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« Abla laisse-moi m'habiller ! Je suis une grande fille maintenant ! » Hazal montra un petit sourire, avant de refermer la porte.

Sa petite sœur semblait assez silencieuse et pensive depuis le départ de leur mère. Malgré son jeune âge, la fillette montrait une grande maturité en évitant de lancer une discussion agitée sur la situation...

Hazal descendit les escaliers et aperçut son père assis sur la terrasse.

« Qu'est-ce que tu fais ? Dit-elle en s'installant à coté de lui.

- Je lis mes mails. M. Nefes garda ses yeux sur son iPhone.

Vraisemblablement, il essayait de camoufler son irritation, mais Hazal le détecta.

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Il la regarda soudainement.

- On en parlera plus tard...

- S'il te plait papa... Coupa-t-elle en appuyant son regard.

- C'était à propos du divorce. Voyant que sa fille n'était pas satisfaite de cette courte réponse, il continua en soupirant.

Ta mère veut prendre la garde de Melisa. Comme prise d'une décharge électrique, Hazal se raidit brusquement. Elle veut la mettre dans une école privée en ville, et pense que ce sera mieux qu'elle grandisse en Turquie...

- Qu'est-ce que tu lui as dit ? L'inquiétude était claire dans sa voix. La jeune fille ne souhaitait en aucun cas être séparée de sa petite sœur. Rien que d'y penser lui infligeait une douleur profonde.

- Non, bien sûr ! Il n'est pas question que je lui laisse Melisa. Ni aucun de vous trois d'ailleurs. Hazal se sentit soulagée. Et de toute façon, je ne crois pas qu'elle veuille réellement avoir un enfant à sa charge. Pourquoi se soucie-t-elle de vous maintenant, alors qu'elle vous abandonné pendant 7 mois ? Et d'ailleurs elle n'a répondu à aucune de mes questions sur ses raisons de départ... Mais je crois savoir ce qu'elle mijote...

- Ah oui ? Quoi ? Hazal tourna sa tête vers la piscine, par peur que son père remarque quoi que ce soit dans son regard.

S'il savait qu'elle détenait quelques vérités à ce sujet, ce serait vraiment horrible de devoir lui dévoiler... Si son père apprenait que sa femme le trompait secrètement, elle n'imaginait même pas sa réaction...

- Je préfère garder mes suspicions pour moi. Elle est et restera toujours votre mère, alors je n'avancerai rien de compromettant à son égard. » Hazal garda le silence.

Après tout, peut être que son père avait compris la vérité par lui même...

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« Hazzy ! Hier soir tu avais dit "demain", et aujourd'hui on est "demain" !

- Je suis fatiguée Doniya... On s'est couché très tard, j'ai vraiment besoin d'une petite sieste...

- Bon d'accord ! La Pakistanaise soupira. Mais si tu changes d'avis, je serais là, en train de bronzer ! » Elle arracha un faible sourire à la Turque, qui monta ensuite dans leur chambre.

En vérité, Doniya aurait aimé remonter le moral de son amie, qui semblait perturbée depuis sa rencontre avec sa mère. Mais à chaque fois qu'elle avait essayé de lui parler de ce sujet, Hazal s'était renfermée sur elle même. Alors elle savait aussi que ça ne servirait à rien d'insister, à part la rendre encore plus male à l'aise.

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L'air frais de la climatisation dissipait progressivement la chaleur de la pièce. Une fois vêtue de ses pyjamas, Hazal s'allongea sur le lit.

Tout en observant le ventilateur immobile du plafond, ses pensées s'enchainaient bruyamment. Malgré ses tentatives, elle ne parvenait pas à calmer son esprit turbulent.

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Les mains derrière la tête, envahi par ses réflexions, Zayn scrutait le plafond.

Le sommeil était sur le point de le prendre, quand il entendit un faible sanglot. Le son provenait de derrière le mur.

La chambre des filles...

Hazal...

Une vive douleur piqua son cœur, comme à chaque fois qu'il savait sa belle triste.

Dans un élan d'impulsivité, il se releva du lit. Mais la réalité reprit le dessus... Il ne devait pas intervenir. Elle voulait qu'il garde ses distances...

Essayant de faire taire ses pensées, il s'allongea avec une tristesse agrandie.

Un deuxième sanglot lui fit changer d'avis.

Tant pis pour la consigne ! Et de toute façon la maison était vide, et Doniya ne s'éloignerait surement pas de la piscine...

Devant la porte, une dernière hésitation le fit attendre. Puis il tourna la poignée silencieusement et passa sa tête par l'ouverture.

Allongée sur son coté droit, Hazal semblait fixer un point flou sur le mur d'en face. Zayn s'avança lentement devant sa vue, et remarqua immédiatement les traces des larmes écoulées de ses joues jusqu'à son cou.

« Il faut frapper avant d'entrer dans une chambre. Lâcha-t-elle d'une voix éteinte sans le regarder.

- Désolé. Je... Je peux t'aider ? Il se rapprocha doucement du lit, elle leva ses yeux rougis vers lui.

- J'ai besoin de rester seule un moment. Elle essuya du dos de sa main, une larme qui venait de lui échapper.

- Hazal, laisse-moi t'aider... Il s'assit sur le bord du lit et après une hésitation manifeste, il tendit sa main vers son visage.

- Non. Il retira sa main avant de la toucher. Sors s'il te plait. Ses yeux humides étaient sur le point de déborder à nouveau. Zayn venait de prendre sa décision.

- Je ne sortirais pas avant que tu sois apaisée. Au grand étonnement de Hazal, le jeune homme s'allongea soudain en face d'elle.

- Mais qu'est-ce qui te prend ? Elle allait se relever mais il la retint par la taille et la ramena devant lui.

- Arrête de protester pour une fois. » Quand il resserra la pression sur sa taille pour éviter qu'elle ne s'échappe, Hazal sentit une décharge traverser son corps, faisant monter une chaleur insoupçonnée en elle.

Zayn sourit intérieurement lorsqu'elle céda en reprenant place devant lui. Il se mit à caresser tendrement ses longs cheveux noirs. Lorsqu'elle se rapprocha de lui pour appuyer sa tête contre son torse, il fut d'abord surpris, puis il posa sa propre tête contre la sienne en entendant les pleurs qui refaisaient surface.

Les sourcils froncés d'inquiétude, il écoutait la respiration rapide et saccadée de Hazal se calmer progressivement. Le temps s'écoulait, et ils restaient dans cette position. Zayn se concentra sur les faibles sons provenant de la climatisation en attendant que Hazal s'extirpe de ses bras. Mais l'instant se prolongeant, il recula légèrement sa tête pour apercevoir le visage endormi de sa belle.

Elle paraissait enfin apaisée... Pour éviter de se lancer dans une contemplation qui torturerait son cœur, il ramena de nouveau sa tête contre la sienne.

Fatigué, il s'endormit également, en humant le doux parfum provenant de ses cheveux.

Lost in the pastWhere stories live. Discover now