Chapitre 17 - Seconde Partie

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- Il fera très bien l'affaire... - avait-elle répondu avec un triste sourire. Elle avait baissé les yeux, la voix chevrotante – Si nous avions su, nous serions venues te rechercher. Ces gens ne méritaient pas d'être tes parents... J'ai tant de peine pour toi, John !

Cette fois, c'était le jeune homme qui lui avait pris la main qu'il avait calleuse, des mains de travailleur...

- Tu es bien placée pour savoir que nous apprenons de nos joies et surtout de nos peines... Peut-être que si je n'avais pas vécu tout cela, je n'aurais pas éprouvé cette soif de liberté qui m'a poussé à partir au décès de ma mère...

- Partir ??? Mais tu avais quel âge ???

- Tout juste quatorze ans !

- Ma parole, mais tu n'étais encore qu'un enfant !

- Je n'étais plus traité comme tel depuis bien longtemps... - avait-il soupiré - Je partis le jour même où ma mère fut enterrée. Plus rien ne me raccrochait à cette famille. Mon père s'était soulé plus que de coutume ce jour là, et je profitai de son inconscience pour lui emprunter de quoi payer mon billet de train pour New York. Je rassemblai le peu d'affaires que j'avais dans un maigre baluchon et je m'enfuis. Par chance, j'étais grand pour mon âge et je paraissais plus âgé. On ne me posa pas de questions et encore moins à New York quand je sollicitai du travail sur un bateau. J'embarquai le lendemain comme mousse sur un navire de marchandises qui faisait la liaison avec l'Afrique. Je bourlinguai ainsi pendant deux ans à transporter des sacs de café et de cacao. Et lors de mes temps libres, je dessinais ces paysages magnifiques qui s'offraient à mes yeux, ces peuples qu'on côtoyait dans les plantations. Le travail était dur mais ce fut de très belles années pour moi.

- Mais alors... Comment es-tu devenu peintre ?

- Un jour, j'en eus assez et je décidai d'aller à Paris, la capitale des artistes. J'avais un style un peu différent et je me fis rapidement remarquer par les peintres qui évoluaient à Montmartre. Contre toute attente, ils m'acceptèrent sans trop de problème au sein de leur communauté. J'appris énormément à leurs côtés. Retiens bien ces noms, Candy ! Matisse, Modigliani, Picasso. On s'arrachera leurs œuvres très bientôt !

- Je n'en reviens pas de tout ce que tu as traversé en quelques années ! C'est digne d'un roman !

- Mon histoire est bien banale comparée à celle de certains...

- Ne sois pas modeste, John. Tu peux être fier de ce que tu as accompli en si peu de temps. Tu es encore si jeune. Tu vas devenir un grand artiste à ton tour, j'en suis sûre ! J'ai vu ce que tu as réalisé avec la Maison Pony. C'est magnifique !!! Quand me montreras-tu toutes les autres choses que tu as faites?

- Tu peux passer à la galerie quand tu veux. Terry sait où elle se trouve. C'est là que nous nous sommes rencontrés il y a quelques années...

- Il ne l'a pas oublié visiblement puisqu'il a su où te retrouver, petit frère. Mais dis moi, pourquoi t'es-tu installé à Londres si tout se passait si bien à Paris ?

- En fait... J'avais rencontré quelqu'un... - avait-il dit en rougissant tout en baissant les yeux d'embarras – Quelqu'un qui avait une galerie d'art à Londres. Nous sommes tombés amoureux et je l'ai suivi ici...

- C'est merveilleux ! Comment s'appelle cette personne ? J'ai hâte de faire sa connaissance !

- Elle... Enfin, il s'appelle Humphry...

- Hum... Humphry ??? – avait-elle bredouillé en rougissant à son tour, gênée par le manque de naturel de sa réaction.

- Tu es choquée, peut-être ? Excuse-moi... - avait-il fait en risquant un regard coupable vers elle.

Lettres à JulietteWhere stories live. Discover now