CHAPITRE 19

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Aaliyah

— Votre quoi ? intervins-je à l'entente de ces paroles.

Je n'arrivais pas à croire ce que je venais d'entendre, je souhaitais du plus profond de mon être que j'eus mal entendue. Je portai mon regard vers le petit objet qui, brillant de mille feux, attira, maintenant mon attention. Une bague en argent ornée d'un gros diamant au centre. Mais comment ai-je pû passer à côté de ça ?

— Et oui, Aaliyah. Ton père m'a demandé en mariage, me dit-elle toute souriante.

Je cherchais du regard mon père, qui avait visiblement du mal à soutenir mon regard. Se sentait-il coupable ? Si oui, pourquoi n'avait-il au moins pas pris la peine de m'en parler seul à seul ? Sachant très bien la réaction que j'aurais après tout ce qu'il avait pu m'annoncer ces derniers temps ?

Malgré le fait que nous vivions tous ensemble depuis quelque temps, je ne m'étais jamais vraiment dit que cette éventualité de mariage pouvait survenir un jour. Je ne pensais pas que mon père se réengagerait après la mort de sa première femme, surtout si peu de temps après. Mais encore une fois, je n'avais rien à dire à ce propos. C'était sa vie et je devais respecter son choix quoi que j'en pensais. Les deux dernières fois, j'étais devenue folle, mais cela ne l'avait aucunement fait changer d'avis et je n'avais pu que m'en prendre à moi-même en me rongeant de l'intérieur.

— Aaliyah...m'appela mon père. Je voulais t'en parler mais...
— Ça ne fait rien, le coupai-je puis mentis. Si c'est ce que tu veux et que tu es heureux. Alors je le suis aussi.

Il devait se douter au fond que je mentais, au vue de l'effroyable mine que j'affichais sur mon visage. Mais il n'y avait malheureusement rien d'autre à dire sur cette situation. Mieux valait ne rien ajouter de plus. Mais il le fit tout de même :

— Cela ne changera rien à notre vie, Aaliyah, tu n'as pas à t'inquiéter.
— Je ne m'inquiète pas. Ne t'en fais pas je t'ai dis, lui répétai-je la gorge nouée.

Cette annonce avait en quelque sorte gâchée notre réveillon, car la joie et la bonne humeur avaient laissé place à un silence glacial et maussade.

— Bon, finis-je par dire afin de briser le silence, je commence à fatiguer alors je pense que je vais rejoindre ma chambre.

Personne n'essaya de me retenir, et je regagnai ma chambre, les bras chargés des merveilleux dont j'avais été gâté cette année, mais tout ceci fut tellement insignifiant pour moi à ce moment précis. Une fois la porte refermée, je me laissai glisser le long de la porte jusqu'à atteindre le fessier au sol, les bras toujours autant remplis que je laissai également tomber autour de moi. Je rabattus mes jambes contre ma poitrine et versai les larmes que j'avais retenue quelques minutes plus tôt.

Je m'en voulais tellement de réagir de la sorte et de ne pas simplement manifester mon bonheur à ses côtés. C'était des détails de cette envergure qui nous éloignaient un peu plus chaque jour, malgré ce qu'il pouvait en penser, car cette union ne sera pas sans conséquences pour nous, pour notre famille. Je devais me faire une raison et enterrer l'avis que mon père finira ses jours avec moi seulement. Nous étions, désormais, quatre pour toujours, mon père, Abigail... Shane et moi.

— Aaliyah.

Je sursautai au coup qui retentit sur ma porte. Je séchai immédiatement mes larmes et m'empressai de ramasser mes cadeaux qui trainaient au sol.

—- Aaliyah, ouvre moi, s'il te plaît.

Je me raclai la gorge et ouvris à Shane.

— Oui ?
— Tu vas bien ?
— Oui, pourquoi ça n'irait pas ? souriai-je.
— Arrête de mentir, ma rose, t'as les yeux tout rouge.

Roses [REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant