CHAPITRE 6

16 3 0
                                    




Aaliyah


Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis que j'avais signé mon traité de paix avec Shane. Les tensions s'étaient apaisées depuis et je devais avouer que Malik avait raison : il n'était rien de ce que je pensais de lui au début. Il était même l'opposé. J'eus d'ailleurs encore du mal a croire qu'il s'agissait de la même personne détestable que j'avais rencontrer. Il m'avait bien mené en bateau. Il était tellement gentil qu'il m'était difficile de le détester. Et ça m'énervai parfois. Même si notre relation s'était certes nettement améliorée, j'avais malgré tout une certaine retenue à son égard. Je ne savais pas de quoi cela pouvait provenir mais ne m'attardai pas plus sur ce sentiment.
En revanche avec Abby, ça n'allait pas du tout. Il est vrai que je ne l'appréciai pas depuis notre rencontre, mais je me devais de me comporter comme il le fallait étant donné que j'avais fait la paix avec Shane, et puis, pour mon père surtout. Mais petit à petit elle ne cessait d'être méprisable avec moi. Elle me lançait des regards hautains dédaigneux, elle ne cessait de me faire des réflexions de tout genre par rapport à mon style vestimentaire ou encore mais moindre faits et gestes. De telles actions qu'elle ne se genait pas d'executer devant mon père ou bien meme lorsque je la croisais seul à seul, mais de manière plus hardcore. Je voulais en informer mon père, mais je savais que ce dernier ne prendrait pas en considération mes révélations. Je détestais sa petite amie depuis le premier jour où je l'avais vue, il était certain qu'il ne me croirait pas, pensant que je serais prête à tout pour porter préjudice à Abby et ainsi les faire rompre. Plausible, étant donné que ce fus une idée qui m'était venu en tête mainte et mainte fois.
Moi qui pensais que leur histoire n'allait pas durer, j'avais bien peur que cela n'arrive jamais car elle prenait de plus en plus de place dans notre quotidien. Elle s'était même proposée de nous aider aux tâches ménagères pendant que nous n'étions pas là. Et devinez quoi ? Elle avait détruit ma garde robe en la passant au lave-linge à quatre-vingt-dix degrés. L'a-t-elle fait exprès ? Il y a quatre-vingt dix-neuf virgule neuf pourcent de chance qu'elle l'ait fait exprès. C'la m'avait vraiment énervée, mais mon père a pris sa défense (comme toujours) « Cela partait d'une bonne intention, Aaliyah. » Cause toujours. Ce n'est que lorsqu'il m'a dit qu'il me passerait sa carte de crédit pour m'acheter tous les vêtements dont j'aurais besoin que je m'adoucis. Mes intérêts avant tout bien évidemment.
Les gémissements de Malik me sortirent de pensées.
— J'ai tellement mal au ventre.
— Arrête de te plaindre, lui ordonna Shane. Ce n'est pas étonnant vue la manière dont tu as englouti ton repas comme un porc, à la cafétéria.
Nous fûmes tous les trois assis sur le banc dans la cour de récré. Shane a droite, Malik au milieu et moi à sa gauche.
— À défaut de ne pas en manger, tu l'imites, dis-je pour taquiner Malik, ce qui fit rire Shane.
— Sérieux. Il s'est resservi trois fois au self. Il m'a vraiment fait honte, révela-t-il d'un air dramatique.
— Hé ! Arrêtez de vous moquez de moi vous deux. Moi j'ai mangé dans cette cafétéria pendant les sept dernières années, ok ? Et je peux vous dire qu'on s'approchait plus du menu d'un camp de concentration que d'un menu pour lycéen. Vous n'avez pas connu la vraie souffrance.
Il faisait allusion au fait que l'ancien cuisinier qui était en service depuis plus de quarante ans dans notre lycée avait enfin pris sa retraite. Et comme vous l'aurez deviné la nouvelle cuisinière mettait tout le monde d'accord.
— Je te rappelle que Shane et moi avons aussi connu « cette souffrance » comme tu dis, lui rappelai-je en mimant des guillemets avec mes doigts.
— Toi quatre mois, lui un mois, dit-il en nous pointant du doigt à tour de rôle. Ça ne compte pas.
Il me reluqua de haut en bas.
— Je l'ai cherché de partout ce sweat, c'est toi qui l'avait ?
— Ce n'est que maintenant que tu le remarques ? J'avais que ça sous la main. Tous mes vêtements taillent du six ans maintenant.
— Pourquoi ? dit-il d'un air dubitatif.
— C'est bon ma rose, arrête avec cette histoire. C'était un accident, ça arrive.
— Un accident dis-tu. C'est sûr que ça arrive de mettre des machines à laver à quatre-vingt-dix degrés alors qu'on a bientôt quarante ans, dis-je ironiquement.
— Elle n'a pas fait exprès, dit-il en faisant la moue.
— Mais bien sûr. Et arrête avec ce surnom de merde.
— J'aime bien moi, rétorqua-t-il tout souriant d'un air décontracté, les mains derrière la tête.
Tout pour m'enquiquiner.
— C'est sa fleur préférée en plus. Tu savais que « Rose » est son deuxième prénom ? surenchérit mon meilleur ami.
— Je sais je sais, s'amuse-t-il. Ma principale source d'inspiration.
Je ne pu m'empêcher de sourire malgré moi. Ce que Malik remarqua.
— Si tu veux on ira au centre commercial après les cours. Pour t'acheter quelques vêtements.
— Non impossible. Mon père m'a dit qu'il voulait nous parler après les cours.
— Pourquoi ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
— Je n'en sais rien du tout. Avec un peu de chance il nous annoncera qu'il quitte ta mère, rigolai-je.
— Aaliyah !
— Quoi ? Ça va, dis-je amuser. Elle m'insupporte de plus en plus. Elle a vraiment pris confiance, surtout depuis qu'elle squatte la maison.
— Aaliyah, m'appela-t-il.
— Enfin je sais pas, continuais-je en l'ignorant. Tu as ton appartement alors restes-y. Son coup de main, elle peut se le garder. Surtout si c'est pour foutre en l'air tout ce qu'elle touche. On s'est toujours débrouillé seuls avec mon père alors on se passera volontier de son aide.
— Aaliyah !
— Quoi ?!
Il me lança un coup d'œil vers Shane, dont j'eus totalement oublié la présence. Je me penchai un peu vers l'avant pour pouvoir le voir mais ne su quoi dire pour à cause du monologue débordant de haine envers sa mère que je venais de débiter.
— Bon j'y vais, on se retrouve en cours Malik. À tout' les gars, dit-il d'un ton neutre.
— Shane, attends ! l'appelai-je, avec un soupçon de culpabilité dans la gorge.
Il m'ignora et la culpabilité me rongea subitement. Je ne regrettais pas ce que je venais de dire mais je n'aurais pas dû dire cela devant lui.
— Bravo Aaliyah, je te félicite, dit-il ironiquement.
— Arrête de m'embarrasser encore plus. Je n'ai pas fait attention sur le coup, j'avais même complètement oublié sa présence. Il faut que j'aille le voir.
— Dis moi. Il se passe un truc entre vous deux ?
— HEIN ? Mais t'es complètement malade !
— D'abord lui qui te donne des petits surnoms, maintenant toi qui as l'air beaucoup préoccupé par ce qu'il peut ressentir, je me suis dis...
— Évite de te dire des choses, le coupai-je. Ça vaudrait mieux. Tu as voulu que notre relation s'améliore, c'est le cas. Alors pas de conclusion hâtive.

Roses [REECRITURE]Where stories live. Discover now