XXIX - (E)clipsé.

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À E, ce sera le dernier mot adressé. Été 2023.

Encore une autre confession qui t'est adressée... Ça me ronge de l'intérieur cette façon que tu as d'être encore partout depuis que t'es plus là. Parce que j'aurais voulu que ça puisse être vrai, que ça puisse durer. Cette amitié un peu bizarre qui nous a tout de suite fait vibrer. Mais c'était une désillusion, n'est-ce pas? Tu le savais?

Ça avait plutôt bien commencé, au départ, n'est-ce pas? Une amitié éclatante dès les premiers instants. C'était comme parler à un inconnu qu'on a toujours côtoyé. Et ce n'est que bien plus tard que j'ai compris que finalement, d'une certaine façon, c'était un peu vrai.

Il y a eu tant de rires, de proximité, d'une façon douce et bien dosée. Jusqu'à ce que ça ne le soit plus, et que tout parte en fumée.

D'une certaine manière, tu me l'as rappelé. Cet ami qui a eu une place si importante dans ma jeunesse, ce partner in crime que j'ai tant adoré. Mais avant ça, il y a eu mon intérêt pour toi, et la façon dont tu en as joué. Et j'ai naïvement cru que, peut-être, je pouvais t'intéresser.

Il y a beaucoup de choses que j'ai voulu te dire. Beaucoup de larmes que j'ai voulu te montrer. Beaucoup de maux que j'ai voulu te confier. Mais on sait tous les deux que ça t'a précipité vers la sortie, tu as fait comme les autres, pas vrai? Tu as été fatigué, déçu, et en chemin pour t'éloigner.

C'est marrant d'avoir autant de contact et personne a qui parler sans avoir peur d'être un poids pour tout le monde. Si seulement ils avaient conscience de celui que je suis pour moi-même. De la façon dont j'aimerais me quitter. Me dire que c'est fini, que j'en ai ma claque, que je fais mes affaires et que j'me casse. Mais tout le monde peut sauf moi.

Le plus marrant, c'est quand je t'ai raconté ça, tu m'as dit que c'était des laches. Tu m'avais juré, toi (comme tant d'autres) que tu voulais rester.

Je suppose que tu dois regretter certaines promesses maintenant que tu les as brisées.

Je suis triste et blessée. Je voudrais te le crier, mais à quoi bon? Pourquoi abîmer mes cordes vocales quand tu as choisi le silence? Ce serait encore te donner trop, que de te montrer à quel point ça me déchire le cœur.

Parce que le tien, je le sais, ne s'en est pas aperçu que j'étais partie. Il ne s'en est pas formalisé. Parce qu'au fond, je le sais, tu mentais quand tu disais être attaché.

Quand ça compte pour moi, je pars à la guerre.
Quand j'estime que ça n'en vaut même pas la peine, je fais une minute de silence.

Aujourd'hui, c'est notre amitié que j'ai perdue, quand toi ce n'était que le numéro d'une inconnue de plus.

Ton insensibilité secoue mes peurs, même moi j'y arrive pas si bien. Donne moi ton secret, moi aussi je veux me détacher de moi-même aussi facilement que tu l'as fait.

Aujourd'hui je t'ai rendue un service, en partant définitivement. Tu as préféré te murer dans le silence que de me dire que c'était fini. Que tu en avais marre. J'aurais été triste, mais différemment, si au moins tu avais eu le courage d'être honnête. Là, c'était encore pire que quand tu me ghostais. J'étais tellement insignifiante pour toi, que je ne méritais même pas la moindre explication.

Pas de réponse est une réponse en soit.

Mon départ a été la seule chose que je pouvais faire, retourner à l'état d'inconnue dans une masse de possibilités. Ça m'a brisé le coeur, sincèrement, mais c'était le choix que je méritais. De m'épargner d'être prise pour une imbecile parce que tant d'autres avant t'ont montré le chemin. Je me suis choisie, peut-être seulement qu'à la fin, mais c'est le plus important.

Je me suis choisie, et tu n'es plus rien pour moi à présent.

La rose et les épines.Where stories live. Discover now