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Croyez-vous aux anges, ou en dieu ?
Pour être honnête pas moi. J’ai toujours penser que mourir c’étais naître mais en sens inverse. Le vide avant, le vide après.
Mais plus je regarde Eden. Plus je me questionne. Est-ce un Ange ? Le hasard, les similitudes de vie… Cela est si étrange mais pourtant si vrai. Le Tardisse est à l’arrêt au milieu de nulle part. La bouteille de ricqlès que Eden avait apportée est vide. Les coquilles de moule aussi. Du
cheesecake pour quatre personnes, il ne reste que des miettes. Le soleil nous enrobe de sa douceur et même si la température est un peu juste, je m’offre à ses rayons en tee-shirt acheter a Arcachon, le dessin dessus est une parodie de Tintin avec écris objectif Dune. C’est la toute
première fois depuis le début de l’hiver que je peux retrouver cette sensation du soleil sur ma peau. Vous savez, ce mélange de chaleur et d’énergie positive qui picote doucement… L’estomac plein de bonnes choses, je me sens frôler le bonheur parfait. Enfin, aussi parfait que possible dans ma situation. Et c’est le moment que Eden choisit pour
changer de playlist. Still Loving You , de Scorpions, s’élève dans le cockpit. Le plus beau slow de tous les temps avec celui de Bryan adams. Ceux qui m’a le plus fait vibrer pendant mon adolescence. C’est plus fort que moi : je me lève et lui tends la main. Arrimée à elle, les yeux mi-clos, j’oscille doucement sans trop savoir si ces mouvements proviennent de moi ou

de la houle. Je me concentre sur mes sensations. La brise qui m’effleure le visage et fait hérisser les poils de mes bras. Les mains de Eden qui
glissent sur mon dos. Les battements de son cœur qui se faufilent dans ma poitrine. Sa joue collée à mon torse… Une boule de bonheur se met à enfler dans mon ventre. Je la sens grandir et me couper le souffle. Bon sang, que c’est bon de se sentir vivant ! Même si ce n’est plus pour très Longtemps. Quand la musique s’arrête, nous nous figeons tous les deux et je la serre contre moi. Fort. Le plus fort possible. Comme si je pouvais me fondre en elle. Je sens les larmes trembler sous mes paupières, mais ces larmes-ci n’ont pas le même goût que celles d’hier. Ce sont des
larmes de gratitude. Pour ce moment que nous venons de vivre
ensemble. Pour tous ceux que j’ai vécus auparavant. Avec Laetitia , Lise, Louis et Neji. Avec d’autres aussi. Ma vie a été belle. Pleine. Elle m’a fait grandir. Il en restera forcément quelque chose. J’ai aimé ma vie et je
l’aime encore. Le réaliser me rend plus fort.

« Merci, dis-je dans un souffle en desserrant mon étreinte. Tu m’as permis…
— … De t’avoir permis de l’aimer une dernière fois a travers moi ? Merci a toi Clark de me permettre de partager cette journée avec toi. »

Quand nous posons à nouveau les pieds à terre, c’est le milieu de l’après- midi. En silence, nous parcourons à pied la distance qui sépare le
mouillage de la maison de Eden. Celle-là même que j’ai parcourue pour la première fois il y a déjà huit jours. J’ai l’impression que c’est si loin… À croire que le temps me joue des tours. Ou au contraire qu’il cherche à me faciliter les choses en me permettant de savourer pleinement ce qu’il me reste. Debout au milieu du salon, je regarde Eden déposer les reliefs de notre repas sur la table de la cuisine et je mesure la chance qui a été la mienne de la rencontrer. Une bouffée d’amour pour elle me saisit et lorsqu’elle revient vers moi, je lui tends les mains. Ses doigts se mêlent aux miens.
« C’est idiot, ce que je vais dire, vu la situation, mais je ne t’oublierai jamais.
— Pourquoi est-ce que ce serait idiot ? sourit-elle.
— Parce qu’en l’occurrence, jamais, c’est juste une question de jours. » Et pour la première fois, j’arrive à le dire de façon neutre. Sans rage, sans colère, sans peur.

