Chapitre 16

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Camille s'immerge dans l'eau chaude et je lâche à contrecœur sa main pour finir par me détourner complètement de la douce vision qui m'est offerte. Contrairement à Nicolas qui, aussi surprenant que cela puisse être, garde les yeux rivés sur la baignoire.

— Nicolas ?

— Oui ?

Refusant de lui reprocher son impudeur qui ne lui ressemble pas, je me contente de lui faire les yeux ronds en attendant qu'il m'explique ce drôle de comportement.

— Un problème ? j'insiste en le rejoignant avant de m'asseoir au bord du lit.

Mon ami ouvre la bouche et la referme immédiatement. Il jette un coup d'œil rapide à Camille qui profite de son bain et reporte son attention sur moi, puis chuchote :

— Tu savais qu'elle avait autant de cicatrices ?

Sa question me surprend. Je sais que Camille a souffert de bien des sévices durant le temps qu'elle a passé à l'Institut, mais je ne me suis jamais attardé sur son corps au point de pouvoir compter ses cicatrices. Je me souviens de celles qui couvrent son sexe —les plus marquantes selon moi—, pas de celles qui balafrent le reste de sa peau. Est-ce que j'ai passé trop de temps à regarder ses seins pendant qu'elle plongeait dans l'eau pour apercevoir autre chose ?

Peut-être.

Je suis au moins rassuré par le fait que Nicolas ne lorgnait pas gratuitement Camille alors qu'elle était nue devant lui.

— Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu toutes ces cicatrices quand elle était devant nous, le jour de la Sélection.

A bien y réfléchir, moi non plus.

— Peut-être avaient-ils modifié la perception que nous pourrions avoir d'elle ?

Mon ami hoche la tête, pensif.

— Ils jugeaient sans doute que les cicatrices n'étaient pas un bon argument de vente.

— Je l'aurais choisi quand même.

— Tu l'aurais sûrement choisie pour cette raison.

— En plus de ses yeux.

Et de son cul.

Nicolas me tapote l'épaule tandis que je m'esclaffe.

— Mes capacités sont peut-être réduites, mais je suis toujours capable de sentir l'odeur désagréable des agrumes.

— Quand nous rentrerons à Avia, je mettrais de ces fabuleuses plantes partout dans le château. Je demanderai aux plus grands parfumeurs de Prima de m'en faire une eau de Cologne dans laquelle je prendrai mon bain.

Nicolas lève les yeux au ciel pendant que je me replace sur la paillasse, prenant souplement appui contre le mur pour étendre mes jambes.

— Lui pardonneras-tu ?

Je rabats la couverture jusqu'à ma taille, cherchant lamentablement à cacher une érection qui s'est invitée malgré moi.

— Lui pardonner ?

— D'avoir tué le roi.

— J'avais besoin d'entendre ce qu'il avait à me dire.

— Tu sais très bien que cela n'aurait rien changé à ce que tu penses de lui.

— J'avais besoin qu'elle me fasse confiance, elle a pris sa décision sans me concerter.

— C'est quelque chose que nous appelons liberté.

ORIGINELS [ Les enfants de la lune vermeille ]Where stories live. Discover now