Épilogue

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— Coupons ! hurle Laura. Venez nous aider à lutter contre les maladies myopathiques congénitales !

Le printemps s'est bien installé en cette fin de mois d'avril, la pièce de théâtre est achevée et le groupe est en train de vendre les derniers coupons pour la représentation de ce soir. J'ai même convaincu Elijah d'en parler autour de lui afin d'avoir plus de visibilité et une grande partie des places ont été vendues tout au long des deux dernières semaines. En ce moment, les cours sont suspendus pour une semaine, les options envahissent les couloirs et je suis encore surprise par l'ampleur que ces événements prennent. Il y en a pas mal qui ont lieux : la représentation de notre pièce avec Lukas, les tournois sportifs, le « salon » du livre version fac ou encore les expériences sur des plantes en biochimie.

— Quatre dollars ! Seulement quatre dollars !

Il ne reste que deux cents coupons sur deux mille sept cents, la caisse est à nouveau pleine et je suis contente du succès que ça a. J'envisage de donner une partie au groupe pour l'investissement et pour les remercier de m'avoir permis de me battre pour mon frère, le reste ira à RYR-1 Foundation, l'association que nous soutenons.

— Ta gueule, dit Elijah en ricanant. T'es un vrai con, Joe.

Je le regarde une seconde et il hausse un sourcil, l'air de me dire « j'ai dit un gros mot, et alors ? ». Malgré son langage assez bourru, j'ai réussi à lui faire échapper au conseil disciplinaire. En revanche, il a droit à un sursis : s'il y a un seul souci avec lui, il ne fera plus partie de l'université et il est conscient que ça va lui coûter cher.

C'est grâce à cette condition qu'il se contrôle et ne se bat quasiment plus. La dernière fois remonte à deux mois, il a été à une soirée à laquelle je ne voulais pas qu'il aille et il est rentré dans un sale état, la lèvre en sang et un hématome sur l'arcade. Même si j'étais en colère, je l'ai soigné, mais je l'ai laissé dormir seul en restant sur le canapé du salon. Le lendemain, on s'est disputé et j'ai appris qu'il a croisé la route d'Adam pour être dans cet état.

— Bon, je pense que nous rangerons tout d'ici dix minutes, annoncé-je en m'approchant de Steve.

— Pas de soucis.

Nous réussissons à vendre une trentaine de coupons et nous remballons nos affaires aux alentours de 17 h. Avec l'aide de l'équipe de théâtre, nous empilons les tables dans le local destiné et je salue tout le monde quittant les lieux pour se préparer. Je prends la caisse et la range dans mon sac avant de rejoindre Elijah dans le hall.

— Fini ? m'interroge mon petit-ami.

— Oui. Il nous reste quelques coupons, mais nous avons largement dépassé l'objectif.

— OK. Tiens, j'arrive.

Je prends les clés dans sa main, me retourne, mais mon poignet est retenu par ses doigts. Il se penche rapidement pour m'embrasser et avale mon petit cri de surprise.

— Putain, moi aussi faut que je me trouve quelqu'un, grogne Joe.

Elijah le titille et je m'éloigne des garçons pour atteindre le parking sur lequel sa Chevrolet Chevelle est garée. Je dépose mon sac à mes pieds et le vois arriver quelques minutes plus tard, une cigarette à la bouche. Il s'installe au volant, met le contact et recule alors que je boucle ma ceinture. Nous discutons un peu durant le trajet et en arrivant, il sort le premier et monte les marches pour m'ouvrir la porte.

— Je vais me doucher, tu viens ? propose-t-il depuis la chambre.

— On a le temps de se doucher ?

— Sauf si t'as envie de baiser sous l'eau, ricane-t-il alors que j'entre dans la pièce où il est.

Je dévie mon regard lorsque je le vois torse nu devant son armoire, le bassin vers l'avant.

Alchimie littéraireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant