Chapitre 21

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Valéryan

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Valéryan


Après notre voyage, Camille a passé un peu moins de trois jours à dormir. Criant sur tous les toits qu'elle se sentait suffisamment en forme pour chevaucher dans les monts de Lacina, elle s'est vite reprise quand la fatigue s'est fait sentir. J'aurais pu lui faire la réflexion pour la voir bouder, mais la sentir s'assoupir dans mes bras pendant que nous rentrions était une sensation bien trop réconfortante pour venir la gâcher. Elle n'était d'ailleurs pas la seule à être épuisée. Arlette n'a pu monter son propre cheval et s'est accrochée à Quentin pendant tout le trajet, se faisant silencieuse comme elle le fait depuis quelque temps.

Je devrais m'inquiéter du retrait d'Arlette, l'inciter à faire appel à un guérisseur ou tout simplement parler avec elle. Cela m'est impossible. Je connais bien trop Arlette pour savoir que chacun de ses silences ont une importance et qu'elle ne parlera que si elle le souhaite. Elle n'acceptera de voir ni guérisseur ni ami si la solitude est ce qu'elle souhaite. Je respecte cela, toutefois mon inquiétude se fait grandissante à son sujet. Ce matin encore, Arlette dormait à poings fermés alors que le soleil était à son zénith. Refusant de la réveiller pour lui proposer une simple balade, je me suis rabattu sur Camille qui s'est enfin remise de son long sommeil.  Elle a accepté avec une joie non dissimulée, heureuse d'enfin pouvoir se dégourdir les jambes tout en découvrant un peu plus Pariendi.

C'est ainsi que nous avons mis le nez en dehors du château, fuyant ma mère comme la peste en la laissant sous la surveillance accrue de Nicolas et Quentin.  Notre seul accompagnateur se trouve être Rydstorm et je dois dire que cela ne me dérange pas outre-mesure. Qui mieux que lui peut nous servir de guide dans son royaume ?

J'espère entre tout trouver dans les rues de Pariendi l'apaisement dont j'ai besoin. Car si Camille a bénéficié d'un sommeil profond depuis notre retour, je n'ai pu fermer l'œil. Notre séjour à Cepa a éveillé en moi mes plus grandes angoisses —à commencer par le contrôle que je perds sur mon propre esprit.

Le château —ou plutôt palais— de Pariendi à l'avantage d'être à proximité immédiate de la capitale, comme s'il n'y avait aucune différence entre le roi et ses sujets. J'envie cette proximité que Rydstorm entretient avec le peuple de Pariendi et j'aimerais pouvoir saluer et sourire aux miens tout comme il le fait. Ce ne sera pas le cas. Partisans de la couronne ou rebelles, aucun ne se pliera devant moi avec sincérité.

Nous arrivons au centre d'Odium en moins de cinq minutes sans même avoir besoin de monter à cheval. La ville est exactement comme dans mes souvenirs, et le soleil qui s'est invité ne la rend que plus belle. Les citoyens se baladent en cette belle après-midi et ne cessent leurs bavardages que pour nous saluer avec un sourire aussi éclatant que ce beau ciel bleu. Je leur offre quelques sourires en retour, pas assez stupide pour croire que c'est le mien qui leur importe. Tandis que Camille leur prête à chacun un peu d'attention, je me fascine des commerces noirs de monde qui pullulent dans les rues de la capitale. Il y a tout ce don un peuple peut avoir besoin. Du marché en plein air, couvert, au tabac et au caviste. Un libraire fume une cigarette dehors, ses lunettes basses sur son nez. Plus loin, l'épicier flatte ses tomates en les tendant à un de ses clients qui semble particulièrement heureux de son achat. Des enfants courent en riant à gorge déployée, trimballant derrière eux un chariot brinqueballant fabriqué des mains de leurs parents. Le chariot à pleine vitesse virevolte dans une flaque de boue et éclabousse une femme joliment vêtue qui, au lieu de s'offusquer, sourit avec une bienveillance que seuls les gens heureux peuvent se glorifier d'avoir.

ORIGINELS [ Les enfants de la lune vermeille ]Where stories live. Discover now