Chapitre 37 : Tu me manques, Mallory

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«Molly ? Tout va bien ?

–Hm ? Hein ? Heu... Oui. Pourquoi ? la trentenaire croise les yeux d'or de l'homme assis à côté d'elle.

–Toujours dans la lune, hein ? s'amuse Mallory en ajustant sa position assise. Il admire le ciel d'un bleu pur et impeccable, Tu peux tout me dire, tu sais ?

–C'est... C'est rien. Vraiment. Juste...

–Ça ne me plaît pas non plus, tu sais ? De mentir.

–Je... Ce n'est pas vraiment un mensonge, maugrée la femme aux boucles serrées, On est proches.

–Mais pas dans le sens "on s'envoie en l'air toutes les nuits" et tu le sais, réplique le quarantenaire, On le fait croire aux autres uniquement pour être en sécurité. Au cas où.

–Pourquoi cette mascarade... Je veux dire... Le "Grand" Konrad Wesker est hyper proche de Kendrick !

–Ils ne le montrent pas ouvertement.

–Je sais... Désolé...» Molly s'affale dans l'herbe et elle ferme les yeux. Un long soupir s'échappe de ses lèvres.


La trentenaire n'affectionne pas plus que cela l'idée de devoir cacher qui elle est vraiment ; elle a le sentiment de faire un bond en arrière, à une sombre époque où les femmes qui étaient considérées comme anormales, maudites, comme des hérétiques... étaient traquées pour être mises au bûcher, pendues à une corde ou noyées dans un lac. Cette pensée toute bête d'être l'équivalent d'une "sorcière" rebute la tête aux boucles brunes. Une légère grimace. Les yeux rivés sur le ciel voilé de délicats nuages, Molly masse sa pomme d'Adam, moins proéminente que celle de Mallory. Imaginant ce que ces innocentes ont pu subir, un haut-le-cœur la prend par surprise. Elle se redresse, brutale et désorientée et elle tourne le dos à son "mec" pour vomir son déjeuner.

Mallory, un peu plus âgé que la jeune femme, n'ose tout d'abord pas lui demander ce qui lui arrive. Pris d'un élan d'audace, il dépose finalement les cinq doigts de sa main sur l'épaule fébrile de la boucle brune. Un sursaut. Elle essuie rapidement ses lèvres tachées de salive et de dégueulis et elle adresse un regard trahissant son amertume— Bon sang ! Le goût aigre et acariâtre refuse de quitter sa bouche. Si c'était visible, le quarantenaire pourrait voir les joues de sa "partenaire" rougir de honte. Cela dit, il n'a pas besoin de le voir pour le savoir : il ressent quelque chose de similaire. Quel plaisir ce serait de pouvoir être soi-même au lieu d'être une illusion ! Les deux adultes en sont conscients... mais cela ne rend pas la chose plus facile à digérer. Les hybrides sont les cibles privilégiées. Cependant, ceux qui détestent les gens comme Molly ou Mallory ne vont pas changer d'avis sous le seul prétexte que la haine vise une catégorie d'individus à moitié humains. Ce n'est pas pour rien si Konrad et Dallán ne sont pas particulièrement démonstratifs l'un envers l'autre.

Mallory esquisse un sourire maladroit, propre à son incroyable crédulité (pour un homme de son âge) et à sa personnalité humaine... un tantinet stupide. Ce n'est que mon avis en tant que narrateur. Je me demande ce qu'en pense l'auteur— Mais n'allons pas le déranger et revenons-en à nos deux amis du placard ! Le quarantenaire tapote d'abord le haut du dos de la femme à la peau la plus chaleureuse et charmante du campement. C'est un fait. Si Molly était un homme, Mallory serait tombé sous le charme de son apparence, de sa personne tout entière. Manque de chance : c'est une femme. Tout comme Mallory est un homme... Si seulement... Passons. Sa main descend doucement jusqu'au centre du dos de la trentenaire pour frotter, sans être trop brusque, celui-ci. Il lui demande, passées quelques minutes si ça va un peu mieux.

