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Sécher mes cheveux mouillés enfin le peu qui reste, avec la serviette de bain me paraît tout à coup extrêmement compliqué. Comme si je n’avais plus la force de lever les bras. Encore moins de frotter mon cuir chevelu. Je me fais l’effet d’être une nappe phréatique dans laquelle on aurait trop pompé. Le niveau est de plus en plus bas. Les ressources diminuent. Mon énergie vitale aussi. Bon an mal an, je réussis à me sécher entièrement. À petits gestes
économiques. En faisant des pauses. Je vis mon dernier vendredi. Ça, c’est une certitude : même si j’arrive à déborder du fameux mois annoncée par le Dr Boduin, je ne pourrai certainement pas la prolonger suffisamment pour
atteindre le vendredi suivant. Vendredi, le jour préféré de beaucoup, c’est le début du week-end comme on dit. L’atmosphère, en ville, est toujours un peu différente. Même s’il y a boulot, on sent une légèreté dans l’air. Les gens
préparent leurs programmes du soir. Sorti, resto, rdv, certain soirée calme
devant une série ou un film. Mais on sent cette aura au dessus de la ville et des gens la symbolique du week-end.
Je croise mon regard dans le miroir. Il est sombre. Je me sens vaciller. Qui est cet homme qui me fait face ? Bien sûr, c’est moi. Je le sais, je n’ai pas perdu la tête. C’est juste que... je n’arrive pas vraiment à me reconnaître. Quelque chose

a changé. Je m’approche et je scrute mon reflet. Objectivement, il n’y a rien de flagrant. Mon corps est toujours le même. Ni plus maigre ni plus flasque que la dernière fois que j’ai pris la peine de me regarder avec cette insistance. C’est le corps d’un homme de trente neuf ans, enfin qui fait plus de sport et ne mange plus assez sainement depuis un ans. Mais un corps qui, aussi incroyable que
cela puisse paraître, a l’air en pleine forme. Sain. Bien sûr, j’ai un peu de ventre. Des cheveux blancs qui se cachent plus ou moins parmi les mèches brunes.
Mais ce ne sont que des signes de vieillissement, pas les symptômes d’une maladie. Je me tourne un peu. Regarde mon dos. À nouveau, je me fais face.
Oui, quelque chose dans mon regard a changé, mais je ne saurais pas dire quoi. Pour le reste, j’ai du mal à imaginer que bientôt ce corps ne sera plus qu’une dépouille vide dans laquelle le sang ne circulera plus. Il cache bien son jeu, le bougre ! Enfin, non, c’est l’ennemi invisible qui se cache bien… Qui se la joue agent infiltré. Incognito. Je suis toujours en train de m’ausculter quand
quelqu’un frappe à la porte. C’est Laetitia. « Ta soeur au téléphone. » Merde. Pourquoi est-ce qu’elle appelle ? Elle ne le fait jamais. Dans mon cerveau, ça turbine. « Dis-lui que je la rappelle ! » Auscultation terminée. Je m’habille en quatrième vitesse (enfin, aussi vite que mon niveau d’énergie me le permet) et sors de la salle de bains. « Elle a dit pourquoi elle appelait ? » Laetitia secoue la tête. Évidemment, elle ne lui a pas posé la question. Entre ma sœur et elle, ça n’a jamais été le grand amour. Bon, il faut reconnaitre ma sœur est spécial un peu sauvage et mauvais caractère. Surtout, c’est ma petite sœur elle et ma seule famille. D’aussi loin que je me souvienne, Jenny a été là, à portée de
regard, prêt à intervenir pour me ramener dans ce qu’elle considérait comme le droit chemin… ou à éloigner les personnes nocive. Elle a toujours trouver que Laetitia n’était pas assez bien pour moi… Seule Lise trouver grâce a ses yeux.
Bref, les deux ancienne belle-sœur se supportent tout juste. N’empêche que maintenant que je l’ai dit, il faut que je la rappelle. Alors, forcément, la question se pose. La question à un million d’euros ou à deux centimes, selon
l’importance qu’on lui accorde : lui dire, ou pas ? D’ailleurs, je réalise que ladite question ne se pose pas que pour elle. Elle se pose pour tout le monde. Mes proches. Mes amis, ludo, Carole, Cindy ect... Les gens avec lesquels je travaille Ded, Antoine , Noëlys, Les collègues de Laetitia, Maevas, Elodie. Les amis de Louis et Neji Bref, tous les gens qui me connaissent. Tout à coup, je suis sidérée de ne pas y avoir pensé plus tôt. Alors si j’ai penser a laisser des mots. Mais pas à prévenir. Parce que les faits sont là : pas une seconde, depuis que j’ai appris que j’étais un mort en sursis, je n’ai songé à d’autres personnes que les trois qui se trouvent avec moi actuellement. Laetitia ne veut pas s’en mêler et je la

Et à la fin?Where stories live. Discover now