CHAPITRE 7

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Aaliyah

Tout le monde fut installé à table autour d'une bonne ambiance. Bien évidemment c'était ironique. Personne n'était encore habitué à ces ridicules repas de famille. Je ne m'en plaignais pas. Abby et mon père parlèrent entre eux, alors que Shane et moi ne fîmes que nous lancer de furtifs regards et de temps à autre, essayer de comprendre de quoi nos parents discutaient. Lorsque nous étions en présence de nos parents, nous ne n'étions pas très démonstratifs. J'avais l'impression que Shane était un peu plus distant contrairement à moi. Peut-être que la présence de Malik l'encourageait à être plus sociable. La réticence que je ressentais à son égard venait probablement de là. Dans tous les cas je n'avais pas l'intention de lui notifier. Une chose était sûre, il n'était pas pire que sa mère, que j'essayais d'éviter au maximum.
Son commentaire déplacé plus tôt ne faisait que renforcer mes positions. Je fus d'ailleurs surprise de moi-même de ne pas avoir rétorqué à son propos. Je n'avais que répondre à cette remarque, cela me répugner d'imaginer cette femme et mon père en plein ebats. Un frisson me parcourut à cette pensée. Après cette épisode, j'étais montée dans ma chambre, puis j'avais rejoint mon père dans sa chambre. Nous nous étions allongés sur son lit et nous avions parlés, racontés nos journées respectives, comme au bon vieux temps. C'était ces moments-là qui comptaient le plus pour moi, de cette manière je me sentais moins délaissée par lui depuis que sa copine était entrée dans ma vie. C'la montrait que je comptais encore pour lui.
Il m'avait rappelé d'ailleurs qu'il voulait nous dire quelque chose pendant le dîner, mais toujours pas de nouvelle à l'horizon. J'espèrai que ce n'était rien de grave. Plus le temps passait, plus j'appréhendais ce qu'il avait l'intention de nous dire. La dernière fois qu'il m'avait annoncé quelque chose, il s'était pointé avec Abby et Shane.
Mon père se racla la gorge en prenant cet air sérieux que je lui connaissai si bien. Il alla prendre la parole.
— Votre attention s'il vous plaît.
Seul Shane posa son attention sur lui car moi, ça faisait déjà pas mal de temps que je guettais ses moindres faits et gestes, à l'attente de ce qu'il était sur le point de nous dire.
— Comme vous le savez, avec Abby ça fait déjà pas mal de temps que nous sommes ensemble..
— Trois mois, le coupai-je, ce qui suscita tous les regards sur moi. Ça ne fait que trois mois que vous êtes ensemble, ajoutai-je en prenant une bouchée de mon assiette.
— Trois mois n'est qu'un chiffre, j'ai l'impression de la connaître depuis toujours, dit-il en prenant la main d'Abby et lui souriant.
Comment pouvait-il dire ça ? Je le voyais comme un profond manque de respect envers ma défunte mère.
— C'est pour cela, que j'ai demandé à Abby et Shane de venir vivre avec nous.
— Quoi ?! dîmes Shane et moi en même temps.
Je l'avais criée tandis que lui l'avait comme murmuré, comme s'il n'était pas surpris.
— Tu étais au courant, l'accusai-je.
— Je n'en savais rien du tout, Aaliyah, se défendit-il.
— Aaliyah,... je m'en doutais que tu allais réagir de la sorte. Écoute moi je te prie.
— T'écoutais ? Tu en as déjà trop dit ! Je n'arrive pas à croire que tu ais pû prendre cette décision sans me consulter. Je vis aussi ici je te rappel !
— Je comprends, mais si je t'avais demandé ton avis je sais que tu aurais dis non.
— Et bien oui ! Encore heureux que j'allais dire non. Je n'ai pas envie de voir leurs têtes chaque matin en me réveillant !
— Je suis désolé Abby, dit-il en soupirant.
— Et moi, tu n'es pas désolé pour moi peut-être ?! m'emportai-je de nouveau.
— Il n'y a pas de débat qui tienne. Abigail est ma compagne et elle et Shane vivront ici avec nous, que ça te plaise ou non ! dit-il d'un ton autoritaire.
Je n'en dis pas plus et me levai furieusement de ma chaise puis montai en trombe dans ma chambre. J'étais tellement en colère que je sentis les murs trembler lorsque que je claquai la porte violemment pour témoigner de la haine qui émanait de mon être.
Ma respiration s'accélèra, je sentis ma gorge se nouer mais j'ignorai vite cette sensation. Je ne veux pas pleurer, ce n'est pas à moi de ressentir ça. Je voulus juste crier, hurler, casser tout ce qui se trouvait autour de moi.
Ma chambre était petite. De plus en plus petite. Je me sentis de plus en plus à l'étroit à l'intérieur alors que j'étais en train de faire les cent pas dans ma chambre. Mes doigts entremêlés à la racine de mes cheveux, je m'accroupis, essayant de reprendre le contrôle sur moi mais je n'y arrivai pas. J'avais urgemment besoin d'air.
Je troquai mes chaussons contre des bottes, me saisis d'une petite veste et de ma petite sacoche noir avant d'ouvrir la porte de ma chambre. Je tombai nez à nez avec Shane qui s'apprêtait sûrement à frapper, vue son poing en l'air. Il me reluqua de haut en bas.
— Où est-ce que tu vas ? m'interrogea-t-il, en me barrant le chemin.
— C'est pas tes affaires, dis-je en le contournant.
Mais il me saisit par le bras m'empêchant d'aller plus loin.
— Lâche moi !
— Je ne te lâcherais pas tant que tu ne m'auras pas dit où est-ce que tu vas à cette heure-ci. Il fait déjà nuit noir à cette période de l'année !
Je me débattis comme je pus mais en vain. Le voyant insistant et pas prêt de me lâcher, il m'était dans l'obligation de me défendre. Je lui fis une prise que j'avais appris pendant mes cours d'auto-défense pour enfin me libérer de son emprise et je courus pour ne pas qu'il me rattrape. Je courus davantage lorsque que je passai la porte d'entrée. Je courus comme si ma vie en dépendait, et même les cris de mon père qui m'appelait n'étaient pas assez pour m'arrêter.

