Chapitre 9 : Nouvelle ère

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Enfin ! J'ai réussi à convaincre la mère de Kaiden de nous faire confiance pour passer quelques jours juste tous les deux ! Je peux comprendre que madame Carter soit du genre à vouloir protéger son fils... Mais elle devrait savoir que je suis conscient que Kaiden est handicapé ! Et puis, je sais gérer son handicap ! Sans compter qu'il va avoir 25 ans à la fin de l'année— Je peux l'aider à s'adapter à cet environnement ; ce n'est pas comme s'il allait rester loin de chez lui plus d'une semaine ou d'un mois. D'ailleurs, je viens tout juste d'avoir 21 ans. Kaiden a apporté tous les cadeaux qu'il a accumulés pour me les offrir aujourd'hui. Je regarde sa tête recouverte de cheveux bruns plonger dans son sac à dos pour récupérer les peluches, les livres et les autres surprises qu'il me réserve. Il n'est pas aisé de cacher mon excitation à l'idée de recevoir une montagne de présents. En retard ou non, Kaiden essaye toujours de se rattraper quand il ne peut pas m'offrir quelque chose le jour J.

Sa tête ressort finalement de son bric-à-brac, il se redresse et il s'approche timidement en tripatouillant une première partie des choses qu'il compte m'offrir aujourd'hui. Il tend ses bras et il marmonne un hésitant "Pour toi". Je fronce les sourcils en remarquant qu'il grimace et, sans prévenir, il tourne la tête pour éternuer bruyamment. Je hausse les sourcils, la surprise palpable sur mon visage. Hm... C'est vrai que la saison pollinique a débuté vachement tôt cette année ; habituellement, Kaiden commence à éternuer en mai. Ce sont cependant des choses qui arrivent. C'est comme ça, on n'y peut rien. C'est arrivé en mars, c'est arrivé en mars. On ne contrôle pas la nature, après tout ! J'esquisse un sourire et je prends soigneusement les cadeaux qui me sont destinés. Je remercie mon adorable petite tête brune et je dépose un baiser sur sa joue.

Je sens que cette semaine va être fantastique ! Ouais... Bon... Pas exactement une semaine. Une semaine, c'est sept jours. Mais ça ne change rien au fait que je compte bien profiter de chaque jour que nous allons passer ensemble ! Nous allons faire beaucoup de choses tous les deux, se créer de nouveaux souvenirs et partager une flopée de bons moments ! J'en fais la promesse ! Kaiden tente un sourire maladroit et je passe une main dans ses cheveux pour les ébouriffer plus qu'ils ne le sont déjà. Ils sont doux, ses cheveux. Je me demande quel genre de shampoing sa mère achète...

Un cri. Des hurlements.

Je fronce les sourcils et mon partenaire m'imite instantanément. Qu'est-ce qui se passe tout à coup ? On s'approche de la fenêtre de notre chambre et— Je ne suis même pas sûre de savoir comment décrire ce qui se déroule sous mes yeux. Je me tourne vers Kaiden qui reste muet comme une tombe. Il se rappelle soudain que j'existe et il me demande de prendre mes affaires. Il fait de même. Nous sortons de notre logis et nous arpentons les couloirs en silence. Kaiden semble... affreusement concentré et tout aussi stressé. Je comprends son angoisse, pour être honnête.

Nous passons environ une trentaine de minutes, peut-être plus, à essayer de sortir de cet immeuble. Kaiden évite au maximum de prendre les couloirs où des personnes se piétinent en tentant d'échapper à— à ces choses. Je n'arrive pas à comprendre comment ni pourquoi ces horreurs se produisent ? Tout va si vite. Et si lentement aussi. C'est paradoxal mais c'est ainsi que je le ressens. Je ne pense pas être en capacité de réaliser que tout ceci est bien réel. On court. On court. On court encore... Des gens déboulent dans notre couloir. Un homme se fait attaquer par— par ces créatures. Elles s'amassent autour de lui et elles... Heu... Non. Je refuse de décrire ça. Je n'ai pas envie de vous dire ce que les monstres sont en train de faire.

"Poussez-vous !"

Quelqu'un est passé entre Kaiden et moi. Cette personne, cet homme, détale comme un lapin et on dirait que— Oui. Il nous a bousculés. Il m'a bousculé. Je suis en train de tomber dans l'amas de bestioles qui sont agglutinés sur leur victime. Je vais... Je vais mourir ? Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir !



"Roxan !"

J'ai tout de suite compris que quelque chose ne tournait pas rond quand nous avons vu les passants se faire attaquer par des semblants d'humains. Nous avions fait nos affaires. On se tenait la main. J'évitais soigneusement les zones bondées d'idiots effrayés. Nous avions été en mesure d'éviter la moindre rencontre. Et il a fallu que cet abruti se pointe avec ses imbéciles de potes. Il est hors de question que je laisse Roxan se faire dévorer par ces trucs sans cervelle.

Je me rue dans la masse de bestioles pour essayer d'attraper la main de Roxan, son pull ou même ses cheveux... Du moment que je peux le sortir de ce merdier, le reste n'est qu'accessoire. Je m'excuserai plus tard si je viens à lui faire mal. Je tends le bras. Je vois une main griffue se diriger dans ma direction. Je recule. Je sens une chaleur désagréable au niveau de ma joue. Instinctivement, je passe une main sur la blessure que la chose m'a laissée. La situation est bien assez stressante comme ça. Et surtout— ça commence à véritablement à me taper sur le système ; je ne compte pas pleurer la mort de Roxan. Je retourne dans la masse et j'assène des coups de pieds aux créatures. Je les pousse, je les frappe... Je les bouscule avec véhémence. J'arrive à atteindre Roxan. Je l'arrache de la masse et je la tire vers moi. Il saigne. Une blessure au cou. C'est grave, on dirait. Son pull est déchiré et il a quelques marques de griffures ici et là.

Je ne perds pas de temps à poser des questions à Roxan. Elle n'est, de toute manière, pas en état de me répondre. J'appuie ma main sur la plaie au niveau de sa gorge. Je sais que je dois vite trouver une solution. Est-ce qu'ils ont seulement de quoi soigner les morsures de bouffeurs de chair dans ce bâtiment ? Ce n'est pas comme si j'avais un large éventail d'options fiables. Je dois me dépêcher. Tiens bon, Roxan. Tiens bon. Je vais te sauver. Je vais te soigner.

J'arpente les couloirs, cherchant la pièce où se trouvent les trousses de secours du bâtiment. Ce n'est pas évident de se déplacer en tenant une personne sous le bras. C'est extrêmement compliqué de tenir Roxan tout en exerçant une pression sur la morsure ensanglantée située au niveau de son cou. Je jette un coup d'œil à mon compagnon ; ses cheveux châtains sont recouverts d'hémoglobine. Ses yeux bruns montrent une immense fatigue. Je dois accélérer le pas.

Finalement, je parviens à trouver une trousse de secours. Je ne suis pas certain que cela suffise mais— qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Je m'applique dans les soins que j'apporte à mon compagnon. Ce n'est pas facile. Heureusement que j'ai eu une passion dévorante pour la médecine étant plus jeune. L'autisme a ses avantages. Même si ça ne fait pas de moi un prodige... Concentre-toi, Kaiden ! Je dois rester concentré. Roxan compte sur moi. Roxan compte sur moi et je ne veux pas la voir mourir. Tiens bon, Roxan. Tiens bon.

"Tiens bon, Roxan. Je suis avec toi."

SURVIVAL E.N.D : Le chaos d'un nouveau mondeWhere stories live. Discover now