Chapitre 18 - Tout ce qui reste à accomplir

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Une nouvelle fois, comme régulièrement à Narvosing, une pluie fine s'abattait sur les carreaux de la vitre de la chambre de Yona. Pourtant, ce n'est pas à cause de cela qu'elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Cela faisait un jour et demi qu'elle avait tenté de sortir de l'auberge, au prix de lourds regrets. Elle ne pouvait s'empêcher de se remémorer les regards de toutes ces personnes, en particulier le groupe aux couteaux. Jamer était intervenu au bon moment, mais à quelques minutes près, qui sait ce qui aurait pu lui arriver. Rien qu'à cette pensée, la bûcheronne frissonna, et s'emmitoufla un peu plus sous les draps.

Mais alors qu'elle fermait les yeux, elle entendit un cri de femme provenant de la salle commune. Par réflexe, elle s'y précipita. La douleur la fit grincer des dents, mais elle passa outre, et continua. Elle atteignit rapidement l'entrée de l'auberge, et se figea un court instant.

Jamer était étalé sur le sol, la porte toujours ouverte. Trempé, il semblait à bout de souffle. La serveuse de nuit — la seule encore debout à cette heure tardive — se tenait à ses côtés, paniquée. Mais ce qui choqua Yona, ce fut tout ce sang. Imbibé dans ses vêtements, marquant sa peau, s'étendant sur les planches de bois, il y en avait partout. La jeune garde du corps reprit immédiatement sa course, se jetant à terre à son tour.

– Par les dieux Jamer ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Sur le dos, le récent livreur tourna la tête vers son ami d'enfance.

– Des... Des types m'ont sauté dessus...

Chaque mot semblait être un véritable effort pour lui. Son teint, bien plus blanc qu'à l'accoutumée, représentait clairement son état critique. Yona se mit à fixer Aïla.

- Il y a une chambre au rez-de-chaussée ? demanda-t-elle fermement.

– Heu... Je....

– Aïla ! hurla Yona.

- Non ! se reprit l'employée de l'auberge. Mais il y en a une au premier qui n'est pas occupée.

– Bien, va vite récupérer les clefs.

Sans attendre de réponse, la solide bûcheronne cala Jamer du mieux qu'elle put sur son dos, et partit en direction des escaliers. Une détermination sans faille avait remplacé la douleur. Jamer, à moitié inconscient, n'avait gémi qu'au début.

Une fois installé dans un lit, Yona entreprit de lui enlever une première couche de vêtements mouillés. C'est à ce moment-là qu'elle se rendit compte que la situation s'avérait bien plus grave qu'elle ne le pensait. De nombreux bleus et petites coupures parsemaient son corps. Mais c'est surtout la plaie au niveau du flan qui inquiétait la jeune femme. Dans l'impossibilité d'en déterminer la cause, elle se contenta de s'adresser une nouvelle fois à Aïla.

– Vous avez des bandages ? N'importe quoi pour l'aider !

– Heu, oui, à côté des cuisines. J'y vais !

La serveuse disparut rapidement, ne laissant que le bruit de ses pas s'amenuirent petit à petit, puis le silence. Jamer respirait lourdement, bien trop même. Il transpirait également à grosses gouttes. Il semblait à bout de forces. Yona ne savait pas quoi faire. Tremblante des mains, elle se contentait de serrer les draps pour tenter vainement de se calmer. Mais quand Jamer posa une main glacée sur la sienne, elle se détendit instantanément.

– Ça va aller, souffla le jeune homme. Ne t'inquiète pas comme ça, c'est juste une petite coupure, ça va guérir en un rien de temps.

Voyage au centre du soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant