26. Rien à craindre

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J'enfouie ma tête sur son torse, ne bouge plus d'un millimètre et écoute son cœur battre plus vite. Elijah est jaloux, bon sang. Jaloux.

— Putain...

Il essaye de bouger, mais je reste contre lui, à sourire en entendant ses battements. C'est si... rare et inattendu que je veux l'écouter autant qu'il me le permettra.

— Je vais prendre l'air, tu viens ?

Je lève la tête et il cherche mon regard.

— Oui... Je vais enfiler ma gabardine.

Il se penche, poses ses lèvres sur les miennes et je rentre dans ma chambre pour prendre le nécessaire. Je mets mes bottines noires et passe les bras dans les manches de mon manteau. J'ai le cœur qui cogne lorsque que je croise le regard d'Elijah adossé au chambranle de la porte d'entrée et je passe devant lui. Nous prenons l'ascenseur et je l'entends allumer son briquet lorsque nous sortons de l'immeuble.

— Tu n'as pas de bagnole ?

Il déverrouille la sienne et ouvre la portière côté conducteur.

— Si, mais elle est en panne, je crois, et je n'ai jamais pris le temps de la faire réparer. Il y a des transports à Denver et pour aller chez mes parents... Adam venait toujours avec moi.

Je n'ose même pas imaginer ce qu'il pense à la seconde ou je lui avoue ceci. Contre toute attente, il réagit à peine, mais un petit silence persiste entre nous.

— Tu veux que je regarde ?

— Euh... Oui, si tu veux.

Il se penche sur le siège pour attraper quelque chose et je reste debout, les bras croisés, puis il se relève.

— Mon briquet était HS, se justifie le brun en claquant la portière. Je savais qu'il y en avait un qui traînait.

Je lui montre ma voiture alors qu'il allume une autre cigarette et je glisse une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Tu pourrais arrêter de fumer, un jour ?

— Je ne pense pas.

— Pourquoi ? enchaîné-je curieuse.

Ce n'est pas que j'aimerais qu'il cesse de fumer, ça reste ses poumons et je pense qu'il est suffisamment grand pour se responsabiliser, mais ça m'inquiète ne serait-ce qu'un peu. Je cherche seulement à comprendre, il y a toujours une raison, quelle qu'elle soit.

— Je garde mieux mon sang-froid. Je m'énervais direct quand j'étais gamin, il suffisait d'une remarque pour que je pète un plomb. On est tous un peu fêlé, d'une certaine façon... Mais cette connerie là, ça m'aide.

Je hoche la tête, compréhensive et contente qu'il m'ait confié ne serait-ce qu'une parcelle de son passé. J'ai pu constater qu'il avait des pulsions, mais je ne pensais pas qu'il les reconnaîtrait si facilement.

— Bon fais-moi voir. Comment ça, elle est en panne ?

— Je ne sais pas. Quand je démarre, le moteur tourne, mais elle ne démarre pas. J'ai laissé tomber.

En vérité, ma voiture me fait honte. C'est un ancien modèle, la peinture est écaillée à plusieurs endroits et le bruit que le moteur fait est pire que tout. Elle est toute sale, faute de ne pas avoir pris le temps que l'emmener chez le garagiste pour trouver la panne et d'aller la laver dans une station.

— Tu as les clés ?

— Oui.

Je sors mon trousseau de ma poche et les lui donne. Il ouvre ma voiture et s'installe au volant en ajustant le siège conducteur. C'est sûr qu'avec ses grandes jambes, ses genoux touchent certainement le volant. Il me fait signe d'approcher en laissant la portière ouverte et je reste à côté alors qu'il regarde rapidement le tableau de bord.

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