Des secrets sous la soutane

Histoire Ambiguë

Cela fait deux jours déjà que le père Aurélio ne fait pas signe de vie, Matilde est inquiète mais elle est paradoxalement tétanisée par l'idée de savoir qu'il ait fait le choix de ne plus donner suite à cette relation naissante et complexe. Elle se disait qu'elle ne survivrait pas à une nouvelle déception et donc elle préférait attendre tout près de son téléphone qu'un miracle se produise. Qu'un ange ou plutôt son ange se manifeste enfin pour lui rendre le sourire que l'angoisse lui à retiré des lèvres depuis que Aurélio avait franchi le seuil de sa porte. Vous êtes sans ignorer qu'une telle attente est le pire des supplices. Car telle une famille qui attends de savoir si leur proche a été retrouvé saint ou sauf ou mort après un crash d'avion, on est impuissant et on a plus que le téléphone et l'horloge comme préoccupation. 

Le père Aurélio lui a déjà pris sa décision et se demande juste comment le faire savoir à Matilde sans occasionner d'immenses dégâts. Il était plutôt dans la phase où on cherche la bonne formule, encore et encore. La phase où on pense à ce qu'on va pouvoir dire, où et comment pour ne pas se défiler et ne pas être un bourreau non plus. C'est ce qui explique que depuis deux jours il n'a toujours pas appelé Matilde car il veut faire les choses de la bonne manière. Mais la question qui le turlupine lui c'est la réaction de Matilde pas ce qu'elle aurait décidé. C'est pourquoi après beaucoup de réflexion il décide de l'appeler pour lui donner rendez-vous au sein du confessionnal. 

-Allo bonjour Matilde

-Bonjour Aurélio, comment va tu?

-je vais bien et toi?

-Ça ira mieux demain, enfin je l'espère

-Il faut que tu passe demain au confessionnal, on a des choses à se dire

-D'accord Aurélio mais je pense que tu devrait me mettre la puce à l'oreille

-Rien de bien grave tu peux me faire confiance 

-Ok d'accord, j'y serai demain après le travail alors

-Ok d'accord 

En raccrochant Matilde savait que rien ne prédisait que Aurélio allait épouser son idée d'une relation à toute épreuve. Une relation qui ne se souci guère de ce que la société a établi comme baromètre de normalité. Elle savait juste que Aurélio voulait discuter avec elle. Néanmoins le choix du confessionnal comme gite des retrouvailles, lui laissait présager un besoin de garde-fou pour Aurélio. Gard-fou contre elle? Contre ses envies et ses pulsions? Elle n'en savait rien et le lendemain allait se charger de lever le voile sur cette incertitude qui la faisait souffrir depuis plusieurs jours. Elle était consciente que le temps est irréversible et que tôt ou tard elle aurait à se soumettre à cet exercice fort déplaisant. Même si elle aurait voulu qu'elle soit seule à pouvoir décider de l'avenir de cette liaison aux allures de mariage blanc.

-Père Aurélio, qu'y a t'il? 

-Rien du tout soeur Anasthasie, je suis juste un peu fatigué et surmené je pense

-Père Aurélio cela va faire 8 années que je vous connais, c'est assez pour savoir à quel moment il y a quelque chose qui vous tracasse.

-C'est vrai sœur Anasthasie mais rassurez vous, rien ne me tracasse. Et même si c'était vrai je serai sûrement en retraite pour chercher la face de Dieu plutôt que de déambuler dans les couloirs de la paroisse. 

-C'est vrai mais très respectueusement je me permet de vous proposer mon oreille attentive au cas où vous auriez besoin d'en parler.

-Merci ma sœur mais ce n'est point utile pour le moment. 

-Si vous le dites mon père 

-Encore merci

La sœur Anasthasie venait là de secouer la conscience du père Aurélio et de semer à nouveau le doute en lui à propos de la suite des événements. Il commençait à se demander si d'autres personnes dans la paroisse, à part la sœur Anasthasie, avaient remarqué cet étrange oscillement d'humeurs et de comportements. De même, il se demandait si des ragots n'étaient pas déjà colportées par des personnes malveillantes et si la sœur Anasthasie n'était pas la partie visible de l'iceberg. Mais une chose était certaine, il se devait de redevenir le père Aurélio que tout le monde connait au risque de mettre sa jeune carrière de prêtre en péril. Et cela de la plus rapide des manières.