Chapitre 46

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Le ronronnement de la Porsche s'arrêta brusquement, me sortant de mes pensées. Le noir nous entourait après que Peter ait éteint les phares. Cette scène me remémora ma première fois avec Tyler dont le décor était similaire. Une larme roula sur ma joue et je m'empressais de l'essuyer. Peter descendit de la voiture et partit allumer la lumière. Il ouvrit la porte passager et je descendis à mon tour. Nous montâmes à son étage, sans croiser ses parents, pour mon plus grand soulagement. Pour la première fois, il m'invita a entrée dans sa chambre. Spacieuse, elle abritait une grande baie vitrée qui donnait sur une terrasse. Un lit King Size trônait fièrement au milieu de la pièce, devancé par un tapis rectangulaire gris. Les murs étaient crème, aérant la pièce et offrant une impression d'immensité aux visiteurs. Une porte sur le mur droit de la chambre donnait dans un dressing, bien remplit. Peter y entra tandis qu'il m'invitait à m'asseoir sur son lit. Timidement, je m'exécutais, incapable de parler, toujours choquée. Il se saisit d'un t-shirt noir sur lequel on pouvait lire « BLACK SHIRT, BLACK SHOES, BLACK SOUL » écrit en lettres blanches. Cette inscription me fit sourire car elle résumait bien mon ami.

« - Ah, enfin tu souris ! dit Peter, en venant me rejoindre, le t-shirt et un jogging gris à la main. Je lui rendis son sourire sans pour autant parler. Tient, va te changer. La douche se situe au bout du couloir. Ca va te faire du bien ! » Sur ces conseils, je me levais et me dirigeais vers la salle de bain.

Une fois sous l'eau brûlante, je me laissais aller. Des larmes coulèrent silencieusement sur mes joues. La chaleur sur ma peau ne me détendit pas et je ressorti de ma douche express encore plus frustrée qu'avant. J'étais aussi complètement vidée. Mes émotions se mélangeais et je ne t'arderais pas à devenir une épave. J'enfilais les vêtements de Peter, dont l'odeur masculine et sensuelle m'enveloppa. Son charisme et son côté bad boy en faisait craquer plus d'une, ce qui était compréhensible. Mon esprit galopa aussitôt vers Tyler. Je me rappelais de son odeur qui remplaça celle de Peter. Son rire aussi. Il me fit chaud au cœur. Avant de me remettre à pleurer, je sortis de la salle de bain et rejoignis Peter dans sa chambre. Il contemplait le paysage, debout devant sa baie vitrée. Torse nu, il avait enfilé un jogging noir qui laissait entrevoir l'élastique de son caleçon Calvin Klein. Je détournais rapidement le regard, l'impression de trompée Tyler m'envahissant.

« - Tu peux contempler, tu sais, je comprends, se vanta Peter en riant.

- Tais-toi un peu, vieux narcissique que tu es, lui répondis-je en lui lançant un oreiller.

- Tu as retrouvé l'usage de la parole, c'est merveilleux ! » me lança-t-il sur un ton enjoué et joyeux, étonnamment sincère. Je lui tirai la langue. Il me répondit par la même grimasse ce qui me fit éclater de rire. Les ondes positives qu'il dégageait étaient contagieuse.

Je me sentais déjà un peu mieux que tout à l'heure. Je m'allongeais sur son lit et il vint me rejoindre. Il me prit dans ses bras et je posais ma tête sur son torse. Je chassais rapidement le flashback qui accourait dans mon esprit, représentant Tyler et moi dans cet position, la veille de notre départ de Toronto.

« - Comment tu te sens partenaire ? me questionna mon meilleur ami, une pointe d'angoisse dans la voix.

- Ça pourrais aller mieux » avouais-je. Je me relevais délicatement afin de le regarder dans les yeux. Je ressentais désormais le besoin de me confier, de tout lâcher. Je m'appuyais sur mon coude tandis que Peter se tournait vers moi pour m'écouter.

- Tu vois, c'est très bizarre. D'un côté, je déteste Ashley. Elle m'a fait vivre un enfer et même plus. Je ne peux pas la voir en peinture, c'est plus fort que moi. Mais d'un autre, je ressens de la compassion pour elle. Je sais ce que ça fait d'être humiliée publiquement, elle me l'a fait plus d'une fois. Et savoir que j'ai fait subir ça à quelqu'un, même si c'est ma pire ennemie, ça me ronge. Je veux dire, on ne peut pas revenir en arrière, certes, mais la culpabilité est là. J'ai l'impression de m'être trahie et d'être salie. Je ne suis pas en accord avec moi-même et c'est terrible parce que je me déteste maintenant. Plus que je ne déteste Ashley ... Ma voix se brisa et je détournais la tête, afin de retenir mes larmes. Peter pris mon menton et me força à le regarder.

- Lindsay, je ne veux pas que tu croies ça. Tu es une personne incroyable, gentille et généreuse. Tu as une force que peu ont. Depuis qu'on traîne ensemble, je ne t'ai toujours pas trouvé de défauts. Je ricanais à cette remarque, une liste interminables de mes défauts, faisant irruption dans ma tête. Il reprit. Alors certes ce soir, tu as agi comme la plus grosse garce de l'univers, mais j'ai envie de te dire et alors ? Même si Ashley ne méritait peut-être pas tout ça, elle t'a fait souffrir et tu lui a rendu la monnaie de sa pièce. Avec ça, elle n'osera même pas venir te parler. » Son discours me fit chaud au cœur et je me sentais légèrement soulagé. Peter était un allié précieux et il avait toujours les mots justes.

- Et si le principal découvre que c'est nous ? Qu'est ce qu'on va faire ? le questionnais-je, anxieuse et encore paniquée.

- Déjà, tu vas commencer par te calmer, rétorqua-t-il en souriant face à mon attitude. Je lui rendis son sourire, gênée, réalisant soudain à quel point je devais être ridicule assise là dans mon t-shirt trop grand, mes cheveux mouillés et sans maquillage à paniquer comme une enfant de cinq ans qui a perdu son doudou. S'il découvre que c'est nous et bien, on avouera et on lui montrera la vidéo de toi prenant un sceau de sauce tomate. Il nous sortira que cet acte n'a pas été commis dans l'enceinte du lycée et que ce n'est pas sa responsabilité et alors on argumentera en disant qu'Ashley a lancé les hostilités et que malgré notre réaction disproportionner, on ne souhaitait que te venger. Certes, on sera puni mais cela nous évitera l'exclusion.

- Tu sais que tu ferais un excellent avocat ? le taquinais-je, souriante et étrangement apaisée.

- Je sais, je sais, » répondit-il, imbu de lui-même ce qui me fit encore rire. Son attitude orgueilleuse collait à la perfection à son personnage, renforçant son côté bad boy.

« - Allez, viens là, me dit-il en me prenant dans ses bras tout en soulevant le drap. On se repose et je te ramène chez toi, ou tu dors ici ?

- Je dors ici ? lui demandais-je de façon rhétorique, ce qui le fit glousser. Je posais ma tête sur l'oreiller tandis que Peter se retournait pour faire face à la baie vitrée.

- Bonne nuit, partenaire !

- Bonne nuit ! lançais-je avant de sombrer dans le sommeil, plus facilement que je ne l'aurais cru. Toutes mes émotions étaient retombées et mon cerveau ne semblait plus fonctionner. Le silence se fit dans ma tête et dans la chambre, annonçant une nuit étrangement reposante.


Lindsay, la vie et elleWhere stories live. Discover now