Shane


— Aaliyah ! Aaliyah reviens ! cria Tyler, alors que je dévalai les escaliers. Je vais la chercher, ajouta-t-il en se saisissant de ses clés de voiture.
— Je viens avec toi, dis-je une fois à son niveau, d'un pas déterminé.
Il me souria pour me témoigner sa gratitude.
— Personne n'ira nulle part, protesta Abby en se mettant en plein milieu de la porte. Si elle est sortie c'est pour prendre l'air et se retrouver un peu seule, pas pour que vous lui courrez derrière et l'étouffer.
Pas étonnant. Elle n'allait pas nous laisser faire, surtout pas Tyler. Ce dernier me peinait. Il ne méritait pas ça. L'inquiétude que je perçus dans ses yeux ne me laissait pas indifférent.
— Hey, dit-elle en prenant le visage de son petit ami entre ses mains, ne t'en fais pas pour elle. Aaliyah est une grande fille. Je suis sûre que sa crise va vite passer et qu'elle rentrera d'elle-même. Laisse-la s'isoler un peu pour faire passer la pilule. Ça ne doit pas être facile pour elle, il lui faudra du temps pour accepter et je suis prête à patienter aussi longtemps qu'il le faudra.
Il la remercia et l'enlaça, tandis qu'elle lui répondit en l'embrassant tendrement. Je levai les yeux aux ciels.
— Nous allons y aller. Nous devons commencer à préparer nos affaires pour notre nouvelle vie, souria-t-elle.
— Oui bien sûr. Je ne vous retiens pas plus. Encore désolé pour ce soir.
Il nous salua et me remercia une dernière fois avant que nous quittâmes sa maison.
— Tu avais tout prévu et tu ne m'as rien dit.
— Je voulais te laisser la surprise.
— Ce n'est pas une surprise. Mère, j'ai déjà dû mal à me faire à tout ça. Je ne pourrais pas supporter la cohabitation.
— La décision a été prise, dit-elle durement. Tu n'as pas intérêt à tout fiche en l'air.

Roses [REECRITURE]Where stories live. Discover now