger le message de ma vie. Je me creusais la tête pendant dix bonnes minutes. Tout me passait par la tête, du tu me manques au je t'aime en passant par le je m'en veux tellement. Sauf que rien ne convenait. La fatigue commençait à me saisir et comme par hasard, le sommeil me gagnait. Après une semaine et demi d'absence voilà qu'il faisait son retour au pire moment. Cinq nouvelles minutes passèrent tandis que je luttais contre mon corps et que je faisais carburer mon cerveau. Soudain, cela me frappa. Vingt minutes après que j'eu pris la décision d'envoyer un message à Tyler, j'avais enfin trouvé quoi écrire. Je me rallongeais dans mon lit, la tête confortablement posée sur l'oreiller.

Et si je ne peux pas t'oublier ?

J'appuyais sur la touche envoyer avant d'éteindre mon téléphone et de tomber dans les bras de Morphée, terrorisée par la suite. La balle était maintenant dans le camp de Tyler et je priais pour qu'il me fasse la passe.

Lindsay, la vie et elleDär berättelser lever. Upptäck nu