CHAPITRE 4

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Aaliyah


J'étais allongée sur mon lit, sur le ventre, en pleine lecture, lorsque ça toqua à ma porte.
    —  Dégage, Shane ! m'écriai-je. Tu as interdiction formelle d'entrer ici !
  La porte s'ouvrit.
    —  Ben alors, qu'est-ce qu'il te prend Aaliyah.
    — Ah papa c'est toi, dis-je toute gênée, en m'asseyant.
Il était encore habillé de son manteau, ses gants en cuir et ses chaussures. Il prit place à mes côtés en soupirant.
  Je le regarde d'un air dubitatif.
    —  Tu n'es pas monté après notre départ tout de même ?
    — Hein ? Non, fis-je innocente. J'ai parlé avec Shane. Son deuxième prénom est "Ryan", son nom de famille est "Cooper" et il a 18 ans et c'est un gros prétentieux de première catégorie, grommelai-je.
Il soupire à nouveau.
    —  Papa...
    —  Peu importe, abandonna-t-il. On a apporté le dîner. Lave-toi les mains et rejoins-nous en bas, ajouta-t-il avant de disparaître.
  Il avait l'air... déçu. Mais je n'y pouvais rien. Il savait comment j'étais, je ne pouvais pas me forcer. Il ne peut pas me forcer à apprécier sa petite amie et son fils, et encore moins en l'espace de deux heures. Tout cela est si soudain que j'ose encore espérer que tout ca n'est qu'une caméra cachée. Je ne comprenais pas pourquoi il insistait tant et pourquoi ne voulait-il pas me comprendre aujourd'hui.
  J'avais mis énormément de temps à accepter la réalité qui c'était présenté, d'accepter cette vie à deux seulement, sans ma mère et maintenant que je commençais enfin à m'y faire, le voilà qu'il chamboulait tout, et retour à la case départ en dix fois pire.
  Bien sûr que je veux le bonheur de mon père, mais pense-t-il au miens ? A mon bien être ?
Je ne sais pas... Ils se connaissaient depuis si peu de temps et je ne croyais pas qu'il s'agissait là d'un coup de foudre. Cette Abby avait l'air d'avoir une emprise sur mon père et je n'aime pas ça.

Tout le monde était en train de manger le contenu de son assiette, sans vraiment oser aborder un sujet de conversation pour détendre l'atmosphère qui était très pesante. On remarquait bien qu'il y avait une tension juste à la manière dont nous étions installés : Mon père en bout de table, Abby à sa gauche, à côté de celle-ci, Shane, et moi en face d'elle. En face d'eux.
  C'était comme, moi contre ces inconnues, et mon père le conciliateur.
    —  Alors Aaliyah, parle-moi un peu de toi, entendis-je une voix insupportable, qui sonna tellement faux soit dit en passant.
  Je lève les yeux au ciel en prenant une gorgée de mon verre d'eau.
    —  De quoi je me mêle, sérieux, chuchotais-je à moi-même entre deux gorgées d'eau.
Pas tellement à moi-même, puisque mon père m'assigna un coup de pied sous la table, qui ne me laissai pas le choix.
    — Et bien... Je ne sais pas vraiment quoi dire. Posez vos questions je m'en ferai coeur joie d'y répondre, souriais-je hypocritement.
    — Tu sais, tu peux me tutoyer.
    — Je ne préfère pas. Je ne veux pas prendre de mauvaises habitudes.
    — Aaliyah, dit-il d'un ton sévère.
  Je ne pus pas m'en empêcher. Il voulait que je lui réponde ? Très bien. Mais, ça sera fait à ma manière dans ce cas là. J'ignorai donc sa remarque.
  Je vis dans les yeux d'Abigail qu'elle ne sut plus trop quoi dire mais revînt. Vite à la charge. Hmm, vous n'êtes pas du genre à abandonner si facilement, chère Abigail.
    —  En quelle classe es-tu  ?
    —  Comme si mon père ne vous l'avait pas déjà dit, râlai-je.
    —  Aaliyah, c'est la deuxième fois. Ma patience est limitée, me dit-il assez bas pour que seulement moi l'entende. Ce qui était  peu probable étant donné la proximité à laquelle nous nous trouvions les uns des autres.
Il n'y avait rien de plus agaçant que poser des questions pour poser des questions sans moindre but concret. Cette manie de forcer un sujet de conversation m'exaspèra. J'ai horreur quand la discussion n'est pas spontanée. Autant se taire et manger en silence !
  Je soupirai.
    —  Je suis en première année de lycée.
    —  Tu as des hobbies, des passions  ?
    —  Je fais du sport, du karaté, précisai-je, et de la lecture pendant mon temps libre. Et je n'ai pas de passion.
    —   Et ta passion pour la photo, tu n'en parle pas ? révéla-t-il.
    —   Papa ! l'interpellai-je.
    —   Et elle adore la musique aussi. Elle a une très belle voix, surenchérit-il.
  Il fit ça uniquement pour m'énerver. Pour me punir de ma désinvolture auprès de ses invités. Il savait pourtant que je ne jouais plus de musique depuis.
    —  Arrête papa, tu ne peux pas répondre à ma place, dis-je contrariée.
    —  Je peux très bien me faire connaître sans pour autant déballer tous les détails de ma vie, non ? crachai-je en m'appuyant contre le dossier de mon siège, les bras croisés contre ma poitrine.
    —  Tu chantes ? me demanda l'adolescent face à moi.
    —  Qu'est-ce que ça peut te faire ? répondis-je à la hâte sur la défensive.
    —  Je demandais juste. Inutile d'être désagréable, rétorque-t-il mauvaise..
    —  Tu n'as qu'à être honnête Aaliyah, dit mon père, innocemment. Elle a aussi été sélectionnée pour performer au Conservatoire de Musique de New York, réenchère-t-il.
    —  Oui, effectivement. J'avais été sélectionné pour jouer là-bas, commençai-je mauvaise. Mais je n'y suis pas allée. Hmm, pourquoi déjà ? Ah oui, parce que maman est morte, lâchai-je dans un ton dur et froid en laissant tomber agressivement mes couverts sur mon assiette, ce qui fit sursauter tout  le monde.
  Je me levai à la hâte et quittai la salle à manger, remontée comme jamais. Je ne voulais parler à personne, surtout pas à mon père. Comment avait-il pû croire une seule seconde que l'annonce de l'entrée de sa petite amie et son fils dans nos vies, me ferait plaisir ? Il ne pouvait pas m'imposer cela. Malgré les efforts fournis pour résister à ce dîner, j'avais craquée et cela n'était pas suffisant pour me faire garder raison.

Roses [REECRITURE]Where stories live. Discover now