24. Ne te cache pas

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Il s'esclaffe, je lui dis que je vais chercher de quoi grignoter dans la cuisine et il me suit, les mains dans les poches.

— Tu veux manger quelque chose ?

— Non.

Je referme le placard, un gâteau dans la bouche et il se penche à ma bibliothèque. Je ne pensais pas que ça l'intéresserait de voir ce que j'avais comme bouquins. Une question me vient soudainement en tête quand je m'approche de lui.

— Tu as lu le livre que tu m'as volé ?

Il semble hésiter à me répondre lorsqu'il lève la tête et laisse sa main sur une pièce française sur l'étagère de la bibliothèque pendant que je mange mon gâteau à la framboise.

— Sept fois, m'annonce-t-il en lisant les titres.

Quoi ? Je déglutis.

— Sept... répété-je pensive. Tu n'étais pas obligé de le lire autant, je...

— Tu voulais que je le lise pour la représentation, non ?

Honnêtement, je ne pensais pas qu'il le lirait ne serait-ce qu'une fois, mais sept... Je suis très étonnée par son initiative.

— Tu sais lire le français ? dévie-t-il en tirant un livre.

— C'est la langue natale de mon père, alors oui...

Je préfèrerai presque nous chamailler pour n'importe quoi, le fait qu'il s'intéresse à moi de cette façon m'intimide. Je me tortille dans tous les sens près de lui, embarrassée.

— Détends-toi ou je vais le faire à ma manière, me souffle-t-il en touchant ma taille.

Je manque de m'étouffer en comprenant le sous-entendu et il continue son exploration, l'air de rien.

— Ça me gêne quand tu t'intéresses à quelque chose qui me plaît.

— Il va falloir que tu t'y habitues, parce que si tu n'y arrives pas, je vais devoir utiliser les grands moyens.

Il embrasse brièvement ma tempe, je m'empourpre et il retire sa main de ma taille pour reposer un livre français écrit par Marivaux, un très bon dramaturge de comique sentimental.

— Tu... restes ici ?

— D'après toi ? dit-il en trouvant un roman sur la guerre.

— Tu m'as dit que tu ne restais avec personne après 20 h.

— C'était pour la bonne cause que je faisais ça. Ce n'est pas la même chose avec toi.

— Je peux en déduire que tu restes là ?

— Tu n'arrêteras jamais de poser ce genre de questions débiles ?

Je fronce les sourcils, mais il s'en fiche complètement puisqu'il lit le synopsis du livre sur la révolution française.

— Mes questions t'emmerdent !

— Arrête ça, grogne Elijah lorsque je cogne son bras avec un gros bouquin.

— Tu m'énerves !

— Oh je t'énerve maintenant ? lance-t-il faussement surpris en rangeant le livre.

Je frappe son épaule parce qu'il se moque de moi, il passe sa main dans ses cheveux et hausse un sourcil. Il me prend le livre des mains et un sourire moqueur naît sur ses lèvres.

— Tu lis de l'érotique, toi ?

— Donne-moi ça, grincé-je en reprenant mon bien.

Je le remets à sa place et éteins la lampe halogène près de la bibliothèque. Mais ses mains soulèvent mes cuisses avant que je ne regagne le couloir ; je m'accroche à son cou et lie mes jambes dans son dos. Je l'embrasse la première, Judith ouvre la porte de sa chambre, au téléphone, et Elijah nous emmène dans ma chambre en ignorant sa présence.

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