ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & White

Chapitre 45 : Respiration

B L A K E

— Je n'aurais jamais pensé te voir assis sur ce fauteuil un jour, Blake.

J'ai jeté mon mégot dans le cendrier sur la table devant moi, et dressé la tête. J'ai fixé l'être ayant l'esprit le plus dégueulasse et sale que j'ai pu rencontrer dans ma vie. Gunnar est un suédois atteignant presque la quarantaine, qui s'est installé dans ma ville il y a de cela onze ans. Sa réputation le place au sommet de la chaîne des plus gros ordures de la société.

— Certaines d'entre elles ne sont pas vraiment de la bonne qualité, mais mes hommes sauront s'en occuper. Pourquoi me cèdes-tu cette marchandise gratuitement ?

— Cadeau de Noël avant l'heure.

Il a éclaté de rire, et ses yeux noirs se sont dilatés d'amusement. Ce putain de pervers psychopathe prend plaisir à faire le taf pour lequel il est si connu dans le milieu. Le réseau de trafic d'être humain qu'il a monté est sans aucun doute le plus crasseux que j'ai pu voir. Il n'a aucune limite. Et c'est exactement de ce type d'enfoiré dont j'ai besoin maintenant.

— Les plus dociles seront mises à louer, comme tu me l'as demandé, je préciserai que les clients ne devront pas se retenir avec. Et les plus difficiles seront offertes à ma gold liste.

Il a étiré un sourire en coin, et les gémissements de peur d'une des femmes à ma gauche, cinq mètres plus loin, a interrompu notre échange. Gunnar a tiqué, s'est redressé et a posé un regard salace sur la malheureuse. Elles étaient toutes alignées vers nous, tenues en laisse par les hommes de Gunnar derrière elles. Nues, saignées, enchainées. Chacune d'elles avaient un lien avec les hommes de Tahan. Les femmes, les sœurs et les mères, les filles et cousines. Chacune doit servir d'exemple. Chacune doit vivre un bien pire cauchemar que ce que ma blonde a encaissé. Parce qu'elles ont un père, un homme, un fils, un frère et un cousin qui a servi Tahan, et lui a permis de toucher mon or.

"Elles sont innocentes" m'a répété Elyas comme un foutu disque rayé.
"Elles n'ont rien à voir avec les péchés de ces hommes".

C'est vrai.

Elles n'ont contribué à rien d'autre que partager la vie d'un soldat de mon cousin. Et pourtant, ma belle blonde également n'avait rien à voir dans cette bataille pour le trône. Ils l'ont quand même blessé. Ils l'ont entraînés dans ce jeu. Parce qu'elle fait partie de mon quotidien. Et pour les faire souffrir, je devais être certain qu'ils ne leur resteraient rien ni personne à qui ils pourraient tenir. Je me dois de les briser, profondément, un millions de fois plus qu'elle a été brisé.

— Puis-je au moins savoir pourquoi tu as choisi cette méthode ?

J'ai haussé un sourcil et inspiré, expiré. C'est trop dur de rester loin d'elle. Qu'est ce qu'elle fait ? Est-ce qu'elle a mangé ? Pourquoi Izel ne m'envoie aucune nouvelle d'elle ? J'ai envie de la sentir, la toucher. J'ai envie de la voir, putain.

— Habituellement, pour te venger, tu utilise la torture. Alors que cette fois, au lieu de te les saigner, tu me les as littéralement offerts sur un plateau.

Il a désigné l'autre côté de la pièce, à ma droite, où cinq mètres plus loin se dressent mes hommes, chacun tenant en laisse les soldats de Tahan. Contrairement aux femmes, ils n'ont pas les yeux bandés. Mains attachées, gueules bâillonnées, en parfait état physique. Aucune égratignure.

— Il existe un seul et unique point commun entre nous.

Gunnar a haussé les sourcils de curiosité.

— Que ce soit ma méthode ou la tienne, le supplice qu'on inflige aux autres est lent et affreusement douloureux. Ce qui fait probablement de nous les deux hommes les plus ignobles de la ville.