Chapitre 6

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Le soleil brillait et un léger vent venait rafraîchir l'air. Nous étions sur le chemin du lycée depuis un quart d'heure déjà. Ma mère était rentrée à cinq heures du matin. Elle n'était donc pas encore levée quand je suis partit. Mon frère, quant à lui, regardait les Kardashian sur E ! Je n'ai jamais compris son attrait pour la télé réalité. Je trouvais ça ennuyant et intrusif. Le désir d'exposer sa vie à la télévision demeurait pour moi un mystère. Cassey m'attendait en bas de chez moi et m'avait littéralement harcelée de questions. Entre l'arrivée de mon frère et ma discussion express avec Tyler, elle ne savait plus où donner de la tête. Alors que ces événements ne m'avaient pas tant chamboulée que cela, Cassey était dans un état de sur-excitement incomparable. C'était comme si elle vivait à ma place.

« - J'en reviens pas que Tyler ait fait ça. C'est tellement mignon ! Tu lui as tapé dans l'œil pas de doute ! On dirait bien que tu vas gagner ton pari ...

- Du calme Cass, rien n'est encore fait. Et vu comment je suis partie comme une voleuse, pas sûre qu'il m'adresse de nouveau la parole un jour. » Et ça ne serait pas plus mal. Même si j'étais complètement folle de lui, je ne le connaissais pas réellement. Au fond, j'avais peur d'être déçu par le vrai Tyler. S'il est à l'opposé de celui que j'imagine, la chute sera violente.

A peine arrivée au lycée, nous fûmes accueillis par toute l'équipe de pom-pom girl. Joie et allégresse ! Rien de mieux pour démarrer la journée du bon pied ! Assises sur les marches du lycée, elles étaient au grand complet. Mary, Branda, Maggie, Esther, Nicole et leur capitaine Ashley. Leur queue de cheval et leurs uniformes rouges contrastaient avec le paysage verdoyant. Qu'attendaient-t-elles ? Nous n'allions pas tarder à le savoir puisque la bande s'approchait de nous.

« Oh non, tu crois qu'on peut encore fuir ? » soupira Cassey, légèrement angoissée. Non, il était déjà trop tard. Ashley venait en effet de se poser juste devant nous suivie de ses toutous.

« - Salut les intellos. On avait une question à vous poser. » Quand je vous disais que c'était un vrai bonheur d'avoir une discussion avec elles dès le matin.

- On t'écoute, soupirais-je

- Bien. On va organiser une petite fête vendredi pour célébrer la rentrée et la nouvelle saison. Cette année nous avons décidé de s'ouvrir au monde et de s'intéresser un peu plus à votre espèce car après tout, on se doit d'être tolérantes non ? » Si tu le dis Ashley, si tu le dis. Les autres pom-pom girls se mirent à pouffer. Il n'y avait vraiment rien de drôle dans la remarque d'Ashley mais, leur cerveau s'apparentant à un pépin de raisin, on ne pouvait pas attendre plus de cette équipe.

« - Je voulais donc savoir si vous pensiez venir ? Car sans vous, la fête sera maussade nous demanda Ashley, un sourire narquois aux lèvres.

- Ce serait avec plaisir ! » s'exclama Cassey que je faillis étrangler immédiatement.

Ashley et sa bande repartirent tandis que je fusillais ma meilleure amie du regard. J'avais tout sauf envie de me rendre à une soirée débile où alcool, sexe et drogues seront de la partie. Sincèrement, ce n'est pas du tout mon monde.

« - Oh fait pas cette tête Lindsay ! Ça va être drôle ! Et ça te fera du bien de sortir. En plus, il y aura surement Tyler ... » dit Cassey, sur un ton qu'elle voulait plein d'insinuations.

« - Non je pense pas Cass, c'est pas son genre. Et s'il vient, d'une il est stupide, de deux, il sera avec ses coéquipiers débiles qui ne font que s'acharner sur moi. Et toi, depuis quand tu acceptes une invitation des boo-boo girls comme ça ? Qu'est ce qui va pas chez toi Cassey ? »

Je crois qu'il est tant que je vous explique cette histoire de boo-boo girl. A notre rentrée au lycée, il y a quatre ans, l'équipe de cheerleaders organisait une grande audition pour trouver de nouvelles recrues. Les terminales voulaient, en effet, choisir leur successeur. Digne des Hunger Games, cette audition était sur toutes les bouches et tous les coups étaient permis. Du chew-gum dans les cheveux à la bombe de peinture dans le casier qui explose en plein visage de son propriétaire, les tours les plus mesquins étaient de la partie afin d'éliminer les concurrentes trop dangereuses. Cassey et moi, sur un coup de folie et après avoir décidé que nous voulions faire partie des « populaires » du lycée (à défaut de l'avoir été au collège), avions fait l'erreur de nous inscrire pour l'audition. Fort heureusement, personne ne croyait en nous. Nous avions ainsi échappé aux méchancetés lors des premières phases de sélection. Mais, lors de l'annonce des vingt finalistes qui concourraient pour faire partie de l'équipe finale composées de sept « chanceuses », la surprise fut générale. Nous avions toutes deux étés sélectionnées. Commença alors le cauchemar. Nous avions le droit aux pires méchancetés. Tandis que je ne voulais riposter, Cassey et son tempérament de feu voulaient se lancer dans la bataille. C'est ainsi que nous nous sommes introduit par effraction chez Ashley, le soir de la Saint Valentin. A cette époque, elle sortait avec Jonathan, capitaine de l'équipe de Lacrosse, en deuxième année. Nous les avons surpris au lit. Jonathan à tout de suite sauté du lit pour se cacher laissant une Ashley à moitié nue, complétement effrayée. Cassey l'a pris en photo avant de l'envoyer à tout le lycée. D'où le surnom boo-boo girl que tout le monde lui à donner à cette période en référence à ses seins ou boobs en anglais. Depuis, nous avions gardé ce surnom pour la désigner elle ainsi que toute son équipe. Sauf que ce bad buzz a propulsé Ashley au rang d'icône. En effet, elle a su tirer part de cet incident et se faire un nom pour aujourd'hui régner en maître sur son royaume. Cependant, elle nous déteste et je la comprends. Nous avions été des vraies garces. Je crois que c'est ce jour-là qu'elle a décidé de faire de notre vie un enfer et nous donner le rôle de pestiférée de service. Cette haine mutuelle expliquait donc nos rapports glaciaux et peu nombreux. Cette invitation était donc des plus surprenantes et je m'attendais à une mauvaise blague lors de cette soirée. Je ne voulais aucunement y aller et détestait Cassey d'avoir accepté.

Sans adresser un mot à cette dernière contre qui j'étais furieuse, je partis en classe et Dieu merci, je n'avais aucun cours avec elle aujourd'hui.


Lindsay, la vie et elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant