Voyage au centre du soleil

Chapitre 23 - Nouveau départ

Elle tourna la carte pour que Ries puisse mieux voir.

– La forêt de Dood... Ainsi soit-il !

– Tu la connais ?

– De nom seulement. De mémoire, je ne me rappelle pas m'y être aventuré. Il parait que c'est une forêt à l'apparence sinistre, dont personne ne ressort jamais.

– Pourquoi les gens s'y risquent alors ?

– Comme pour beaucoup d'exploration, l'appât du gain évidemment ! Il paraitrait qu'en son centre, un mystérieux trésor pourrait rendre n'importe quelle personne riche. Et sans surprise, la carte pointe pile-poil à cet endroit. Je sens que cela va être aussi compliqué que le premier objet, voire pire.

Voyant que ces dernières tirades avaient quelque peu ruinées l'ambiance, Ries essaya de dévier un peu la conversation.

– Je te propose de chevaucher encore une bonne heure, puis d'installer le camp pour la nuit. Ce soir, ça sera à la belle étoile ! Mais nous sommes désormais bien mieux équipés, donc ça devrait très bien se passer ! lança confiant le marchand. Demain, nous descendrons vers le sud-ouest pour atteindre le village proche de la forêt. Cela nous permettra d'avoir une vraie bonne nuit avant d'y entrer. Cela te va ?

Yona valida ce plan d'un hochement de tête.

Ils tardèrent à décider quand s'arrêter, et alors qu'ils venaient à peine de s'écarter de la route sur laquelle ils chevauchaient depuis leur départ de Kruis, l'obscurité les rattrapa, les forçant à ralentir les montures de peur d'un accident.

– Les bêtes pourraient se blesser sur une racine avec cette pénombre, lança Ries. Mieux vaut prendre des précautions.

Yona interpréta cette dernière phrase comme un ordre d'arrêt. Elle posa pied-à-terre, mais sentit que le marchand ne l'imitait pas. Il avait l'air de se dandiner, mais sans luminosité, impossible de savoir avec précision ce qu'il trafiquait.

- Qu'est-ce que tu attends ? demanda-t-elle.

– Je n'arrive pas à le trouver... Ah, le voilà ! Viens par là, je dois te confier quelque chose.

Elle s'approcha et tendit la main. Ries la saisit en tâtonnant dans le vide, et lui donna un objet qu'elle ne put identifier. Avec sa deuxième main, elle se mit à le toucher dans tous les sens pour essayer de comprendre quelque chose. Il avait manifestement la forme d'un cylindre. De température ambiante, il s'avérait lisse. À l'une des extrémités, quelque chose de plus petit prenait place. Et avant qu'elle puisse interroger son employeur, il prit la parole.

– Tu as entre tes mains ton deuxième artéfact ! Influe de la magie dedans, et tu verras ce qu'il fait. Rassure-toi, c'est sans danger.

La bûcheronne obéit, ferma les yeux, et se concentra sur l'objet. Elle fut moins longue que pour activer la carte, et sentit rapidement les picotements dans ses mains. Le résultat fut directement visible, malgré ses paupières abaissées. Effet, il produisait de la lumière ! Elle se mit à le regarder, fascinée.

Il s'agissait d'une bougie en pierre. Entièrement grise, le bout représentait une flamme, reliée à la partie principale par une courte mèche. Cette flamme illuminait les ténèbres avoisinants d'une vive lumière blanche. Son intensité fluctuait légèrement au grès de la concentration de Yona.

- Tu te débrouilles très bien ! lui lança Ries. Avec ça, on va pouvoir marcher jusqu'à un camp pour bivouaquer sans gêne !

Ils s'installèrent finalement non loin d'une rivière, dans un petit bois assez éloigné de la route pour les abriter des curieux, mais aussi pour les protéger du vent. Le marchand se mit à placer quelques affaires essentielles. Yona, elle, était handicapée par le maintien de l'artéfact.