Échec et mat [TERMINÉ]

Chapitre 11

« Mais il était plus simple de juger sans chercherà voir plus loin. »

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— Elle entre dans ce bar, me dit Rosa en observant une femme brune à travers la vitre de la voiture.

Je fronçai les sourcils en regardant le bâtiment aux brisques rouges. Rosa attacha ses cheveux blonds en dardant ses yeux bleus sur moi, les lèvres pincées. Une ride barra son front en un air mécontent.

— Rappelle-moi pourquoi on doit bosser en binôme ? soupira-t-elle avec agacement.

— Personne ne voulait de toi. Que veux-tu ? Ma bonté me perdra.

C'était évidemment faux. Filipp nous avait données pour mission d'espionner une femme toutes les deux, pour une raison qui m'échappait. Peut-être espérait-il qu'on parvienne à s'entendre ?
Le fait était que je devais me la coltiner, et il était difficile pour toutes les deux de prendre sur nous.

Elle grimaça avant de s'attarder à nouveau sur le bâtiment.

— On y va ? demanda-t-elle.

— Oui, affirmai-je en sortant du véhicule.

On se rapprocha du bâtiment à pas feutrés avant d'essayer de voir discrètement s'il y avait du mouvement à l'intérieur.
En vain. La pièce était plongée dans le noir.
Je lançai un regard entendu à ma coéquipière avant de pousser la porte. Le bruit de mes pas s'éleva bientôt, mêlé aux battements frénétiques de mon cœur. Mes muscles se tendirent quand je me plongeai davantage au sein des ténèbres.
Ce qui était plutôt étonnant, pour un prétendu bar...

— Melina ? Où t'es ? entendis-je.

— Rosa, ne bouge plus, lui ordonnai-je dans un murmure.

Les lumières s'allumèrent soudainement pour éclairer la pièce. Je papillonnai des cils, aveuglée, et ma gorge s'assécha en remarquant que nous étions encerclées par des personnes armées. La brune que nous avions suivie était adossée contre le bar, un sourire mauvais étirant ses lèvres maquillées.

Un homme armé empoigna Rosa et plaqua son arme contre sa tempe en lui ordonnant de ne plus bouger. Elle m'observa sans dire mot, la mine insondable, bien que la lueur inquiète brillant dans ses yeux prouvait qu'elle était angoissée par la tournure que prenait notre mission.

— Surprise ! nous dit la femme d'une voix amusée. Eh bien, mesdemoiselles, lorsque vous suivez quelqu'un dans la rue, soyez plus discrètes.

Mon sang s'enflamma avant que deux hommes ne m'empoignent. Je claquai ma langue contre mon palais en inspirant profondément pour ne pas laisser la peur prendre de l'ampleur.

— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? siffla Rosa.

— Est-ce qu'il ne serait pas plus logique que ce soit moi qui pose la question ? Je vous rappelle que c'est vous, qui m'avez suivi ! répliqua la femme.