Chapitre 58

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Le réveil fut brutal. La gifle que le docteur Martin me donna me fit sortir du sommeil en sursautant. Je fus aveuglée par la lumière blafarde des néons.

- C'est le grand jour ! s'exclama-t-il alors que je tentais tant bien que mal de reprendre mes esprits. Aller lève-toi ! m'ordonna-t-il après m'avoir détaché et passé des menottes en vibranium.

Je me levais et il m'entraina dans le couloir. J'étais escortée par deux gardes de chaque côté de moi et le docteur Martin ouvrait la marche. On parcourut d'innombrables couloirs avant d'arriver devant une porte blindée. On m'ouvrit la porte et on me poussa sans ménagement à l'intérieur. Deux fauteuils inclinés se trouvait face à face au milieu de la pièce avec deux énormes choses circulaires juste au-dessus, reliées entre elles. L'un des gardes me saisit violemment par le bras et m'installa de force dans l'un des sièges. Il m'attacha fermement et d'un mouvement discret du doigt je pus avoir confirmation que Lucas avait bien changé les liens. Je dus cacher que je ne craignais pas du tout ce qui allait arriver. Je jetais un coup d'œil circulaire dans la pièce pour repérer Lucas. Il se tenait dans un coin, entouré d'autres gardes. Il y avait également des scientifiques qui étaient-là pour regarder le docteur Martin s'accaparer mes pouvoirs.

Ce dernier était en train de faire des réglages sur un panneau de contrôle de la machine. Il avait son énorme sourire de sadique aux lèvres. Après un long moment, il s'installa dans le fauteuil en face du mien et me fixa.

- Ça risque d'être douloureux, me prévint-il en riant.

- Vous êtes prêt monsieur ? demanda un de ses assistants qui l'avait remplacé au panneau de commande.

- Oui, allez-y ! déclara-t-il une lueur monstrueuse brillant dans ses yeux.

L'assistant appuya sur un bouton et soudain le cercle au-dessus de moi commença à tourner. Je devais me retenir de sourire en imaginant leur tête lorsque la machine s'arrêterait brutalement. Mais à ma grande stupeur elle ne s'arrêta pas. Le cercle se mit même à tourner de plus en plus vite, une lueur bleutée commença à apparaître et à se diriger vers moi. Paniquée je tournais la tête vers Lucas pour tenter de me rassurer. Mais son visage, bien qu'il le voulût impassible, montrait de l'incompréhension et de l'inquiétude. Quelque chose clochait. Ce n'était pas censé se passer comme ça !

Plus les secondes passaient et plus la brume bleue se rapprochait de moi. Lorsqu'elle me toucha enfin je hurlais de douleur. J'avais l'impression que de l'électricité parcourait tout mon corps, qui se mit à trembler et à être attiré vers le centre du cercle au-dessus de moi. Au-bout de ce qui me parut une éternité, une lueur similaire à celle qui m'entourait apparu au-dessus du docteur Martin et avant que mes yeux ne se révulsent je la vis le toucher. Je m'apprêtais à l'entendre hurler lui aussi, mais je n'entendais que mes propres cris.

Mon cerveau était complétement engourdi par le courant. Je n'arrivais plus à réfléchir, je ne comprenais plus ce qui était en train de m'arriver. Je n'étais même pas sûre de savoir que j'allais sans doute mourir. La douleur se fit soudain moins forte. Mon corps était toujours contracté mais la souffrance était supportable. Le brouillard noir, dans lequel j'étais, s'éclaira peu à peu jusqu'à devenir aveuglant. Je me sentais étrangement bien dans cette lumière. Il n'y avait plus aucun bruit, plus de douleur, plus d'expérience, plus rien.

Puis il me sembla distinguer quelque chose dans toute cette blancheur. Une ombre colorée, qui paraissait s'approcher de moi. Je percevais les contours d'une personne. Au fur et à mesure, je pus voir que c'était une femme avec de long cheveux roux. Elle me semblait familière mais je ne parvenais pas à me rappeler. C'était un souvenir flou, comme le visage de la femme. J'avais l'impression que ses lèvres bougeaient, qu'elle essayait de me dire quelque chose.

The little girl's powersWhere stories live. Discover now