CHAPITRE 8

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Aaliyah


   Ma première fugue. Très ridicule je dirais. Je ne comprennai vraiment pas ce concept. Ça serait plus logique si on avait quelque part où aller, sinon à quoi bon ? J'arpentai les rues de Chicago sans vraiment de but ni de destination. Je marchai seulement, histoire de faire le vide dans ma tête. Comme si cela allait changer la donne. J'étais tellement dégoûtée.
  Cela fit maintenant plus d'une heure que je fus assise sur un banc près du centre ville, perdue dans mes pensées, les yeux rougis. Cette nuit de décembre fut vraiment froide, ce soir. Je jetai un œil à mon téléphone et je vis plusieurs appels manqués de mon père, de Shane et de Malik aussi. Mon père avait dû l'appeler, pensant que j'étais avec lui.. J'envoyai un message à mon meilleur ami pour le rassurer de la situation et lui dis que je lui raconterais tout plus tard ou un autre jour, puis j'éteignis mon téléphone à nouveau. 
Je ramenai mes jambes contre ma poitrine pour essayer de me réchauffer comme je le pus quand j'aperçus non loin de moi une ombre s'approchait progressivement vers moi. Je tentai de rester la plus indifférente possible pour ne pas montrer d'un brin ma nervosité.
   —  Aaliyah ?
  Je tournai la tête en direction de cette mystérieuse personne qui venait de prononcer mon nom.  Elle s'approcha de plus en plus de moi,  mais je ne parvins toujours pas à la distinguer dans l'obscurité. Ma peur s'estompa pour faire place à ma curiosité. Elle me tuera un jour. Elle passa finalement sous un lampadaire et je pus enfin voir son visage.
   —  Oh, salut Zoé.
  Zoé était une élève de terminale dans mon lycée. Ce n'était pas une personne avec qui je traînais mais pendant un moment on se retrouvait souvent en heure de colle. Elle était très sympa.
   —  Qu'est-ce que tu fais là toute seule ?
   —  Pas grand chose, je m'ennuyais alors je suis sortie un peu prendre l'air, mentis-je.
   —  Ah ok. Et tu comptes rester là, ici toute seule ?
   —  Bah, il faut croire que oui. Je n'ai rien de prévu donc...
   —  Joins toi à nous alors ! Je vais rejoindre des potes, on va en boîte de nuit.
   —  En... en boîte de nuit ?
  Je réfléchis à deux fois avant de répondre à sa proposition. Je ne pensai pas vraiment que cela fut approprié de me retrouver en boîte de nuit après une fugue... étant mineur surtout. Mais remarque, je n'avais rien à faire donc cette proposition reste tout de même alléchante. Et puis, j'ai cru comprendre qu'il n'y avait plus de règle et que chacun faisait ce qu'il voulait ces derniers temps.
   —  On ne me laissera pas entrer, je suis mineur.
   —  C'est qu'un détail ça ! Je connais le videur. Il te laissera entrer.
  Dans quoi étais-je en train de m'embarquer ?
   —  Ça marche alors, je viens.
   —  Super ! On va s'éclater, tu verras !
  Nous arrivâmes après quelques minutes de marche devant la fumeuse boite de nuit, le "PRYSM Nightclub". J'avais déjà entendu parler de ce club, il était très réputé pour les jeunes. Je fus soudainement sûre que je n'allais pas être la seule mineur dans cette boîte de nuit. Alors que Zoé rejoignit un groupe de trois personnes, je restai en retrait, n'osant pas plus m'avancer vers ses amis que je ne connaissais pas. Elle les salua, rigola un peu avec eux avant de m'appeler pour que je les rejoigne.
   —  Allez viens Aaliyah, ils vont pas te manger ! plaisanta-t-elle. 
  Je m'approchai d'eux d'un pas lent, regrettant presque d'avoir accepté plus tôt la proposition de Zoé. 
   —  Les gars, je vous présente Aaliyah ! dit-elle en mettant son bras autour de mes épaules, alors que ses amis me saluaient.
   —  Aaliyah j'te présente Nico, Victor et Victoria !
   —  Salut, dis-je d'un petit sourire avec un signe de main.
   —  Dis donc Zoé, elle est appétissante ta copine ! dit le garçon qui avait son bras autour de l'épaule d'une jolie fille.
   —  Hé ! Calme toi le bourreau des cœurs ! le rappela à l'ordre cette dernière, en lui envoyant un violent coup de coude dans son ventre.
  J'en déduis qu'ils étaient en couple.
   — Tu ne te souviens pas de moi Aaliyah ? demanda celui qui était resté en retrait.
  Je le regardai attentivement en plissant des yeux pour me concentrer un peu plus, jusqu'à ce que ça fasse tilt dans ma tête.
   —  Nicolas ! m'enthousiasmai-je en le prenant dans mes bras. Je ne t'avais même pas reconnu, c'est fou ce que tu as changé en six mois.
  Tous les autres nous regardaient un peu perdu, surtout Zoé.
   —  Euh, vous vous connaissez ?
