Chapitre 44

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Au milieu de cette nouvelle époque, je dû évidemment apprendre à m'adapter. Je devais faire attention aux mots que j'employais, apprendre à me débrouiller sans internet, utiliser la technologie de ces années, découvrir la mode si différente de celle que je connaissais. Peggy s'improvisa institutrice et me donna des cours sur tout ce dont j'avais besoin de savoir pour ne pas éveiller les soupçons. Cela me demanda beaucoup d'attention mais je finis par m'habituer peu à peu.

Comme l'avait dit mon père, nous commençâmes à nous reconstruire. Aucun de nous deux n'oubliait, mais nous avancions. Ce fut néanmoins loin d'être toujours tout rose. Il y avait des jours avec et des jours sans. Mais on se serrait les coudes et Peggy était là pour nous encourager. Elle savait que ce ne serait pas toujours facile, elle était force de patience et de bienveillance lorsque l'un de nous s'adonnait à une crise de larmes, faisait un cauchemar ou s'enfermait seul un moment.

Un soir, je me réveillais en sueur d'un rêve. Ce n'était pas vraiment un cauchemar mais plutôt un songe du passé. Je m'étais retrouvée à nouveau sur le toit du QG quelques jours avant notre départ pour aller récupérer les pierres. J'étais allongée sur le sol en compagnie de Nat et de mon père. Je tenais fermement la main de celle-ci, jusqu'à ce que mes doigts ne se serrent brusquement plus que sur eux même. Intriguée, j'avais tourné la tête dans la direction de Nat et ne la vis plus, seule une brume fantomatique se tenait là. Paniquée, j'avais regardé partout autour de moi, mais seul mon père, souriant, se trouvait avec moi.

Ne trouvant plus le sommeil, je m'étais levée pour aller me passer de l'eau sur le visage dans la salle de bain. En me dirigeant vers celle-ci, je vis de la lumière illuminer le rez-de-chaussée. Je descendis les escaliers sans faire de bruit et trouvais mon père dans la cuisine en train de se servir un verre d'eau.

- Toi non plus tu n'arrives pas à dormir ? lui demandais-je en m'approchant.

- Un cauchemar et toi ?

- Pareil, répondis-je.

- Tu veux en parler ? nous fîmes en même temps, nous faisant tous les deux sourire.

- Toi d'abord, me dit-il.

- En fait j'ai pas trop envie d'en parler et toi ?

- Moi non plus, avoua-t-il.

- Par contre, je veux bien un câlin ! fis-je.

Il me sourit et m'attira vers lui. Il referma ses bras autour de moi, commença à me frotter doucement le dos, pendant que je posais ma tête contre sa poitrine.

Je finis par m'endormir sur le canapé, confortablement installée contre lui. Ce fut Peggy qui nous réveilla le lendemain en descendant préparer le petit-déjeuner.

Nous étions attablés devant nos tartines, lorsque Peggy se leva subitement et couru en direction des toilettes. Mon père se leva, inquiet, et alla frapper à la porte.

- Peggy, ça va ?

- Oui, l'entendis-je dire d'une voix essoufflée avant de sortir.

- Tu es sûre que tu te sens bien ? Ça fait plusieurs jours que tu n'es pas dans ton assiette.

- Mais oui ça va, soupira-t-elle.

- Je pense que tu devrais aller voir un médecin, continua-t-il dans le registre du mari inquiet.

- Puisque je te dis que je vais bien !

- Mais..., commença-t-il.

- Ecoute, je voulais attendre avant de te l'annoncer.

- M'annoncer quoi ? demanda-t-il les sourcils froncés

- Que bientôt, toi et moi, on ne va plus beaucoup dormir !

The little girl's powersWhere stories live. Discover now