« Moi non plus, je ne t’oublierai jamais. »
Je la sens presque plus ému que moi. Alors, tout à coup, l’idée de la quitter m’est insupportable. Je n’ai pas envie de la laisser derrière moi.
elle, la première à avoir su. La première à m’avoir écoutée. Surtout, je n’ai pas envie de la tenir éloigné de la suite.
« Tu viendras à mon enterrement ? » Elle a l’air un peu surpris.
« Tu voudrais que je sois là ?
— Oui. Je voudrais que tous les gens qui comptent pour moi soient là pour m’accompagner.
— Et… je compte, pour toi ?
— À un point que tu n’imagines certainement pas… Que moi-même je n’aurais pas pu imaginer avant d’arriver ici. Je ne sais pas ce qui m’a poussée à venir à Arcachon, la nostalgie de mon plus beau week-end en amoureux ? L’espoir ? mais quoi que ce soit, je lui en suis reconnaissante.
»
Je ris doucement. « J’ai l’impression d’avoir rencontré mon ange gardien avant de mourir ! Une espèce de passeur. » elle sourit.

« J’aurais voulu faire plus. »
À nouveau, je la serre fort contre moi. Je voudrais pouvoir lui rendre, ne serait-ce qu’une toute petite partie de ce qu’elle m’a apporté pendant ces quelques jours que nous avons passées ensemble.
« Tu as déjà fait tellement... »
« Tu me tiendras au courant ? fait-elle.
— Aussi longtemps que je le pourrai. Après… Je demanderai à Laetitia de te donner les détails. » elle hoche la tête.
« Prends soin de toi, Eden. » Et sur un dernier échange de sourires, je m’éloigne direction la gare. J’ai du mal à le croire moi-même, mais je me sens bien. En paix. Serein.

J’ai passé une excellente journée avec Eden. Douce et drôle. Émaillée de nombreux petits plaisirs. Chacun d’entre eux me revient en mémoire : la première le ricqlès, le goût des moules au curry, l’évanescence du
cheesecake, le son de mon rire, la douceur des mains de Eden, ce slow improbable... Nos doigts emmêlés, tout à l’heure, dans son salon. Cette impression de la connaître depuis toujours, d’être relié à elle de toute éternité. Je me sens léger. Et puis, les kilomètres défilent. Côté vitre le

paysage flou se déroule sous mes yeux, comme si quelqu’un là-haut
rembobine le film. Terrasson se rapproche. Ou plutôt, je me rapproche de Terrasson. De Laety, de Louis, de Neji.

Du Dr Boduin et de sa sentence. Le poids de ces mots me fait à nouveau courber l’échine. Je sens ma belle assurance du bord de mer se lézarder. L’angoisse se glisser au cœur de chaque fêlure. Plus le train roule et plus le moment fatidique approche. Celui où je vais devoir annoncer ma fin toute proche à ceux qui m’aiment le plus. En aurai-je la force ? Arrête de te poser des questions. T’as pas le choix, de toute façon. Faudra bien en passer par là. Tu vas pas le leur cacher, non ? Bon, alors, quand faut y
aller, faut y aller. Plus facile à dire qu’à faire. Je n’ai pas non plus envie de leur faire mal. Enfin… Pas plus mal que nécessaire. Le temps est relatif, a chaque fois que j’ai pris le train, sur de longue distance cela m’as toujours paru très long. Cette fois-ci le voyage est passer en un battements de cils et en cette fin de journée de dimanche j’arrive à la gare de Terrasson. J’ai envoyer un SMS à Laetitia, pour lui dire que je passer dîner ce soir. Les
petit son chez sa meilleure amie. Elle m’attend.

Et à la fin?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant