Ch. 13 : La vérité

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Plongée dans mes songes, je n'entends pas Jungkook s'introduire dans la pièce.

- Je dérange pas ?

Son intervention me fait sursauter, je peine à réaliser qu'il se trouve dans ce bureau en face de moi.

- Tout va bien ? s'inquiète-t-il.

- Oui, oui, oui désolée, je réfléchissais, je ne t'ai pas vu arriver.

- J'ai frappé mais je n'ai pas eu de réponse. Namjoon m'a dit que je te trouverais ici.

- Ouais, c'est toujours dans le bureau de Jean que je viens me réfugier quand je cherche des réponses à mes questions. Comme s'il allait passer la porte et ... Oh laisse tomber, c'est idiot n'est ce pas ? 

- Je ne trouve pas mais si tu me disais plutôt ce qui te tracasse.

- Le conseil d'administration se réunit demain soir pour accueillir la signature de Taehyung et je ne suis jamais sereine avec ses vieux lascars.

- Qui sont-ils ?

- Jean et son associé ont mis en place ce conseil pour superviser le bon déroulement des affaires juridiques de l'organisation, de façon à se dégager du temps pour les opérations de terrain.

- Tu parles souvent de l'associé de ton grand-père, tu l'as connu ?

- En vérité, très peu, répondis-je en posant les yeux sur la photo des deux hommes qui trône sur ce bureau depuis toujours, je m'en saisi et la tends à Jungkook.

Je poursuis. 

- Les garçons ont surement plus de souvenirs que moi. Jean prenait à cœur de s'occuper personnellement de ma formation, mais je me rappelle  que cet homme m'apportait souvent des caramels me répétant qu'ils étaient les préférés de son fils.

Je lève les yeux sur Jungkook que je remarque soucieux.

- Comment s'appelait cet homme ? 

- Jeon était son nom de famille mais je n'ai jamais su son prénom.

- Que lui est-il arrivé ?

- Je crois qu'il a été tué dans une fusillade, mais pourquoi tu t'intéresses à lui soudainement ?

- Tu dis qu'il a un fils ? demande-t-il le regard inquiet.

- C'est ce que j'ai cru comprendre, oui mais enfin ... Qu'est-ce qui t'arrive ? T'as l'air d'avoir vu un fantôme !

- Tu ne crois pas si bien dire, répond-il se redressant de sa chaise, laissant le cadre en verre se briser au sol.

Je reste interdite devant sa mine déconfite. Il tourne les talons et s'apprête à quitter la pièce, je lui emboîte le pas et le supplie de m'expliquer son revirement d'humeur.

Dans le long couloir blanc, je parviens à saisir sa manche pour le forcer à me faire face.

- Tu vas m'expliquer ce qui t'arrive ?

- Les caramels étaient-il aromatisés à la vanille ?

C'est une blague, voilà maintenant qu'ils me parle de ces foutus bonbons...

- Arrêtes-toi une seconde et expliques-moi ce qui se passe !

- Le type sur la photo, Ce Jeon ... ma mère à une photo de lui dans son portefeuille.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Il est qui pour toi ? demandais-je totalement perdue.

- C'est ce qu'il faut que je découvre ...

Dans un mouvement d'épaule, il m'oblige à lâcher la manche de sa chemise et le regarder partir. 

Lorsque je fais mon entrée dans le salon, le moteur de la Triumph hurle dans l'allée, j'observe l'engin dévaler à toute allure le chemin qui mène à la route.

                                                                                                  °°°°°

Voilà près de 24 heures que nous n'avons pas de nouvelles de Jungkook. Jimin, remis sur pied, fait les cents pas avec moi. Namjoon et Yoongi font leur entrée dans le salon.

- Alors ? Des nouvelles ? demandais-je anxieuse.

- On vient d'avoir la confirmation qu'il est chez elle, répond mon chef de la sécurité.

- Merci Namjoon, je file de suite, m'empressais-je de répondre.

- Attends une minute patronne, m'intercepte Yoongi. Tu crois aller où comme ça, toute seule ? 

- Ça va Suga, je sais me débrouiller, je peux encore me défendre sans l'aide de personne, invectivais-je plus brutalement que je ne l'aurais voulu.

L'adresse indique cette petite maison aux briques rouges, l'endroit est plutôt malfamé. Une supérette ouverte 24/24, deux prostituées qui discutent sur un trottoir, un vieil homme couché dans le caniveau surement encore ivre de la veille, des gosses qui jouent avec un ballon de foot complètement dégonflé. Imaginer que Joon et Jungkook ont grandi dans cette rue me pince le cœur. Je reste un instant plantée devant le portail en bois à la peinture écaillée avant de me décider à le pousser.

J'actionne une vieille cloche en fonte qui semble résonner dans tout le quartier. La porte s'ouvre sur une femme aux traits tirés par la fatigue, les cheveux grisâtre réunis dans un chignon bas, une canne dans sa main droite, les lèvres pincées elle semblait attendre ma venue.

Je m'incline.

- Bonjour Madame, je suis ...

Une gifle cinglante vient interrompre mon monologue.

- Je sais qui tu es, me lance-t-elle véhémente. Tu lui ressembles, tu as ses yeux et cette même attitude supérieure. Je suis sûre que tu as regardé à deux fois avant de pousser le portillon. Écoutes-moi bien, je n'ai peur ni de toi, ni de ton gang. Vous m'avez pris mon mari et maintenant vous voulez mes fils, je jure que s'il leur arrive malheur je hanterai tes nuits jusqu'à ta mort !

- Maman ! intervient Jungkook dans son dos. Entres, m'invite-t-il.

Je pénètre dans la petite maison où tout semble ne pas avoir bougé depuis des dizaines d'années. Il me conduit au salon dans lequel se trouve une bibliothèque remplie de livres sur les peintres et les sculpteurs, sur les œuvres de bronze ou de marbre. Je la pointe du doigt.

- Je comprends mieux tes connaissances sur le sujet ...

- J'ai longtemps cru que c'était le seul héritage qu'il m'avait légué ...

- Que veux-tu dire JK ? demandais-je inquiète.

- Jeon Ha-Joon était mon père T/P ...

Je reste stupéfaite de l'annonce qu'il vient de me faire, comment cet homme que je ne connais que depuis quelques semaines peut-être en réalité mon ... associé ? Je lève les yeux sur lui pour sonder son regard, je n'y décrypte rien, son attitude stoïque ne laisse rien paraître de ses émotions.

- Ma mère me l'a avoué hier soir, elle m'a parlé de lui, de ce qu'il était. Elle m'a raconté qu'il ne m'avait pas vraiment abandonné, que c'était elle qui avait souhaité m'éloigner de l'organisation. 

Je ne parviens pas à lui répondre, sans voix j'écoute le récit qu'il me fait de son père parti trop tôt.

- Elle m'a également informé que c'est lui qui avait tué le père de Joon, malgré son éloignement, il gardait un œil sur notre famille et quand il avait appris qu'elle se faisait battre, il n'a pas résisté à l'envie de la venger. Bien évidemment Joon n'est au courant de rien de tout ça.

- En es-tu certain ?

- Comment ça ?

- Es-tu totalement sûr que Joon ne sait rien ?

- T/P je suis en train de te raconter que j'ai "retrouvé" mon père, qu'il n'est pas le salop que je croyais et l'unique chose qui te préoccupe est de savoir si Joon n'est pas au courant ? Tu le soupçonne de quoi cette fois ?

- Désolée, tu as raison ... Je vais devoir informer le conseil à ton sujet. Penses-tu pouvoir revenir ce soir ? mon ton sonne plus comme une supplique.

- Je rentre avec toi mais rien ne change, je t'accompagne ce soir pour les informer de mon existence mais je n'intégrerai jamais l'organisation, répond-il sur un ton ferme et non avenant.

J'oscille de la tête pour lui signifier que c'est entendu.

Mon HéritageWhere stories live. Discover now