2. Doute

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— Putain, elle a quoi dans le crâne pour se planter là ? lance quelqu'un en colère.

Un peu sonnée par le choc de la balle en plein dans le front, j'arrive à prendre en compte ce qu'il se passe autour de moi, petit à petit. Je ricane bêtement et me relève des bras d'Elijah, un coéquipier d'Adam. J'ignore encore pourquoi je suis dans ses bras alors qu'Adam était juste en face de moi et aurait pu me rattraper.

— Ça va ? demande ce dernier visiblement inquiet.

Je hoche la tête en regardant le brun, lui gratifie un sourire gêné et il me fixe sans rien dire. L'équipe cesse le jeu et ils m'entourent alors qu'Adam fulmine en fusillant Elijah, le joueur numéro 16.

— Mec, je vais t'éclater la tronche... siffle Adam.

— Tu n'es pas foutu de relever ta gonzesse qui allait se vautrer. C'est pas à moi que tu vas faire peur, grogne-t-il.

Je me relève, la main sur le front et hoche la tête en fermant les yeux. Un médicament et du sommeil me feront du bien. Adam me tire par le bras et me colle à lui, comme si Elijah allait me voler à mon petit-ami. Je ne sais même pas si je devrais considérer ce dernier comme tel... Il a quand même flirté avec d'autres filles alors que je lui faisais confiance.

— Je la ramène, c'est bon, souffle Adam.

L'entraîneur divise le groupe et il lance une série d'échauffement aux membres de l'équipe, excepté Adam et Elijah. Ils sont prêts à se sauter dessus et j'aimerais éviter qu'il y ait des blessés. Même si Adam est le détenteur de mon amour, je me dois d'avouer que son ami le bat à plate couture. Elijah a un corps d'athlète, il est svelte alors qu'Adam est mince même s'il fait de la musculation.

— Winslet, tonne l'entraîneur à mon copain, si tu quittes ce gymnase avant d'avoir fait trois matchs, tu n'y remettras plus les pieds. Tu restes sur le terrain. Sandoval, raccompagne-la et assure-toi qu'elle n'a rien.

Le brun hoche la tête en frottant son menton et Adam maintient son regard noir sur lui. Je sors du gymnase en suivant Elijah après qu'il ait saisit un gilet et je lui dis que je suis apte à prendre le bus. Mais visiblement, il n'est pas de cet avis, ignore complètement mes mots et m'ordonne de grimper dans sa voiture en allumant une cigarette. Par prudence, je lui donne le nom de mon arrêt de bus, de peur qu'il sache où j'habite et me harcèle.

— Oh ! dit-il en klaxonnant, sa cigarette à la main. Connard va ! Apprends à conduire, sale enfoiré !

Je lui fais les gros yeux en l'entendant parler de cette façon. Concentré sur la route, je mords ma lèvre en le regardant minutieusement. Il a des cheveux brun foncé lui arrivant sous l'oreille, il rabat constamment ses mèches rebelles sur le haut de sa tête en fronçant les sourcils. Un front plutôt large, des yeux marrons, semblables à deux petites châtaignes, un nez romain et un sourire railleur à travers quelques poils de barbe sur une mâchoire diamant. À cela, un grand corps peu bronzé, comme son visage, musclé et assez distrayant. Je me reprends soudainement, mais je comprends trop tard qu'il m'a prise la main dans le sac vu le rictus arrogant qu'il arbore.

— T'as un problème ?

Je rougis, embarrassée qu'il relève ce détail et regarde les montagnes orangées du Colorado soudainement devenues plus intéressantes à travers la vitre.

— Non, marmonné-je.

— T'as le droit de regarder ce corps de Dieu même si t'es avec l'autre con, rajoute-t-il. Je dirais rien, promis. Ce n'est qu'un minuscule péché...

— Côtoyer un homme avec un égo aussi surdimensionné que le tien ne m'intéresse pas.

— Attention, les grands mots d'une littéraire font surface, ricane-t-il narquoisement en accélérant.

Alchimie littéraireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant