Chapitre 16 : Drake

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D R A K E

J'éteins ma moto, ferme le garage dans mon dos et retire mon casque. Je passe une main sur la plus haute étagère, tapotant le dessus brièvement. En sentant le paquet sous mes doigts, je le prend et lâche un juron en poussant la porte arrière, entrant dans la maison.

Le sachet de cocaïne remplit, dans ma main, j'avance, et donne deux tapes dans le mur pour signaler que je suis seul. Le boss descend des escaliers au moment où je les dépasse, et me suit jusqu'à la cuisine. Je sors une bouteille d'eau et retourne au garage. La première moitié reste à fonction de base, pour garer ma moto et bricoler dessus. L'autre moitié du garage, plus grande, m'a pris deux semaines pour la réaménager en salle d'entrainement.

— Il faut qu'on parle, clame-t-il dans mon dos.

Je balance le sachet de cocaïne sur la chaise, retire mon manteau et m'étire les bras. Étant en mission d'infiltration, je n'avais pas le droit de communiquer avec les membres du gang, sauf si exception. Pour chacun de nos contacts, c'est toujours eux qui viennent à moi, je ne peux pas prendre le risque de les rejoindre ailleurs. Et quand c'est le cas, il y a trois conditions. Venir la nuit, dans cette maison et prévenir.

Nous ne nous voyons que le soir, ici, et pour me prévenir qu'ils étaient là, ils laissaient un sachet de cocaïne sur la première étagère dans mon garage. Dans le cas où je rentrerai avec des gars de ma mission ou si je ramène une nana, je saurais qu'ils ne doivent pas entrer si le sachet est là, et donc leur demander de partir en prétextant une connerie. Il peut aussi y avoir des cas où je rentre et ne trouve qu'un sachet de coke vide, ça signifie alors qu'ils sont passés. La plupart du temps, les sachets vide sont d'Aurore, elle passait pour me piquer des fringues ou je ne sais quoi d'autre.

Sachet de coke. Quelqu'un. Sachet vide. Personne.

Quelqu'un ce soir, c'est le boss. Dyon Fox, meu pai. (Mon père)

— Je sais, je ne vais pas traîner, annonce-t-il sous mon regard interrogateur.

Je ne dis rien, fais balancer le sac de frappe et m'échauffe avec quelques coups, rapides et légers.

— La trêve entre les Bleu et les Rouge a commencé. Les tours se sont terrées.

Le marché entre les dealeurs d'amphétamines est le principal sujet de discussion depuis leur arrivée. Que ce soit entre les criminels ou les citoyens, leur présence ici fait beaucoup de bruit. Et si les tours se sont terrées, c'est qu'il y a du avoir un putain de problème.

Habituellement mobiles, elles ne restent jamais au même endroit très longtemps, ce qui veut dire que si elles se sont terrées, elles doivent être en train de surveiller quelque chose ou quelqu'un. Il doit y avoir un bordel entre les Bleu et les Rouge.

— Drake. Tu sais pourquoi je suis ici.

Je l'ignore et continue mes coups calculés contre le sac. J'ai la rancune facile. Très facile. Encore plus quand ça me concerne directement. Parce que ouais, putain de merde, son allé à Los Angeles me concerne totalement. Il a osé me poignarder dans le dos.

— J'aurais dû vous en parler avant de l'envoyer à L.A, reconnaît-il finalement.

Je grogne, attrape les gants fixés sur l'un des maillons du sac de frappe et les balance dans sa direction. La paire bute contre son torse et finit au sol. Je sais qu'il ne va pas les ramasser, il viendra sans. Parce que c'est comme ça que je communique, pas avec des mots, avec des actions. Et face à lui, sans gants. Il préfère qu'on se tabasse à mains nues.

— Très bien, filho. (Fils)

Il retire son blouson. Le blanc du vêtement est notre couleur, notre symbole, notre identité. Ce qui nous représente. Des Blanc. Les meilleurs producteurs de la meilleure cocaïne du pays. Et voilà huit mois, depuis le début de ma mission, que je n'ai pas repris mon emblème.

ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & WhiteWhere stories live. Discover now