Chapitre 2

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Je me réveillais bien plus tard. Mon corps s'était refroidit et maintenant il tremblait. J'étais endolorie, mes muscles me faisaient souffrir à chaque léger mouvement que j'effectuais. Dans la noirceur de la pièce, je tentais de chercher une couverture ou n'importe quel tissu pour me réchauffer. Difficilement, mon pied, désormais nu, rencontra une matière rêche déposée au bout du lit. Lentement je m'assis pour m'en saisir mais je fus prise de maux de ventre terribles. J'avais l'impression d'avoir de l'acide dans l'estomac. Je me rapprochais du bord du lit, mais ayant mal évalué les distances je tombais violemment par terre, ma tête frappant le sol. J'entendis vaguement la porte s'ouvrir et des voix qui semblaient être énervées. Je fus de nouveau portée et de nouveau jetée sur le lit avant de sombrer.

Soudain des lumières s'allumèrent dans la pièce. J'ouvris les yeux et les refermaient aussitôt en gémissant, la rétine brulée par le néon juste au-dessus de ma tête. Je portais les mains à mes yeux et me recroquevillais sur moi-même en pleurant. Ma tête me faisait atrocement souffrir. D'une simple pression du bout des doigts sur mon front, je compris que j'avais une bosse. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Pourquoi on nous faisait du mal ? Florence m'avait dit que nos parents adoptifs nous aimeraient et nous protégeraient, que nous serions bien avec eux. Mais nous n'étions pas bien ici !

Je laissais échapper mes sanglots, renforçant mon mal de tête. Puis prise d'un sentiment d'urgence, je me levais du lit, non sans mal, et me mit à parcourir la pièce du regard. Elle était vide. Juste le lit. Pas de fenêtre. Pas de lumière du jour. Pas de salle de bain. Pas de radiateur. Rien que des murs carrelés, un sol en béton et une énorme porte en fer. Je m'effondrais par terre, terrorisée. La porte s'ouvrit sur moi, une dame poussa un plateau du pied dans ma direction et referma la porte.

Je me levais aussi vite que je le pus et me dirigeais vers la porte. De mes petites mains, je me mis à frapper le fer le plus fort possible.

- Attends ! Attends ! Pars pas ! criais-je d'une voix éraillée. J'ai peur ! S'il-te-plait !

Mais rien y fit. Perdue, je retournais m'assoir au milieu de la pièce et je regardais le plateau. Il ne contenait pas grand-chose. Un verre à moitié rempli d'eau et un morceau de pain dur. Retenant mes larmes, je me saisis du pain et tentais de le manger. Il n'avait aucun goût à part celui métallique du sang qui s'échappait de mes gencives lorsque le pain les entaillait. Assoiffée par le pain, je pris à pleine main le verre et le bus jusqu'à la dernière goutte. Puis transie de froid, je m'entourais de la couverture rêche et repliais mes jambes contre moi en grelottant.

Assise sur le lit, adossée au mur, j'entendais énormément de bruit venant de la porte. Des grincements, de lourds bruits de pas, des choses qui roulaient, des bruits de machine, et soudain un hurlement. Un hurlement de souffrance. Qui recommença encore et encore me faisant frissonner et mettre les mains sur mes oreilles. Je voulais que la personne arrête de crier, je voulais que tous les bruits cessent. Au bout d'un long moment, le hurlement s'atténua et s'arrêta complétement laissant place à un gémissement.

Et ce que je supposais être la journée se continua ainsi, des hurlements atroces qui s'en suivait de gémissements. Je restais recroquevillée, me balançant d'avant en arrière, les mains couvrant tant bien que mal mes oreilles, les yeux gonflés d'avoir tant pleuré.

Plusieurs jours passèrent ainsi, sans que je ne voie personne sauf celle qui venait me donner mes repas. Je me disais que le docteur Martin m'avait oublié, mais je me trompais. Peu après un petit-déjeuner, la porte de fer s'ouvrit et deux hommes entrèrent. Je me repliais dans mon coin, ne voulant absolument pas qu'ils me touchent. Mais ils étaient tellement grands et tellement forts qu'ils attrapèrent chacun un de mes bras et me trainèrent dans le couloir. Ils m'emmenèrent dans une salle identique à celle de mon arrivée. Je gémis en voyant le siège et les liens.

The little girl's powersWhere stories live. Discover now