   —  Oui, on était ensemble au collège Est Chicago.
  C'était vraiment une bonne personne. Je ne savais même pas que nous étions dans le même établissement et qu'il connaissait Zoé, pourtant ils avaient deux ans de différence. Il m'apprit par la suite qu'ils étaient frères et soeurs. C'la m'amusait d'attester de l'irresponsabilité de sa soeur, alors qu'elle emmenait avec elle son frère mineur en boite de nuit.
   —  Ah Beh la soirée risque de se passer mieux que ce que l'on aurait cru ! Let's go !!
  Nous nous dirigeâmes tous les cinq vers l'entrée. Zoé nous devança légèrement pour pouvoir parler au videur pour qu'il puisse me laisser entrer. Je le vis un peu de loin faire de drôle de tête, signe qu'il hésita, avant de le voir finalement lâcher un soupire ainsi qu'un hochement de tête. Zoé cria positivement et nous appela avec hystérie et me fit signe avec ses deux pouces levés en l'air pour montrer sa satisfaction.
  À peine un pas de mis dans cet endroit totalement inconnu à mes yeux, que la musique me perça déjà les tympans. Une pesante odeur d'alcool m'agressa les narines. Les gens furent tous bourrés et dansèrent comme du n'importe quoi au rythme de la musique.
  J'aimai bien. C'était une nouvelle expérience. Zoé nous emmena en direction du bar et nous paya une tournée générale. Le barman me tendit un petit shot d'un liquide transparent. Naïve que j'étais, à première vue, je crus que c'était de l'eau, mais sa forte odeur me le contredit immédiatement.
   —  Allez ma belle ! m'encouragea Victoria. Lâche toi, fait pas ta coincé ! me taquina-t-elle.
  Je regardai Zoé qui se serva à nouveaux des shots d'une des quatre bouteilles qu'elle eut commandées, Vic', lui, avala à son troisième shots, Victoria, elle, attenda que je franchisse le pas. Je jetai un coup d'œil à Nico. Il buvait une limonade.
   —  Tu ne bois pas ? m'adressai-je à lui.
   —  Non. Aujourd'hui c'est à moi de prendre le volant. (J'hochai simplement la tête.) Mais si ta vrai question c'est "est-ce que je bois habituellement quand je sors en boite alors que je n'ai que 16 ans ?" et bien c'est oui. Je ne me prive pas pour un simple chiffre d'existence. Je pense qu'on est relativement grand et conscient de nos actes pour les assumer par la suite. Juste n'abuse pas.
  Je lui souris, tenant toujours le petit liquide entre mes doigts.
   —  Allez, vas-y ! m'encouragea-t-il à son tour.
  J'étais sur le point de m'élancer. J'entendis Victoria qui cria "elle va le faire, elle va le faire !". Ce qui attira le regard des curieux et tout le monde me regardait à présent, même ce que je ne connaissais pas et ils crièrent tous en coeur "bois, bois, bois, bois". Chose que je fis.
  Je bus cul sec la boisson du petit verre et sentis son contenu me brûler la gorge et descendre tout le long de mon oesophage. Une sensation que je ne connaissais pas, mais l'adrénaline et le rythme endiablé de la musique me poussèrent à recommencer.
  Personne ne parlait plus, ils attendaient une réaction de ma part.
   —  Woohouu ! crai-je après quelques secondes de silence.
  Tout le monde hurla à l'unisson des cris de joie, et la jolie blonde me prit dans ses bras comme si j'avais accompli un acte héroïque.
  Les heures passaient et les shots et les bouteilles s'accumulaient. Je ne savais même pas l'heure qu'il était et je m'en fichais complètement. Je m'éclatais et c'était le plus important. Cela faisait tellement longtemps que cela ne m'était pas arrivé, de lâcher prise quelque soit la manière dont je m'y prenais et sans penser une seconde aux répercussions de mes actes.
  Je dansai comme du n'importe quoi sur la piste de danse avec Zoé, une bouteille à la main, quand une de mes chansons préférées retentit dans tout le club. Zoé et moi nous regardâmes dans les yeux et criâmes de notre plus grande joie. Les effets de l'alcool se firent ressentir de plus en plus. Je n'arrivai presque plus à tenir debout, mais ce n'était pas ce qui m'empêchait de rejoindre Zoé sur la scène du DJ.
  Nous fûmes toutes les deux, à bout de voix sur les paroles de "Slow Down" de Selena Gomez. Zoé me prit la bouteille de vodka, en bu quelques gorgés consécutive, avant de me vider tout son contenu sur ma tête sur le coup de l'euphorie. Je fus tellement dans les vapes, que cela me fis rire à gorge déployée et que je finis par me jeter sur la foule du club qui m'attrapa tel une artiste de rock en plein concert.
  Avec ma première cuite.

Roses [REECRITURE]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon