Ch. 1 : Souvenirs douloureux

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10 ans plus tôt dans la jungle cubaine ...

Je sors de la maison, le soleil au zénith m'éblouie, je positionne ma main en visière pour les apercevoir près de la piscine. Mon verre de citronnade à la main, je m'approche des deux femmes, l'une se prélasse dans un transat alors que l'autre est abritée du soleil sous un grand parasol. Je rejoins la seconde, trop occupée pour me vautrer dans les coussins moelleux.

- Tu veux bien lâcher ce bouquin ! m'invective ma mère.

- Non ... répondis-je absorbée par ma lecture.

- Une jeune fille de ton âge devrais profiter de la vie ! Tu passes ton temps le nez dans tes manuels, se plaint-elle.

- Tu préférais que je me fasse dorer la pilule au soleil comme toi ? répliquais-je un brin sarcastique.

- T/P ! me dispute la femme du général. Veux-tu bien t'adresser à ta mère sur un autre ton.

- Désolé grand-mère, m'excusais-je. Mais je dois avoir terminé la lecture de ce manuel avant que le général revienne de sa mission.

- Ton grand-père aimerait aussi que tu profites de ta jeunesse, se radoucie-t-elle.

- Je dois me préparer à rentrer dans les rangs ...

- Tu as encore trois ans pour ça ! m'interrompt ma mère.

Cette femme aux traits sublimes, me toise un sourire éblouissant dessiné sur ses lèvres pulpeuses. Ses cheveux blonds étalés sur ses épaules, ses grands yeux bleu-gris et cette silhouette élancée, je ne peux m'empêcher de la trouver trop belle ... trop jolie pour un endroit comme celui-là. Une ancienne réserve réhabilitée pour des militaires au milieu de la forêt hostile, elle n'a pas sa place ici. Cette épouse de lieutenant m'avait donné naissance quelques jours après le décès de mon père. Un accident stupide qui lui avait coûté la vie et avait brisé la sienne. Elle était retournée auprès de mes grands-parents pour soulager son cœur et apaiser sa peine mais ne les avait plus jamais quittée. Depuis ma plus tendre enfance, je voyageais au grès des déploiements de l'armée de notre pays. Depuis déjà deux mois nous avions élu domicile dans la jungle cubaine, le général et ses troupes avaient été appelées en renfort pour prêter main forte aux autorités. Les trafiquants gangrènent Cuba depuis trop longtemps et le nouveau gouvernement avait décidé de faire appelle à leurs alliés pour les soutenir dans la traque des cartels.

- Tu ferais bien d'étudier pour rentrer au pays et t'ouvrir sur une carrière qui te corresponde mieux, poursuit-elle.

- On dit des hommes qu'ils sont misogynes mais comment appelle-t-on une femme qui rétrograde la vie d'une congénère à la cuisine, le ménage et la bronzette ?

- Pardonnes-moi d'être plus clairvoyante qu'une adolescente ! s'agace-t-elle.

- Il est vrai que tu as mené tes ambitions bien au-delà des exigences ! la provoquais-je.

- Ça suffit, tape du poings sur la table ma grand-mère. Vous êtes deux idiotes si vous estimez avoir raison l'une et l'autre ! Toi jeune fille ... tu va devoir apprendre à respecter la hiérarchie si tu veux intégrer l'armée. Et ta supérieure ici c'est ta mère ! Quant à toi, dit-elle en s'adressant à sa fille, tu dois faire l'effort d'accepter que ta petite T/P grandit et que ses choix de carrière ne regarde qu'elle !

La matriarche avait cette facilité à nous mettre toujours d'accord même si nous refusions de l'admettre. Nos conflits perduraient depuis que j'étais en âge de m'affirmer et le général y trouvait un trait de caractère essentiel pour survivre dans ce monde.

- T/P fera ce qu'elle voudra, souffle-t-elle. Mais tu ne peux pas m'en vouloir de me soucier de son bien être.

- Evidemment ! Sinon quelle mère serais-tu ? répond-elle tendrement à l'adresse de la belle blonde.

Soldat JKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant