Celle que je veux

Chapitre 10: Une surprise

– C'est... c'est quoi ? réussit-elle à articuler.

Will jette à son tour un bref regard sur le sac avant de revenir ancrer ses yeux noirs, au regard bleu de Lisa.

– Oh, ça ce n'est pas important ! Tu veux connaître ma surprise ?

D'un geste non assuré, Lisa acquiesce. Le sourire de Will s'élargit d'avantage.

– Tu te souviens de la première question que tu m'as posée ?

Actuellement dans l'incapacité de réfléchir et de prononcer le moindre mot, Lisa se contente de secouer négativement la tête.

– Tu m'avais demandé si tu sortirais d'ici un jour, tu te rappelles ?

La jeune femme hoche la tête affirmativement. Will se penche vers elle, il est si proche qu'elle peut sentir ses mèches rebelles lui caresser le front.

– Ce jour, souffle-t-il, c'est aujourd'hui !

Les yeux grands ouverts d'incompréhension, Lisa se recule brusquement afin de pouvoir mieux le regarder. Elle sent son cœur s'emballer, le temps semble se figer autour d'elle, contrastant avec les rapides coups donnés par son cœur, qui semble vouloir s'échapper de sa poitrine.

– Comment ça ? s'entend-t-elle demander.

– Il... enfin, papa a dit qu'il était temps.

Lisa n'est pas sûre de bien comprendre, les pensées se bousculent dans sa tête. Peut-elle vraiment y croire ? Will est-il en train de lui dire qu'elle va retrouver sa liberté ?

– Je... je vais vraiment sortir d'ici ? bredouille-t-elle.

Elle sonde chaque millimètre du visage du garçon en attendant sa réponse. Will, qui semble trouver sa question amusante, lève les yeux au ciel en riant.

– Mais puisque je te le dis ! s'esclaffe-t-il.

Lisa plisse les yeux, le calme revient peu à peu dans son esprit et elle commence à penser que c'est trop beau pour être vrai. Soit il a décidé de se moquer d'elle et prend un énorme plaisir à le faire, soit il y a un piège quelque part, mais dans tous les cas, elle se doute bien qu'ils ne comptent pas tout simplement la laisser rentrer chez elle.

– Et pour aller où ?

– Ah, ça c'est la surprise !

Will se penche, ramasse le sac en tissue qu'il ouvre et en sort une espèce de foulard noir que Lisa reconnait immédiatement. C'est le bandeau qu'elle avait sur les yeux durant la première semaine qu'elle a passé ici. Elle lève des yeux apeurés vers le garçon dont le sourire a disparu.

– Je vais devoir te remettre ça, dit-il la mine contrite. Mais ne t'en fais pas, tu ne le garderas pas très longtemps.

Lisa fixe l'objet que Will tripote nerveusement. Il la regarde et semble attendre qu'elle manifeste son accord.

– Tu me fais confiance, n'est-ce pas!?

La jeune femme a presque envie de rire face à cette fausse interrogation, dont la réponse qui lui semble évidente, diffère sans aucun doute de celle qui l'est pour Will. Néanmoins, après réflexion, même si tous les pores de son corps hurlent un énorme « non », Lisa choisit de répondre affirmativement.

Le sourire de nouveau aux lèvres, Will se lève,  se rapproche, puis pose lentement le foulard sur les yeux de Lisa et le noue délicatement à l'arrière de sa tête. La voilà de nouveau plongée dans le noir, abandonnée dans l'inconnu. L'angoisse des premiers jours refait surface, une sensation de totale vulnérabilité, qui lui fait réaliser à quel point elle est à la merci de ces deux individus, dont elle ignore les limites.

– Je dois y aller maintenant.

Lisa ne répond rien, elle l'écoute s'éloigner puis ouvrir la porte, et presque instantanément, de nouveaux pas plus lourds se font entendre dans la pièce.

Elle se fige lorsqu'elle sent cette présence à seulement quelques centimètres d'elle. Quand il lui attrape les poignets, la jeune femme frissonne, ses poils se hérissent et elle enlève rapidement ses mains des prises de l'inconnu d'un geste réflexe.

– Vous...

– Shhh, l'arrête-il.

Cette voix qu'elle reconnait, même après tout ces jours passés sans l'entendre, la fait toujours autant tressaillir. D'autant plus maintenant qu'elle sait qu'il contraint son propre fils à être complice de sa folie.

Elle en aurait des choses à lui dire à cet homme infâme, mais elle préfère se raviser et attendre qu'on la sorte de cette pièce.

La sortir de cette pièce, mais pour aller où ? Sa seule certitude est que si elle fait des siennes maintenant, elle ne risque pas de le savoir, et peut-être passerait-elle à côté d'une chance inouïe de se sortir d'ici. Elle se laisse donc faire lorsque l'homme lui reprend les mains et lui ligote les poignets avec des menottes bride en plastique.

Il se saisit ensuite de son pied droit. Elle entend tinter le trousseau de clés et dans un bruit métallique, Lisa sent la pression se relâcher autour de sa cheville. L'homme lui prend ensuite le bras et l'aide à se relever. Le cœur battant à cent à l'heure, elle le suit tandis qu'il la dirige à travers la pièce.