Chapitre 17 : Le cœur du démon

346 27 17
                                    

La drogue est un paramètre. L'argent est le périphérique qui relie la drogue à l'économie. La plupart des victimes de crimes, souvent, contestent les sentences de justice. Pourquoi un dealer prend une plus grosse peine de prison qu'un violeur ou un meurtrier ? Pourquoi les narcos sont plus activement recherchés et combattus qu'un pédophile ou qu'un assassin ?

La logique dit que tu prends un séjour en taule lorsque tu es considéré comme un danger. Sauf qu'il faut déterminer pour qui le condamné représente ce dit danger. Pour la population ? Ou pour l'état ? La justice, que l'on s'accorde tout de suite, c'est de la merde. L'Etat n'en a rien à foutre dans quel connerie pataugent ses citoyens, tant qu'elle continue, elle, de respirer librement.

Les dealers représentent un plus grand danger, car au contraire d'un violeur, le dealer fabrique son propre argent. Gros risque pour la stabilité de l'économie du gouvernement. Alors qu'un putain de violeur, lui, s'attaque à la population. Le dealer est un danger pour l'État, le violeur pour la population.

La justice protège l'État avant la population.

De la merde, je disais.

Les juges véreux et les autorités corrompus, théoriquement, sont donc moins à blâmer que l'on y pense. Ils passent de l'autre côté de la justice pour le fric, parce que l'argent à moins de chance de vous trahir que les lois qu'ils défendent.

Mes mots peuvent évidemment être altérés parce que j'ai grandi avec un chef de gang pour père. J'aurais donc tendance à défendre les personnes de mon milieu plutôt que les autres. Je serais également plus réfractaire à voir une personne se faire tuer sous mes yeux, ou torturer, ou bien, j'aurais plus d'aisance à faire preuve d'immoralité. Mentir, menacer, dealer.

Au début, j'avais commencé à rouler en donnant une chance à la justice. Après ces deux mois en captivité, j'ai supplié mon père de donner une chance au marteau de frapper pour le bon côté. Mais la sentence m'a renié. Le tribunal a refusé leurs places en taule. La justice a décidé que l'ennemi dans la salle d'audience, n'est pas le groupe de violeur qui m'a détenu plus de deux mois. La coupable était la fille du mafieux. Celle dont le père, par ses activités illégales, menace l'économie du gouvernement.

Management est très rapidement devenu la filière que je souhaitais intégrer. Avec en cours principaux droit-économie et éco-gestion, j'avais promis ce jour-là, devant le tribunal, que j'allais prendre ma revanche. La justice n'avait pas défendu la population, elle a protégé l'État. Et peu importe à quelle point je serais tâché, j'ai juré de monter mon groupe financier, et de produire tellement d'argent qu'un jour, c'est moi qui baiserai l'état.

Alors en plus d'aimer mon boulot de dealeuse, je suis plus intéressé par mes cours que je ne laisse paraître. C'est pour cette raison que j'évite de sécher.

— Allez, blondie. Ce sera d'enfer ! insiste Jayden en balançant le ballon de rugby dans la direction d'un de ses coéquipiers.

Assise sur les tribunes, un niveau plus haut que Bayram, je regarde Jayden se faire des passes avec son coéquipier, essayant de me convaincre de le suivre à une fête étudiante d'une autre université de la ville.

— Je ne sais pas. Je n'ai pas terminé de préparer ma présentation.

Ça fait plus d'une demi heure que je recale ses tentatives d'invitations mais il continue de piailler comme un junkie en manque.

— Bon très bien. En vérité, un gars de l'équipe m'a demandé de te faire venir, il est à fond sur t-

Jayden ne termine pas sa phrase car plusieurs étudiants courent devant nous et rejoignent le parking précipitamment. L'agitation devient plus dense au point où le parking se retrouve envahis par plus de la moitié des étudiants du bahut, comme un banc de poisson attiré par la nourriture.

ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant