Voyage au centre du soleil

Chapitre 22 - L'arbre né d'une légende - partie 2

En se réveillant le lendemain, Yona se sentit incroyablement reposée. Corps — malgré des raideurs encore présentes dans les jambes — comme esprit, elle était prête pour la journée qui s'annonçait ! D'ailleurs, toujours dans le lit à regarder les poutres apparentes de sa chambre d'auberge, elle se demandait ce qu'ils allaient faire aujourd'hui. Ries n'avait pas évoqué de départ, et avec les courses et le dîner de la veille, elle n'y avait pas pensé.

Elle ne sortit pas du lit, profitant du calme de la solitude. Elle orienta son regard vers la fenêtre. Le Soleil s'avérait entièrement visible, se démarquant à peine de l'horizon. La journée avait commencé, sans être trop avancée. Une heure parfaite pour se lever ! Sa vision s'étendit donc sur la rue, où elle voyait passer des adultes les bras chargés, ainsi que quelques enfants qui jouaient.

Elle prit le temps pour les ablutions du matin. Un peu d'eau sur le visage, épousseta ses habits, et se brossa les cheveux. De base ils n'étaient pas difficiles, mais cela faisait quelques jours qu'elle ne s'était pas attardée dessus. Les premiers coups lui firent donc mal, mais la douleur s'atténua à chaque itération de brosse supplémentaire. Ou peut-être qu'elle s'y habituait, tout simplement.

Quoi qu'il en soit, lorsqu'elle fut enfin prête pour sortir, quelqu'un toqua à la porte.

- Entrez ! lança la bûcheronne.

D'une gestuelle fluide, Ries pénétra élégamment dans la chambre. Après de brèves salutations tout en sourire, le marchand émit la raison de sa présence.

– Tu as bien aimé le spectacle d'hier ?

– Évidemment ! Toutes ces couleurs, c'était absolument incroyable.

– Merveilleux ! se réjouit-il. Nous pouvons donc nous mettre en route pour l'étape suivante !

- Tu as la carte ? demanda Yona.

Ries resta quelques secondes en silence, avant de pouffer de rire.

– Pas cette étape-là ! Aujourd'hui, nous grimpons à l'arbre !

– Nous quoi ?

– Aller vient ! l'invita Ries. L'ascension est longue il ne faut pas traîner !

Curieuse de ce que racontait son employeur, la garde du corps le suivit d'un pas rapide. Comment pouvait-il exister un système pour monter à l'arbre ? C'était tout bonnement impossible. Il devait sûrement mesurer des centaines de pieds de haut, en aucun cas un être humain ne détenait les capacités pour venir à bout d'une telle force de la nature.

Ries guida Yona à travers la ville pendant près d'une demi-heure. Et soudain, à un croisement qui semblait aussi banal que les autres, l'atmosphère changea du tout au tout.

En réalité, il ne s'agissait pas d'un carrefour comme les nombreux qu'on pouvait compter à Kruis, comme dans toutes les villes du monde. En ce lieu même, les bâtiments en tout genre étaient formellement interdits. Ainsi, les maisons délimitèrent un immense cercle de pierre qui entourait le gigantesque végétal. Une trentaine de pieds devant eux, une rivière formait un deuxième cercle. Chose étrange, ce cours d'eau se révélait totalement plat. Il ne provenait d'aucun relief avoisinant, mais montrait tout de même une sorte de léger courant. Aussi mystérieux soit-il, Yona ne s'attarda pas tant que ça dessus, car elle n'obtiendrait sûrement pas d'explication. Et de toute façon, il y avait quelque chose de bien plus incroyable à regarder.

L'arbre était grand, immense, démesuré. En fait, Yona ne trouvait aucun terme assez puissant pour exprimer ce qu'elle avait devant les yeux. Elle relevait la tête à s'en briser la nuque pour espérer avoir dans son champ de vision l'intégralité de l'arbre, mais c'était totalement impossible. Ries lui désigna un pont, suite évidente du chemin. Il fallut une bonne minute pour le traverser. À sa sortie, le sol changea de nature. À la place d'une terre ferme battue par le passage, une herbe riche le recouvrait désormais, que la bûcheronne ne put s'empêcher de toucher. Au contact, elle n'en crut pas ses doigts. Légèrement fraîche, elle se révélait d'une douceur inégalée.