Chapitre 13.1 : Astrid

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Tiens ? réagit son interlocuteur casqué. Te tuer ne rimerait même pas à grand-chose. Je vais faire mieux que ça. Donne-moi ton Énergie Vitale. Tu me seras bien plus utile comme ça que morte.

Mon... s'étrangla Astrid, les yeux écarquillés de terreur.

Une réminiscence lui revint tout à coup l'esprit. Elle se souvenait des paroles de Fileya, celle de son époque, leur racontant qu'Iakyndy, avec ses pouvoirs de Mage, était capable d'extraire puis voler les énergies vitales des Gardiennes de Cristal. Le Chevalier d'Argent était-il réellement apte à en faire de même ?

Vous êtes... Un Mage... ? questionna la jeune fille, terrifiée.

Face à elle, le Chevalier d'Argent éclata d'un rire sans âme, pas vraiment amusé par ses propos. Cependant, cette profusion de rires suffit à lui faire réaliser qu'elle avait fait fausse route, et qu'elle avait sauté à une conclusion trop hâtive.

Tandis qu'elle sentait la présence indésirable se retirer lentement, Astrid fronça les sourcils, concentrée. Fileya et Yume lui avaient déjà parlé de ce phénomène, de quelqu'un capable de voler les Énergies Vitales, elle en était persuadée...

La réponse lui sauta tout à coup au visage comme le nez en plein milieu d'une figure.

Non... Impossible... Seven ?! éclata-t-elle, confuse.

Un nouveau rire ans entrain fusa de la gorge du Chevalier d'Argent. Cet éclat déstabilisa Astrid, qui déglutit de travers. S'était-elle de nouveau trompée ? Mais alors, si elle n'était pas face à Seven, qui était réellement cet ennemi, et que voulait-il à Fileya ?

Malgré toutes ses interrogations, une nouvelle, plus pressante, trouva son chemin parmi les pensées embrumées de la jeune fille. Un combat contre cet homme semblait inévitable, désormais qu'il lui barrait la route. Et maintenant qu'elle avait la certitude qu'il en avait après sa vie et celle de l'enfant qu'elle s'était fait un devoir de protéger, Astrid n'avait d'autre choix que d'essayer de se battre.

La brune cala comme elle le put Fileya dans le creux de son bras gauche, pour dégager sa main directrice. Puis, très discrètement, pour ne pas attirer l'attention de son adversaire, la jeune fille appela, depuis sa Réserve, une unique flèche. Maintenant que Yume lui avait expliqué comment faire, elle ne se privait pas pour s'en servir !

Sur sa gauche, un inquiétant craquement retentit.

J'ignore qui est ce « Seven » dont tu parles... reprit le Chevalier d'Argent, qui ne riait définitivement plus. Mais ce n'est pas moi. Bien qu'il va me falloir me forger une nouvelle identité... « Seven »... le septième frère malchanceux de la famille... Oui... C'est parfait...

Lentement, il dressa une nouvelle fois une main en direction d'Astrid. Pas d'intrusion magique, cette fois-ci, simplement une invitation à le rejoindre... Astrid fixa la paume tendue, dégoûtée.

Ce petit coup de pouce mérite bien une récompense, n'est-ce pas ?

Dans vos rêves ! s'écria la jeune fille, effrayée, mais qui tâchait de ne surtout pas le laisser s'en apercevoir. Je les connais, vos cadeaux ! Si c'est la vie éternelle en échange d'une infinie servitude, vous vous fourrez le doigt dans l'œil jusqu'au coude !

Sachant qu'elle n'aurait pas de plus merveilleuses occasions que celle-ci, Astrid joua le tout pour le tout.

Plus rapide que jamais, l'adrénaline prenant sans doute le dessus dans une situation aussi désespérée (quoique l'illusion de la Déesse pouvait bien y être pour quelque chose, aussi...), Astrid lança son unique flèche, avec toute la force de son bras, en direction de l'immeuble sur le point de s'écrouler. Quand le trait fendit les airs, la jeune fille bondit en arrière, pour se dégager du futur champ de ruines. Son attaque, pourtant simple, fit instantanément mouche. Le bâtiment, déjà fortement branlant, vit son espérance de vie amoindrie par les flammes se diriger encore plus rapidement vers la destruction. Il implosa sur lui-même, dans un frac de tous les diables.

Dans l'espoir de protéger Fileya, Astrid se recroquevilla sur elle-même alors qu'en s'écroulant, la bâtisse relâcha un puissant nuage de fumée grisâtre qui lui fit lâcher une violente quinte de toux, à en pleurer de douleur et lui broyer les côtes. La jeune fille n'attendit même pas que la brume de cendres et de poussière soit totalement retombée qu'elle se leva, malgré la toux, pour reprendre sa course, dans la direction opposée au Chevalier d'Argent.

Perdue dans l'immensité labyrinthique de la Cité des Invoqueurs ravagée par les flammes, Astrid fuyait et virait de rue en rue, de places désertes en places désertes, de ruelles sombres en ruelles sombres, dans l'espoir de dénicher un jour la sortie. La jeune fille avait l'affreuse sensation de tourner en rond, comme si cette ville n'avait pas de fin ! Il lui semblait que tout se ressemblait, qu'elle était déjà passée près de tel bâtiment écroulé sur lui-même, avait déjà tourné à tel angle de rue avec son lampadaire recroquevillé comme un acteur saluant son public en fin de représentation, dévoré par le brasier incessant. Mais, dans tout cet enfer, Astrid avait au moins de quoi se rassurer un petit peu : les hennissements et les sabots avaient cessé. Sa diversion improvisée avait, semble-t-il, bien fonctionné !

Rêves Envoles - Tome 3 : La Quête de l'Invoqueur [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant