Coffee

5. cappuccino

- C'était rien, lui répondit-il en haussant les épaules. J'ai juste pris le vent du siècle.

Taehyung se stoppa net, son T-shirt flottant légèrement dans le vent ce qui aurait donné un effet plutôt dramatique à la scène si ledit T-shirt n'avait pas été illustré par un Pikachu à l'expression enthousiaste.

- Jimin ? Park Jimin, se prendre un vent ? Le Park Jimin qui m'a fait me rendre compte que j'étais définitivement pas hétéro ?

Le concerné lui administra un coup de pied dans l'arrière du genou.

- Tu te rappelles de Min Yoongi ?

- Ton sugar daddy ? Ouais, pourquoi ? répondit Taehyung en se frottant la jambe qui avait été attaquée par son ami.

- Tu me croiras pas, mais c'était lui.

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- Min Yoongi, aurais-tu des explications à me donner ?

Le jeune homme grimaça - elle avait utilisé son nom entier, l'apocalypse était proche.

- De quoi tu p-, commença-t-il calmement, avant de se faire couper aussitôt.

- Jeune homme, tu sais très bien ce que tu as fait. Je suis au téléphone depuis près d'une heure à m'excuser à des mères vexées et tu sais très bien que les Min-

- Ne s'excusent jamais, compléta-t-il plus par habitude qu'autre chose.

Il y eut un silence à l'autre bout de la ligne, puis un soupir exaspéré comme si sa génitrice se retenait de prendre un train pour venir lui faire une prise de catch.

- Tu as raté quatre rendez-vous, j'espère bien que ton excuse est inébranlable.

Ah.

Ah oui, les rendez-vous.

Il comprit enfin pourquoi tout le mois il avait eu l'impression d'être passé à côté de quelque chose. Il avait été absorbé par la composition du morceau tous les jours, comme un imbécile.

- Haha... Oui, une excuse. Parfaitement. Je vais t'expliquer tout ça.

Un silence.

Il n'avait jamais senti ses pensées défiler aussi vite dans son esprit, à la recherche d'une explication qui pourrait être plausible; il avait été kidnappé, il s'était perdu et venait de retrouver son appartement aujourd'hui, les jeunes femmes s'étaient avérées être des dangereuses criminelles et il avait du fuir devant le danger, il avait trébuché et --

- Min Yoongi, je te préviens, reprit-t-elle avec un ton menaçant.

- J'ai déjà quelqu'un, lança-t-il sans y penser, ce qui eut au moins le mérite de faire taire sa mère immédiatement.

La première chose qui lui vint à l'esprit après ça, fut que parfois réfléchir avant de parler pouvait être une bonne idée.

- Ah oui ? finit-elle par reprendre d'une voix de velours après quelques longues secondes. Est-ce que par le plus grand des hasards je connaitrais cette personne ?

Ca m'étonnerait étant donné qu'elle n'existe pas.

- N-non. Je l'ai rencontré à la fac, il-

- Tes amis sont-ils au courant de cette merveilleuse nouvelle ? Si je les appelais maintenant, tout de suite, sauraient-ils de qui nous parlons ?

- Oui, enfin seulement les plus proches, répondit-il prudemment, mentant comme un arracheur de dents. C'était sa dignité qui était mise en jeu là, c'était pas le moment de déconner.

- Je suppose que c'est un garçon.

Son ton était froid, mais n'affecta Yoongi que légèrement, un pincement au coeur. Ils avaient déjà eu cette discussion bien des années auparavant, et après maintes et maintes rébellions de sa part, sa mère avait fini par se faire à l'idée que son fils n'épouserait pas forcément une jeune fille, bien que cela ne lui plaise pas vraiment.

- En effet.

- Et bien, je suis ravie (la manière dont elle prononça le mot « ravie » lui donna des frissons) d'apprendre ça.

Il y eut un silence durant lequel Yoongi pria à tous les dieux qui lui venaient à l'esprit, allant de Bouddha à Poséidon, que sa mère aie gobé le morceau.

- ... Les vacances d'hiver approchent, n'est-ce pas ?

Le jeune homme leva un poing triomphant en direction de son plafond. Elle l'avait cru.

- C'est bien le cas.

- Tu sais que notre réunion de famille aura lieu dans peu de temps aussi, évidemment.

- Oui-

Et merde.

- J'espère bien voir l'heureux élu quand nous nous reverrons, jeune homme. Oh ! Quelle surprise, s'écria-t-elle avec un ton si ironique qu'il rappela à Yoongi sa propre manière de s'exprimer, ton père m'appelle. Je vais te laisser. Passe le bonjour à ton petit-ami.

- On se voit bientôt. Bonne journée, marmonna-t-il avant de raccrocher et de se laisser glisser le long de son mur.

Jackpot. Il était foutu.