Chapitre 29

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Camille


    Valéryan s'éloigne, se défait de son dernier vêtement et entreprend d'entrer dans l'eau fraiche du ruisseau. Je le regarde s'immerger avec fascination, oubliant même que je suis censée le rejoindre. La lune se reflète sur ses muscles et ses cheveux, chacun de ses gestes et d'une beauté sans nom. Quand je fais glisser mes yeux plus bas sur son corps, je suis presque étonnée que la lune elle-même ne se mette pas à rougir.

— Êtes-vous devenue pudique ?

    Je sursaute, prise en flagrant délit par Valéryan qui ne se cache pas pour se moquer ouvertement. Son sourire agaçant est inscrit sur son visage comme les articles le sont dans l'Ordre des sept royaumes.

— Je vous regardais.

    Piètre justification, mais qui a le mérite d'être sincère. J'attrape ma robe que je passe au-dessus de ma tête, puis enlève mes bottes, gênée par les volants qui se sont empêtrés dedans.

— Faites attention Camille, impudique et voyeuse... la liste de vos vices se rallonge inexorablement.

    Ignorant ses propos provocateurs, j'arrache le volant pris dans mes bottes et me débarrasse du dernier bout de tissu qui me couvrait. Loin de détourner le regard, Valéryan me tend la main, les yeux partout ailleurs que sur mon visage. J'accepte son invitation et pénètre dans l'eau à mon tour, mes doigts entremêlés aux siens. Ma gêne est grandissante quand je prends conscience de notre nudité commune, alors je me concentre sur son visage et ses trais qui sont sublimés par la lune.

— Vous avez encore du sang sur vos joues, je souffle en frottant mon index mouillé pour effacer le sang séché.

— Vous aussi.

    Je ramène mes mains vers mon visage, effarée que du sang puisse s'y trouver. Certes, je me sens souillée, mais je pensais qu'il ne s'agissait que de boue agglutinée là par la transpiration et notre long périple. Valéryan se saisit de ma main et m'empêche d'effacer les traces de toutes les atrocités que j'ai commises aujourd'hui.

— Ne touchez à rien, vous êtes magnifique.

— C'est du sang.

— Je sais.

    Son pouce trace le contour de mes pommettes avant de glisser sur ma lèvre inférieure.

— Ce n'est pas le mien.

— Je sais, grogne-t-il en attrapant ma taille de sa main libre, me collant davantage contre son corps.

    Je soupire et pose ma tête contre son torse, me satisfaisant de cette étreinte dont j'ai tant besoin. Ses bras me supportent, sa respiration saccadée m'apaise et la tension grandissante au niveau de ses hanches m'interpelle. Je ne baisse pas les yeux, me concentrant sur la chaleur surprenante qui s'insinue dans mon bas ventre, mes joues et mon cœur. Elle ne me brûle pas —pas encore.

— Je sais que les autres semblent effrayés, qu'ils ne comprennent pas et pourraient nous reprocher un pouvoir aussi... condamnable.

    Je relève la tête, hoquetant quand mes tétons entrent en contact avec son torse. Son air sérieux dénote avec l'atmosphère de cette drôle de nuit.

— Ont-ils raison ? je susurre, inquiète.

— Sûrement.

    Sa main quitte ma joue pour attraper mon menton et le serrer doucement. La lune a pris place dans ses yeux.

ORIGINELS [ Les enfants de la lune vermeille ]Where stories live. Discover now