Ce à quoi Molly lui répond que sa gorge est un véritable volcan tant c'est irrité ; la faute à ce qui est sorti en prenant ce couloir. Un rire nerveux. Mallory passe une main sur sa propre nuque et lui pose cette question : "À quoi as-tu pensé, cette fois ?". Il ne la connaît que trop bien et cela arrache une grimace qui déride le visage de la femme. Elle se racle la gorge pour stopper un terrible désastre... Elle qui se fend la poire. Ayant encore quelques nausées, il serait sage de ne pas tenter le diable qui loge dans son organisme. La jeune femme rassure son "conjoint" en haussant les épaules, l'air faussement nonchalant. Du bout de son index et d'un frémissement de la tête, elle demande à obtenir la bouteille qui repose aux pieds de Mallory. L'homme la lorgne du coin de l'œil, la tête se laissant tomber sur le côté. Il écarte la boisson en expliquant que c'est une mauvaise idée. Molly insiste. Elle ne va pas vider le contenu ; elle aimerait juste se rincer la bouche. Il refuse. Elle s'agace. Elle se penche sur lui pour s'emparer de son rince-bouche (qui n'en est pas un du tout) et malgré les remontrances et les avertissements de son "compagnon", elle avale deux bonnes gorgées. Bleurgh ! C'est sorti aussi vite que c'est rentré. Et pas de la façon qu'elle l'avait espéré. Mallory se pince la racine du nez. Ce n'est pas faute d'avoir prévenu la trentenaire.


«Molly... Sérieusement ? Je sais que mes vêtements ne sentent pas la rose, mais pourquoi sur moi ? plaisante à moitié le quarantenaire qui fait la moue et admire ses mains souillées.

–Pas fait exprès... Puis, le style "Vomito" te va comme un gant.

–Molly. Tu m'as gerbé dessus ! l'homme hausse le ton, sans vraiment être fâché ; il colle ses doigts dégoulinants de vomissure contre le visage de son amie.

–Mallory ! Gros dégueulasse ! hurle la trentenaire avant de lui rendre la pareille en l'arrosant avec l'alcool qui reste dans la bouteille, Je vais te laver fissa ! Tu vas voir !

–Ah ! Je suis touché ! Quelle ennemie redoutable !» s'égosille l'homme avant de rire aux éclats.


La répugnante bagarre qui gronde entre nos deux amis est stoppée net par l'intervention impromptue de Sacha et de Camille ; les deux imbéciles de lascars, d'humeur taquine, décident de se moquer (sans aucune intention malveillante) du petit "couple". Toujours est-il que l'odeur nauséabonde freine d'un seul jet les deux copains qui sentent leur visage se rider de dégoût. C'est à se demander comment les "z'amoureux" ont été capables de se battre, entourés par l'aura asphyxiante de la pourriture incarnée. Réflexion simple, rapide et efficace : "Prenez une douche ! Gros cochons, va !". Un petit ajout est fait à cette phrase pleine de poésie et c'est quelque chose de simple... Camille est celui qui s'en charge en expliquant que si Mallory et Molly doivent passer la journée entière à se friper la peau dans un ruisseau, qu'il en soit ainsi ! Personne ne veut sentir cette odeur insoutenable. C'est un coup à faire dégueuler tout le campement. Sacha renchérit, le sourire asymétrique, en plaisantant à coup de sous-entendus salaces ; selon lui, ce serait l'occasion parfaite pour s'adonner à des affaires pas très catholiques. La boucle brune et les yeux d'or feignent être amusés par les bêtises des deux neurones sur pattes. Ils se redressent, jouent le rôle du petit couple le plus épanoui de l'univers (voire du multivers si cela existe) et fuient les regards de personnes qui ne les comprennent pas.

SURVIVAL E.N.D : Le chaos d'un nouveau mondeWhere stories live. Discover now