30. Proche de toi

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J'entame mon entrée en discutant avec Lukas de son projet à faire pour valider son semestre d'arts du spectacle et je sens la main d'Elijah sur ma cuisse alors qu'il pianote sur son téléphone.

— Le projet va être long, mais je suis sûr que ça en vaut la peine et ça me plaît sincèrement. En revanche, j'aurais peut-être besoin d'un coup de main, Mimi.

— Avec plaisir.

Il pique une boulette de viande dans l'assiette de Luna et je mords dans un bout de tomate.

— Tu n'as pas faim ? demandé-je à Elijah.

Il range son téléphone, soupire en observant le campus par la fenêtre, le coude appuyé sur la bordure et je mords ma lèvre quand il se décide à me regarder dans les yeux.

— Si, si. Mange, toi.

Il presse ma cuisse, comme pour me dire de ne pas m'inquiéter, et me décoche un faible rictus.

— Et toi, tu as quoi comme cours ? enchaîne Lukas.

— J'ai terminé ma journée. Monsieur James ne peut pas assurer son cours alors je rentre juste après le déjeuner. Judith est déjà partie, rien ne lui plaisait à la cafète aujourd'hui et il me semble qu'elle travaille en début de soirée.

Je jette discrètement un regard à Elijah débutant son assiette de pâtes sans rétorquer et j'essaye de faire abstraction à son air morose. Je sais que ça n'a aucun rapport avec Lukas et je comprends rapidement qu'il m'en parlera certainement lorsque nous seront seuls. Il participe brièvement à la conversation de ce midi et mon meilleur ami n'y prête pas attention. Luna est adorable, elle a une mine si mignonne, je comprends qu'elle ait attiré l'attention de l'homme à ses côtés. Cette dernière ne voit pas l'heure passer et se rend compte que son cours commence dans cinq minutes. Ils nous quittent tous les deux et je respire un bon coup en tournant la tête vers Elijah.

— Tu es sûr que ça va ?

Il ne me répond pas, au lieu de ça, il pianote sur son portable en jurant, les sourcils froncés, et je tente de l'apaiser en touchant son bras d'une main.

— Elijah ? l'interpellé-je peureusement.

— Quoi ?

— Je... Il y a un problème ?

Il expire longuement et se décide enfin à tourner son visage vers le mien. Sa main caresse lentement la mienne sur son biceps et je mords l'intérieur de ma joue.

— C'est rien.

Il mord dans sa pomme sans rien ajouter et je croise les bras, agacée de ne pas comprendre ce qu'il a puisqu'il ne lâche rien.

— Il s'est passé quelque chose ? insisté-je fermement.

— Tu n'as pas faim ? grince-t-il.

— J'ai fini, rétorqué-je sur le même ton.

Il scrute mon plateau sans rien dire, j'attrape mon sac et l'observe, muette.

— Il a failli arriver une merde à Marisol ce matin, commence-t-il de manière inattendue. Je vais aller m'assurer qu'elle va bien.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Ce connard de Winslet l'a croisée à la sortie de l'entraînement, près du gymnase... Et cet enfoiré a sorti le grand jeu pour la reprendre. Elle n'a pas cédé, mais j'ai pété les plombs dès que je suis sorti à mon tour. Il a bouffé mon poing dans la gueule, l'entraîneur de mes deux m'a vu et je passe probablement en conseil disciplinaire, m'explique-t-il.

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