Ch. 3 : Numéro d'urgence

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- T/P ?

- Hum ?

- On sort ce soir, m'informe-t-elle. Tu nous suis ?

- Je sais pas ... j'aimerai faire un tour à la salle de sport, répondis-je occupée à ranger mon coin de la chambre.

- T'es pénible, geint-elle. Pour une fois qu'on a une permission. Ça fait des semaines qu'on est enfermée entre ces murs ...

- OK ! Je vous rejoindrai, l'avertis-je en m'emparant de mon sac pour descendre me défouler.

Comme la plupart du temps en soirée, la salle est déserte. Je bande mes mains et enfile les gants de boxe. Je tourne autour du sac pour m'échauffer, je lance un premier coup puis un second. En pas chassés, je poursuis la manœuvre, j'enchaîne pieds, genoux, poings. L'effet de l'adrénaline s'installe et mes gestes sont plus fluides. Mes enchaînements sont plus rapides, plus vifs mais je m'essouffle aussi très vite. Je fais une pause, dé-scratch un gant pour attraper ma bouteille et m'hydrater. J'essuie la sueur qui perle sur mon front à l'aide de ma serviette quand le bruit d'une porte qui se referme me fait sursauter.

- Joli jeu de jambes, me lance de l'entrée Jeon Jungkook vêtu d'une tenu de sport.

- Merci capitaine.

- Ça fait déjà quinze jours que je suis ici et c'est la première fois que je mets les pieds dans cette salle, sourit-il.

- Vous venez visiter les lieux ? le taquinais-je.

Ma réplique l'amuse.

- Je suis ici pour transpirer un peu, avoue-t-il.

Je repose ma bouteille et m'apprête à poursuivre mon entraînement.

- Vous permettez ? dit-il en indiquant mon gant.

J'acquiesce et le capitaine m'aide à l'enfiler. Je me repositionne devant le sac. Il le contourne pour le maintenir et me faciliter la tâche.

- Allez y ! m'intime-t-il de frapper.

Je reprends les enchaînements mais je retiens mes coups. Pour quelle raison ? Je n'en sais rien ...

- Attendez ...

Il s'éloigne pour revenir avec une paire de gants de frappe qu'il enfile à son tour. Il me fait signe de le suivre sur le ring. En position de garde, je lui fait face. Mes yeux s'ancrent aux siens, un simple geste de la tête de sa part et j'envoie un crochet, un second, je lève la jambe à hauteur de sa hanche, je poursuis avec un genoux puis un coup droit et un second. Je me sens à nouveau à l'aise. Le capitaine conseille ma posture, dicte les coups, il impose une autorité sur le carré que je ne tolère que de lui. J'assène une dernière droite et lève les mains en signe de résilience. J'abandonne, trop exténuée de m'être défoulée.

- Vous vous débrouillez bien, me complimente-t-il.

- Et vous vous êtes un ancien boxeur, n'est-ce pas ?

- J'avoue, rit-il en m'accompagnant sur le banc.

Je lui tends ma bouteille qu'il prend volontiers avant de me la rendre.

- Vous avez toujours souhaité intégrer l'armée, me questionne-t-il.

- Je crois oui, songeais-je.

- Vous êtes différentes de vos collègues. Certaines ne sont ici que pour une carrière de complaisance. La plupart d'entre elles finiront derrière un bureau ... tandis que vous ...

- Moi ? l'incitais-je à poursuivre trop curieuse d'entendre la suite de sa réflexion.

- Vous avez quelque chose d'ancré dans l'âme. Une conviction, une espèce de Graal à poursuivre, une quête à mener, récite-t-il l'esprit occupé.

Soldat JKWhere stories live. Discover now