Chapitre 19 : Un pour tous, tous pour un

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Amara et Clay discutent tous les deux. La nuit est paisible. Ils sont dans un coin tranquille du camp. Loin de l'agitation. C'est en tout cas ce qu'ils pensaient avant qu'une odeur de brûlé ne leur monte aux narines. Les cris assourdissants qui tranchent le silence du monde nocturne confirment leurs craintes : quelque chose ne va pas. Mais comment est-ce possible ? Et surtout, comment une armée entière de Griffeurs a pu passer les guetteurs ? Les deux jeunes gens ne peuvent pas en croire leurs yeux... Ils n'ont jamais vu autant de bestioles réunies en un même endroit. Ils n'ont jamais vu ces créatures stupides être aussi— coordonnées. Ce n'est pas normal.

La jeune femme est la première à réagir ; elle attrape le poignet de son copain et elle le tire dans sa direction. Elle court aussi vite que possible. Il faut dire que traîner une personne paralysée par la peur ralentit grandement la cadence. Vous ne pouvez pas non plus blâmer Clay d'être devenu blanc comme un linge après avoir été témoin d'une pareille vision d'horreur. Auriez-vous réagi différemment ? J'en doute fort. Il n'a jamais eu l'occasion de partir en expédition, ce qui explique la terreur qu'il a ressentie un peu plus tôt. Une terreur qu'il ressent toujours en ce moment même. Amara trouve un endroit où s'abriter. De cette manière, elle peut réfléchir un peu plus calmement. Il faut trouver un moyen de s'échapper sans se faire attraper. S'ils y parviennent, ils pourront avertir les autres. Mais comment faire ?

Ce n'est pas le moment de se focaliser sur comment s'en sortir ! Le jeune homme est toujours en état de choc. Amara opte très aisément pour la manière forte : elle catapulte la paume de sa main contre la joue de Clay. Un vif soubresaut. Ses yeux papillonnent. Il dévisage sa compagne, abasourdi. Il fronce les sourcils et il s'apprête à lui demander pourquoi elle vient de le gifler. Avec autant de violence, qui plus est ! Seulement, il en est bien incapable ; la jeune femme a plaqué sa main sur sa bouche pour l'empêcher de parler. Elle pose ensuite son index sur ses lèvres. "Ne fais pas un seul bruit", dit-elle muettement avec son expression sérieuse. Clay s'abstient de déglutir. Les créatures n'ont pas un odorat spécialement développé. Tant que vous ne saignez pas, vous ne risquez pas grand-chose. Vous risquez encore moins de vous faire repérer lors d'un incendie : les flammes occupent leurs narines putrides. Toutefois ! L'ouïe et la vue sont très aiguisées. Un mouvement. Un seul. Un seul et unique mouvement peut vous condamner.

Ce que nos deux héros du jour n'ont pas anticipé, c'est la présence de ce qui guide les Griffeurs. De ce qui ne recherche que vengeance. Ça se tient derrière Amara. Clay écarquille les yeux. Il vient de voir la silhouette du meurtrier. Il n'a pas le temps d'avertir sa compagne. Elle n'a pas le temps de se retourner. Un coup. Un unique coup. Sec et rapide. Tranchant et mortel. Amara n'est plus. Elle n'est plus entière. Elle n'est plus de ceux qui vivent. Le jeune homme recule. Ses pupilles rétractées par la terreur et par la confusion la plus totale. Il ne réalise pas encore que sa bien-aimée vient de mourir devant lui. Il réalise encore moins que son heure vient elle aussi à grands pas. La main gantée du tueur l'attrape agressivement et le tire dans sa direction. Le jeune homme se sent jeté contre le sol. Il entend les grognements des créatures. Et c'est la dernière chose qu'il entendra. Le feu et les Griffeurs sont la dernière chose qu'il voit avant— de disparaître.



