II - (L)'Horreur

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« Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde » - Antoine de St. Exupéry.




À L, mai 2022.

Ton fantôme hante mon esprit, autant le jour que la nuit. C'est un calvaire, tu sais ? L'amour que je te portais a quitté mon cœur, mais je n'ai tout de même aucune haine. J'ai l'impression que tu es ce tatouage que l'on regrette, fait sur un coup de tête et qui ne cesse de nous rappeler quelque chose du passé que l'on souhaiterait oublier. Pourtant te voilà, accroché sous mes paupières, à faire couler mes larmes. Ancré dans ma poitrine, à faire danser mes peurs. Accroché à mon quotidien, à refaire surface tous les matins.

J'ai vécu toute ma vie avec des cadavres et fantômes cachés dans les quatre coins des deux maisons les plus tordues qu'une gosse puisse connaître. Et pourtant, c'est ton souvenir qui me réveille aujourd'hui à cinq heures du matin. Et je vois ton visage, dans mes cauchemars, où tu me dis que l'amour ne se décide pas comme ça. Qu'il ne se gagne pas comme ça. Et qu'en continuant à être qui je suis, je suis déjà échec et mat. La partie est finie, les dés sont pipés, et pourtant je te vois encore tout emporter. Comme une tempête au milieu d'une soirée d'été. Tu viens ruiner tout sur ton passage, avec violence et cruauté. Parce que tes mots, tes mots... n'ont jamais été fait de lettres mais de couteaux.

Et me revoilà à pleurer après avoir essayé de t'oublier tant de fois. Je ne t'aime plus, et c'est peut-être ça la partie la plus ironique de l'histoire. Tu as réussi à me faire arrêter d'aimer alors que c'est l'une des choses que je fais le plus involontairement et souvent auprès des mauvaises personnes. Tu m'as fait arrêter de t'aimer comme tu m'as fait arrêter de fumer : brutalement, subitement et avec beaucoup de peine.

La dernière clope que j'ai fumé n'avait pas le même goût amer que ton prénom suspendu dans l'air.

Tes mots résonnent en moi comme dans une grotte ; dans mon esprit, mon cœur, mon âme, les trous noirs de ma vie.

Connais-tu la légende d'Echo ?

Laisse-moi te la conter.

C'était une nymphe, qui après avoir aidé Zeus a tromper sa femme avec l'une de ses dulcinées, s'est retrouvé condamnée au mutisme. La seule chose qu'elle pourrait faire, serait de répéter les derniers mots qu'elle entendait.

Cette pauvre Écho tomba amoureuse d'un bien triste personnage, Narcisse. Sauf qu'elle ne put lui déclarer sa flamme à cause de son châtiment. Elle mourut de chagrin.

La version d'Ovide restera à jamais ma préférée.

Et bien tu vois, ce mythe me semble si familier.


Je suis la rose, tu es les épines.

Et je ne fais que me répéter tes derniers mots, les plus infâmes, lorsqu'ils me reviennent en tête.

Et parfois, j'aurais voulu ne jamais t'avoir aimé.

La rose et les épines.Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