Chapitre 19 : Famille

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— Les angelins l'appellent l'Excave.

Je descends de la Raptor, imité par Daemon et passe devant le capot, m'adossant au véhicule en passant un regard reculé sur l'ensemble des personnes rassemblés près des entrepôts.

— C'est donc ici que tu as eu le culot de parier ta vie.

Je grimace et croise les bras sur ma poitrine. Il ne l'oubliera pas aussi facilement. Je regrette presque de le lui avoir dit mais de toute façon il l'aurait su. Mettez moi dans la même pièce que Daemon, et je ne tiendrai pas longtemps avant de tout lui avouer. Il est mon frère, avec l'option confident et même meilleur ami.

— Ne provoque personne, si quelqu'un découvre pour nous, on est foutu.

— Quelqu'un est déjà au courant pour nous, Cœur, ne déconne pas, me reproche-t-il, accusateur.

— Je t'ai déjà dit que je m'étais assuré de tout dissimuler.

— Mais ça n'a pas suffit. Lui, il sait pour les Blancs.

Avant de poser un pied ici, Aaron avait crypté mon téléphone de façon à ce qu'il y ai deux interfaces. Je n'ai rien compris au charabia qu'il m'a sorti mais en résumé pour déverrouiller mon téléphone il y a deux mot de passe différent. Si j'entre le premier, j'ai accès à mes données personnelles, photos de famille, musiques, réseaux sociaux, jeux, rien de plus inhabituel. Et si j'entre le second mot de passe, j'ai les mêmes données, avec en plus tous mes fichiers, contacts, messages, en rapport avec les Blancs. Et pour avoir accès à cette deuxième interface, il faut en plus du mot de passe, une confirmation par Face ID. Donc il est totalement impossible que Blake ait découvert mon identité grâce à mon téléphone. Mon blouson étant dissimulé au fond de mon armoire, je n'ai aucune idée de comment il s'y est pris. Même enquêter ne suffirait pas. Pas en un seul mois en tout cas.

— Parle-moins fort.

— Je savais que c'était de la merde de t'envoyer ici, putain. Tu devrais rentrer avec moi.

Son rappel que dans deux jours je me retrouverai à nouveau seule me fait tiquer. Il sait qu'une décision pareille n'est pas aussi simple à prendre. Encore moins maintenant que mon envie de venger mes sept me rattache au sol de la Californie.

— Daemon.

— T'inquiète, tu pourras rester à l'appart d'Aaron le temps qu'on trouve une solution, tente-t-il, espérant me rassurer.

— Papa risque de te retirer ton blouson si tu essaies d'aller à l'encontre de ses ordres, rappelle-je.

Comme il n'a jamais fait de distinction entre les garçons et moi, Dyon traite tous ses pions au même égal. Alors même si son fils sort du chemin, il recevra la même sanction que si c'était un autre pion. Je sais de quoi je parle. Je connais la sensation de se faire priver de son blouson, l'impression d'être marginalisé des autres, traité comme un étranger par les siens, privé de ses droits et privilèges. Retirer son blouson c'est se faire retirer une grande partie de son identité.

— Mais ça sera temporaire.

Temporaire peut aller jusqu'à plusieurs années si le jugement aggrave son acte, et je ne veux pas être responsable de la mise à l'écart de mon frère. Il vit pour les Blanc. Ce gang, c'est toute notre vie.

— Ce que tu ne peux pas te permettre. Je te rappelle qu'on t'a confié la trêve.

— N'essaie pas de trouver des excuses, tu sais très bien que je mettrais tout en jeu pour toi, Cœur.

Plus que n'importe qui, je sais de quoi est capable le démon pour me préserver. C'est la plus précieuse et infrangible chose qui fait d'un Blanc, un Blanc. La loyauté. Quand l'un de nous l'accorde, c'est littéralement à la vie à la mort. Quand un Blanc a une famille, il lui est dévoué du plus profond de son être, jusqu'à tout remettre en jeu pour la protéger. Ce qu'il est capable de faire pour moi, je le ferai pour lui et pour n'importe quel autre Blanc.

ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & WhiteWhere stories live. Discover now