Je pense que c'est plutôt évident, mais ce que je sens là n'est absolument pas normal. Vous ne parviendrez pas à me convaincre que cette odeur nauséabonde qui titille mes narines est l'œuvre de Konrad Wesker et de ses pigeons. Ça fait vraiment bizarre de dire son nom de famille à celui-là... Non ! Mais sérieux ? "Wesker" ? Il existe vraiment des gens qui sont affublés d'un tel nom dans un monde pareil ? C'est plutôt— ironique ? Ou alors c'est une très mauvaise blague. Mais je m'égare. Ce que je veux vous faire comprendre, c'est que les chances pour que ce soit ces tortionnaires qui aient décidé de faire un feu de joie n'est pas... heu... élevée. Du tout. L'expression que je lis sur le visage de Molly confirme mes soupçons. Cette dernière secoue légèrement la tête et elle me demande d'attendre quelques secondes. Elle quitte le camping-car. Elle revient une minute plus tard. Elle m'explique que la plupart des membres du groupe sont soit en train de comater, soit en train de vomir ; sans compter ceux qui désirent plus que tout remplir leur organisme d'alcool. Aucun des ivrognes n'a l'air d'avoir remarqué les nuages de fumée qui s'élèvent dans un ciel étoilé parfaitement dégagé. Qui devrait être parfaitement dégagé. Normalement... Il y a donc un incendie. En plein milieu des bois. J'aimerais croire que ce n'est rien de grave, mais je sens ma gorge qui se serre : nous sommes en danger.

La femme en face de moi semble soudain prise d'un élan d'audace. Ce qui me surprend. Elle m'a quand même expliqué, un peu plus tôt dans la soirée, qu'elle ne prendrait pas le risque de me libérer. De peur que je ne me fasse à nouveau capturer et qu'en conséquence de ma tentative d'évasion, je souffre encore plus de la violence de Konrad. Pourtant, la voilà en train de me détacher. Elle me tend calmement sa main en insistant sur le fait qu'elle connaît aussi bien cette forêt, si ce n'est pas mieux, que le chef de son groupe. Je peux lui faire confiance : c'est la seule survivante qui n'a jamais rien tenté contre moi. Elle m'a même protégée autant que possible contre les autres.

Nous sortons de la caravane aussi furtivement que possible. Molly m'a expliqué que c'est plus prudent : des survivants totalement éméchés pourraient très bien me remarquer. Elle ajoute que parfois, une personne en état d'ébriété est une menace plus importante qu'un individu sobre de toutes substances. Sa façon de faire et son calme presque militaire me rappellent indirectement mon père. Pas que ce soit un homme au sang-froid légendaire mais— Serait-il possible que Molly fut policière avant le début de la "Nouvelle Ère" ? Je n'ose pas lui poser cette question. Je passe une main sur ma gorge. Je sens la trace de la morsure sur le côté gauche. Mes doigts se sont enfoncés à l'intérieur de la blessure. Je grimace. Elle s'est rouverte. Bon sang... Je hais ma condition d'hybride. Quelque chose me sort de ma rumination : un bruit typiquement identifiable. Je me tourne vers sa source. Vive lumière rouge. Une fusée éclairante. Elle s'écrase contre une tente où se trouve un groupe de survivants. La tente s'enflamme. Je... Qu'est-ce qui se passe ? Et que font toutes ces bestioles ? Comment est-ce possible d'en avoir autant au même endroit ?


«Merde... Un Thanatique.

–Un... Un quoi ? je fronce les sourcils. Qu'est-ce que Molly appelle un "Thanatique" au juste ?

–Pas le temps d'expliquer. Il faut bouger, s'écrie la trentenaire en me tirant dans une certaine direction.

–Non ! Non ! Et si c'était Kaiden ?

–Ouais, bah... Si c'est Kaiden, mieux vaut l'éviter. Il va nous buter si c'est lui le Thanatique enragé.» me rétorque-t-elle en continuant de tirer sur mon bras.


Je n'ai pas envie de la suivre. De un, je ne sais pas du tout ce que c'est, un "Thanatique". De deux, même si Kaiden a parfois des comportements irrationnels et erratiques après une montée de stress super conséquente... Ne pas pouvoir me reconnaître ? Non. Impossible. Il ne m'attaquerait jamais ! Je suis certaine que c'est lui ! J'en suis persuadé ! Mais est-ce bien sage d'utiliser mes capacités d'hybride contre la personne qui m'a sortie de ce merdier ? Et si je lui arrachais le bras sans le vouloir ? Non... Je dois rester sage. Nous nous cachons dans la broussaille qui avoisine le campement. Molly me fait signe de rester muet comme une carpe et de regarder. Elle tremble. Elle tremble terriblement. Qu'est-ce que je vais voir pour qu'elle soit dans un état pareil ?

SURVIVAL E.N.D : Le chaos d'un nouveau mondeDove le storie prendono vita. Scoprilo ora